Un riche Laboureur sentant sa mort prochaine, Fit venir ses enfans, leur parla sans témoins. […] Le pere mort, les fils vous retournent le champ Deçà, delà, par tout ; si bien qu’au bout de l’an Il en rapporta davantage. […] Mais le pere fut sage De leur montrer avant sa mort, Que le travail est un tresor.
A son réveil il treuve L’attirail de la mort à l’entour de son corps, Un luminaire, un drap des morts. […] Là-dessus son épouse en habit d’Alecton, Masquée, et de sa voix contrefaisant le ton, Vient au prétendu mort ; approche de sa biere ; Luy presente un chaudeau propre pour Lucifer.
En le voyant étendu mort, il dit : « Hé ! camarade, ce n’est pas maintenant que tu es mort, que tu aurais dû être droit, c’est lorsque je t’y exhortais : alors tu n’aurais pas été mis à mort. » On pourrait justement conter cette fable à propos des hommes qui pendant leur vie sont méchants envers leurs amis en leur rendant service après leur mort.
Sur le point d’être noyée dans la sauce, elle se dit à elle-même : « J’ai mangé, j’ai bu, j’ai pris un bain ; la mort peut venir : il ne m’en chaut. » Cette fable montre que les hommes supportent facilement la mort, quand elle survient sans douleur.
Sa voix le fit reconnaître et son chant le sauva de la mort. Cette fable montre que souvent la musique fait ajourner la mort.
La mort d’Esope. […] Car apres que le Rat fut mort, comme il flottoit au dessus de l’eau, voila qu’une Aigle qui vint à passer par là, s’en alla fondre sur luy, et attira par mesme moyen la Grenoüille, qui estoit attachée au filet, tellement que par ce moyen elle les devora tous deux. Il en est de mesme de moy », reprit Esope : « vous me traisnez injustement à la mort, mais cela vous coustera cher, pource que Babylone et toute la Grece me vangeront ». […] Jupiter”, disoit-il, “en quoy t’ay-je offensé, pour estre si miserablement mis à mort, non par des chevaux courageux, ny par de bons et fors mulets, mais par de malheureux asnes ?” […] Quelque temps apres, la contagion s’estant mise parmy eux, ils consulterent l’Oracle, qui leur respondit qu’il falloit expier la mort d’Esope.
La mort et le Malheureux.
Marie de France, n° 25 La femme qui fit pendre son mari De un humme cunte li escriz que mort esteit e enfuïz ; sa femme demeine grant dolur [de]sur sa tumbë nuit e jur. […] Deliverer deit hum par le mort le vif dunt l’em ad [tant] cunfort. » Par iceste signefiance peot hum entendre queil creance deivent aver li morz es vifs ; tant est li mund faus et jolifs.
Chambry 78 Chambry 78.1 Γέρων καὶ θάνατος — Le vieillard et la mort. […] Fatigué par la marche, il déposa son fardeau et il appela la Mort. La Mort parut et lui demanda pour quel motif il l’appelait.
L’un disoit, Il est mort, je l’avois bien prévû.
Elle observa le moment où son mari engourdi par l’ivresse était insensible comme un mort, le chargea sur ses épaules, l’emporta au cimetière, le déposa et se retira. […] » dit l’ivrogne. « C’est moi qui viens apporter à manger aux morts », répondit la femme.
Les planches qu’on suspend sur un leger appuy, La mort aux Rats, les Souricieres, N’estoient que jeux au prix de luy. Comme il void que dans leurs tanieres Les souris estoient prisonnieres ; Qu’elles n’osoient sortir ; qu’il avoit beau chercher ; Le galand fait le mort ; et du haut d’un plancher Se pend la teste en bas.
Ce ne sont pas les plus hautes instructions des Philosophes, qui disposent au mespris de la mort, et à la souffrance des calamitez. […] Ils ne sont pas si heureux que les Roys d’Egypte, qu’on alloit advertir tous les matins de la fragilité de leur nature, en portant une teste de mort dans leur chambre. […] C’est que la pluspart des afflictions, ou nous envoyent à la mort, ou nous en approchent, ou du moins elles nous en font ressouvenir, et representent assez bien son image à nostre pensée. […] Pour remedier de bonne heure à toutes ces choses, proposons-nous sans cesse devant les yeux l’exemple de la mort, la fragilité de nos jours, et l’inconstance de la Fortune, qui n’a jamais si bien favorisé quelqu’un, qu’il ne luy ayt donné le change bien-tost apres. […] Il en prit de mesme qu’à luy à plusieurs Monarques ses imitateurs, qui eurent à peine apres leur mort autant de lieu qui leur en falloit pour leur sepulture, apres avoir voulu conquerir toute la terre durant leur vie.
