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127. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Du thresor trouvé par Esope, et de l’ingratitude de Xanthus. Chapitre XXII. »

Esope se mit alors à foüiller prés d’une motte de terre, esloignée de luy d’environ quatre pas, et y trouva le thresor, dont il estoit question : S’estant mis en mesme temps en devoir de le donner à Xanthus : « Tiens », luy dit-il, « voila dequoy : il ne reste plus, sinon que tu me tiennes promesse ». « Je ne suis pas si fol de le faire », respondit Xanthus, « si premierement tu ne m’expliques ces lettres, car ce me sera une chose plus precieuse de les entendre, que de posseder tout l’or, que tu sçaurois jamais trouver ». « A cela ne tienne », reprit Esope ; « Sçache donc, que celuy qui cacha ce thresor dans la terre, comme sçavant qu’il estoit, s’avisa d’y faire graver ces lettres, qui joinctes ensemble, forment un sens qui est tel.

128. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE J. Du Coq, et de la pierre precieuse. »

L’on peut dire le mesme des qualitez intellectuelles, et des vertus, excepté seulement qu’elles ne sont pas sujettes à un trafiq mercenaire, comme le reste, mais elles ont un prix indefiny, et qui n’est mesurable, que par le temps, qu’on met à les acquerir, ou par l’estime et l’admiration qu’on a pour elles.

129. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXI. De Venus, et d’une Chatte. »

Ce pauvre fol fût en mesme temps si passionnément épris de son amour, que sans user de plus long delay, il la mena droit à son logis, pour en avoir la jouïssance. […] Bref, ils nous la transformeront toute en fort peu de temps, et nous la donneront à voir sous un autre teinct, et sous un autre visage.

130. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « A MONSIEUR. MONSIEUR. DE SAINCT SYMON, premier Gentil-homme de la Chambre. du Roy, et son premier Escuyer. »

Comme elle est immortelle en son essence, elle vous fera revivre à jamais, et dans l’Histoire de nostre temps, et dans les autres ouvrages des hommes de lettres.

131. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE VII. Du Loup, et de la Gruë. »

De là est, à mon advis venuë la coustume que nous avons, d’appeller Gruës ceux qui se laissent affiner par les meschants, apres avoir donné leur peine et leur temps pour les obliger.

132. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XIX. Des Grenoüilles, et de leur Roy. »

Quant à la premiere, il semble qu’Esope ait voulu blasmer la conduitte des hommes, qui preferent la pluspart du temps la servitude à la liberté ; comme fit jadis le Peuple Hebrieu.

133. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LV. Du Vautour, et des autres Oyseaux. »

Mais diray-je, sans que les cheveux me herissent sur la teste, que parmy les hommes il s’en est trouvé de si execrables, que de se vouloir servir de la saincte Hostie, pour donner la mort à leurs Ennemis, en mesme temps que Dieu se donnoit à Eux pour vivifier leur ame ?

134. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXVIII. Du Berger, et du Loup . »

Mais à mesme temps qu’il devoit perdre la vie, le bon-heur voulut pour luy qu’il vint un bruit sur la place, qui justifia son cacquet, et destourna par mesme moyen et ses bourreaux et ses spectateurs.

135. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — FABLE I. Le Meusnier, son Fils, et l’Asne. » p. 721

Il est temps que j’y pense.


136. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Le voyage d’Esope en Delphes. Chapitre XXIX. »

Quelque temps apres, Esope ayant resolu de faire un voyage en Grece, pria le Roy de luy permettre de s’y en aller.

137. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXVIII. Du Laboureur et du Serpent. »

Comme nous devons doncques à la Vertu ce charitable office de nous bien remettre avecque nos ennemis, nous devons aussi ce droict à la Nature de ne nous y plus fier à l’advenir, de peur d’user d’inhumanité, en mesme temps que nous userons de Clemence, et de joindre une sottise à une belle action.

138. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE L. Du Renard, et des Chasseurs. »

Le Renard sortit en mesme temps du logis, sans rien dire au Bucheron, qui le blâma de ceste incivilité, luy reprochant qu’il luy avoit sauvé la vie, et que neantmoins il s’en alloit, et ne l’en remercioit point.

139. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXI. Du Renard, et du Bouc. »

Car de dire que ce fût une haute resolution d’aymer mieux mourir que souffrir un Tyran, c’est ce qu’on ne peut alleguer pour sa deffense, veu que s’il avoit à se precipiter à une mort certaine, pour ne voir le Peuple Romain en subjection, il le pouvoit faire beaucoup mieux du temps de Cesar, au lieu de changer foiblement de party, et se laisser conduire à la bonne fortune du Vainqueur.

140. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XC. De deux Chiens. »

Or par succession de temps, les querelles venant à naistre dans les Armées, à cause du commandement, et du contraste de la loüange, l’on mit le haut poinct d’honneur à les decider publiquement, de peur de les rendre perpetuelles, et de les faire passer jusqu’aux enfants et aux freres.

141. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CII. De l’Enfant, et du Larron. »

Mais comme il eust bien foüillé, voyant qu’il avoit perdu son temps, il remonta en haut, où il ne trouva ny sa robe, ny l’Enfant, qui l’avoit subtilement emportée.

142. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CI. De l’Avare, et de l’Envieux. »

L’Avare fût long temps irresolu, pource qu’il ne croyoit-pas qu’on luy en pût jamais assez donner. […] Quelque accroissement qu’elle prenne par le temps, elle n’est au commencement qu’un foible et mediocre desir, qui s’accroist par la possession des choses, et devient grand à mesure qu’il est abreuvé. […] Son exemple a rencontré depuis ce temps-là tant d’imitateurs, qu’en quelque âge que ce soit, il ne se trouvera point de Peuple bien policé, qui n’ait hazardeusement traversé les Mers, pour s’enrichir parmy les nations estrangeres. […] Elle ne nous a pas rendu necessaires les hauts et superbes bastiments : Une cabane, qui nous deffend de l’injure du temps est aussi commode que cela, pourveu qu’elle soit propre.

143. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 4 » pp. 3-3

Depuis ce temps-là, dit-on, pendant la saison où paraissent les escarbots, les aigles ne nichent plus.

144. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 51 » pp. 33-31

Au bout d’un certain temps il revint, et il allait se vantant d’avoir accompli mainte prouesse en différents pays, mais surtout d’avoir fait à Rhodes un saut tel qu’aucun athlète couronné aux jeux olympiques n’était capable d’en faire un pareil ; et il ajoutait qu’il produirait comme témoins de son exploit ceux qui s’étaient trouvés là, s’ils venaient jamais en son pays.

145. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXIII. De l’Enfantement des Montagnes. »

le temps, à qui rien ne peut resister, ne vient-il pas à bout de tout ce que nous faisons, tant pour la production de l’esprit, que pour les ouvrages materiels ?

146. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXIV. Du Singe, et du Renard. »

Mais la revolution des temps fist qu’ils se détromperent enfin, quant à l’excellence du corps, et trouverent qu’il y avoit une plus noble et plus loüable qualité en nous, à sçavoir la cognoissance des choses, et la veritable force de l’ame ; Qu’au reste, ceste derniere faculté n’alloit pas tousjours conjoinctement avecque les graces corporelles, mais qu’on voyoit d’ordinaire les belles personnes foibles et stupides ; et au contraire quantité de corps monstrueux, doüez d’un entendement extraordinaire.

147. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LI. Du Paon, et du Rossignol. »

Ce que les Poëtes nous ont tres-bien representé dans la Fable de Tyresias, auquel ils feignent que Jupiter redoubla la clarté de l’ame, en mesme temps que Junon luy osta celle des yeux.

148. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXVI. Du Renard, et du Chat. »

et neantmoins les derniers ont eu fort peu de nom et de durée, au lieu que les autres ont porté leur gloire par dessus toutes les nations de leur temps.

149. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXII. D’un Enfant, et de sa Mere. »

Voila donc qu’en mesme temps, comme s’il eust voulu découvrir quelque secret à sa Mere, il approcha sa bouche de son oreille, qu’il luy arracha tout à coup à belles dents.

150. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCII. De deux Amis, et de l’Ours. »

Car nous ne voyons pas arriver souvent qu’un homme de bien devot et religieux devienne profane, si son zele est grand et veritable, ny qu’une vraye amitié se destruise par le temps, et par les disgraces de la Fortune, depuis qu’elle est une fois bien conçeuë, et profondement enracinée.

151. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 297 » pp. 200-200

Il répondit : « Si, au temps où je t’apportai pour la première fois la tablette que j’avais volée, tu m’avais battu, je n’en serais pas venu au point où j’en suis : on ne me conduirait pas à la mort. » Cette fable montre que ce qu’on ne réprime pas dès le début grandit et s’accroît.

152. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — La vente d’Esope. Chapitre V. »

» A ces mots Zenas s’estant un peu remis. « Ce que je viens icy », respondit-il, « c’est pour vous dire, Seigneur, qu’il est advenu une merveilleuse chose en vostre maison des champs ». « Et quoy », repartit le Maistre, « quelque arbre a t’il porté du fruict avant le temps, ou bien y a-t’il quelque beste qui ait conçeu contre nature ? 

153. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CVII. Du Taureau, et du Rat. »

Aussi fust-ce pour cela qu’au temps des anciens Roys de France, et de la grand’ Bretagne, les Ordres de Chevalerie furent inventez, à sçavoir pour secourir les affligez, empescher l’oppression des pauvres, et les violements des filles ; tirer reparation des injures, délivrer les esclaves, et faire mille autres actions memorables, qui servoient de but à la gloire de ces vaillants Paladins.

154. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE IX. Du Sanglier, et de l’Asne. »

Il est temps maintenant de faire voir comment ceste action procede de la raison, bien que toutesfois il me semble superflu de le prouver, veu la prodigieuse quantité d’exemples que nous voyons tous les jours de gents estimables et bien nez, qui donnent la vie à un ennemy abattu, ou ne le considerent pas, s’il est foible.

155. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCVII. Du Tygre, et du Renard. »

Ce qui se dit des Combats particuliers, se doit penser des generaux, où si la multitude d’un party accable presque la petitesse de l’autre, il faut avoir recours aux aguets, et prendre si bien le demeurant des avantages, comme, le temps, le lieu, et semblables circonstances, qu’on égale, voire mesme que l’on surmonte son ennemy.

156. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « AU LECTEUR. Sur le sujet des Fables. »

Or bien qu’il y ait plusieurs ressemblances, et conformitez d’où l’on peut tirer le sujet des fables ; Il me semble neantmoins qu’il s’en trouve trois principales, dont la premiere consiste en operations, qui ne sont pas naturelles ; comme on pourroit dire de la ressemblance de l’homme à la Chimere, non pas touchant la figure exterieure, mais quant aux operations representées par ce monstre imaginaire, dont le devant tient du Lyon, le milieu de la Chevre, et le derriere du Dragon ; par où il nous est enseigné, que la pluspart du temps les hommes se laissent conduire ou par l’apetit irascible, ou par le Concupiscible, ou par leur propre fantaisie, et leur imprudence.

157. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE X. Du Rat de Ville et de celuy de Village. »

Qui s’estonnera donc si Esope donne de l’avantage au Rat villageois, et luy fait porter impatiemment le temps qu’il demeura dans ceste cave, où le Rat de ville luy avoit apresté à manger ?

158. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLV. Du Loup, et du Chien. »

Nous pouvons bien croire Esope sur la douceur de la liberté, pour avoir depuis son Enfance, jusques à la moitié de son âge, esprouve tous-jours le pesant joug de la servitude, sans le pouvoir secoüer durant ce temps-là, quoy qu’il employast pour cét effect toute la subtilité de son esprit, et toute la gentillesse et la promptitude de ses responses.

159. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — De quelle façon Esope nourrit, et dressa quatre Poussins d’Aigle. Chapitre XXVIII. »

Le Roy sortit de la ville en mesme temps, et le mena dans une large campagne, où il luy fist veoir l’endroit qu’il avoit déjà marqué.

160. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE C. Du Pescheur, et d’un petit Poisson. »

Mais pour venir au poinct de la jouyssance, supposons que vous la possediez, pensez vous que ce plaisir vous dure long temps sans estre alteré par le dégoust, on par sa legereté ?

161. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXIII. Des Coqs, et de la Perdrix. »

En effect, les personnes affligées par le cruel traictement des Méchants, se peuvent bien consoler en leur misere, et ne trouver pas étrange qu’on les attaque, en cette difference de naturel qu’ils ont avec eux, puis que les compagnons des mesmes Vices s’entre-courent sus la pluspart du temps, et praticquent avec violence leurs desloyalles maximes les uns contre les autres.

162. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIV. De la Corneille, et de la Cruche. »

Tesmoin le Chien du Poëte Hesiode, qui demeura prés du corps de ce grand homme, jusques à ce que des survenants le mirent en terre ; et peu de temps apres il accusa les assassins de son Maistre avec des cris et des hurlements, en suitte desquels ces meschants furent mis en prison, d’où ils ne sortirent que pour aller au supplice. […] On dit que nostre Esope estoit de ceste opinion, et qu’il étoit l’homme de son temps qui sçavoit le mieux expliquer les voix des bestes, et les chants des oyseaux.

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