Il luy fut inutile De pleurer aux Veneurs à sa mort arrivez.
Ce n’est pas assez, dis-je, de faire de beaux semblants, d’accoster, d’embrasser, et de convier à la table ceux de qui lon medite la mort. […] Il me suffira de dire icy avec horreur une chose qui n’est que trop cognuë, à sçavoir, que plusieurs ont appris l’art d’empoisonner par la senteur d’un bouquet, rendant par ce moyen coupables de la mort d’autruy les fleurs, qu’on peust appeller d’ailleurs les plus innocentes de toutes les Creatures. Mais diray-je, sans que les cheveux me herissent sur la teste, que parmy les hommes il s’en est trouvé de si execrables, que de se vouloir servir de la saincte Hostie, pour donner la mort à leurs Ennemis, en mesme temps que Dieu se donnoit à Eux pour vivifier leur ame ?
Ne crains-tu pas d’avoir mis la mort dans ton sein ? […] Je voy des enfants qui s’opposent méchamment à leurs peres, et qui desirent la mort de celuy qui les a mis au monde, voire mesme qui les a comblé de de bien-faits, comme Andronis, Empereur de Constantinople, et le fils aisné de Bajazet. […] Mais il arriva que celuy-cy, par une extrême ingratitude, fust cause de sa condemnation, et le reduisit à tel poinct, qu’il demeura long-temps enfermé dans un sepulchre, à la maniere des morts, jusques à ce qu’on eust encore besoin de son sçavoir, et que par ce moyen il fust tiré vivant hors du tombeau.
Mais le serpent se retourna et le mordit, et le corbeau, sur le point de mourir, dit : « Je suis bien malheureux d’avoir trouvé une aubaine telle que j’en meurs. » On pourrait dire cette fable à propos d’un homme que la découverte d’un trésor met en péril de mort.
Mort ou vif, luy dit-il, montre-nous ton moineau, Et ne me tends plus de panneau ; Tu te trouverois mal d’un pareil stratagême.
Celui-ci étant mort, le médecin disait aux gens du cortège : « Cet homme, s’il s’était abstenu de vin et avait pris des lavements, ne serait pas mort. — Hé !
Le Berger s’en alla donc assaillir le Loup, et fit si bien qu’il le tua, tellement que par cette mort le Renard demeura Maistre, et de la taniere, et de la proye. […] Elle s’attaque sans cesse à ceux qu’elle cognoist vertueux, ou bien fortunez, et subsiste opiniastrément jusques à la mort. […] Les Tyrans de Sicile n’ont jamais inventé de tourments semblables à ceux qu’elle nous donne ; De sorte que le Poëte Martial en conseillant à ses Envieux de s’aller pendre, sembloit user d’un charitable advis envers eux, pource qu’il n’y a point de mort plus cruelle que la violence de ceste peste : Aussi a-t’elle tous-jours esté si fort en horreur aux honnestes gents, qu’à peine trouverons-nous un Autheur qui ne l’ayt peinte si odieuse, que Tisiphone mesme paroistroit aymable auprés d’elle. […] Ils la font pasle, et tremblante comme la faim, meurtriere comme la Parque, maigre comme la Phtisie, affreuse comme la Mort, injuste comme l’Ambition, et surveillante comme l’Avarice : Bref, ils luy donnent à elle seule tous les defauts et toutes les laideurs que pourroient avoir les autres pestes mises ensemble.
A quoy toutesfois les contre-disants auroient moyen d’objecter la mort de Caton, et alleguer que les grands courages ayment beaucoup mieux mourir, que démordre d’une forte et loüable proposition. […] Si quelqu’un d’eux est veritablement Sage, la plus terrible des choses humaines, qui est la mort, passera en son endroict pour indifferente, et mesme pour méprisable. […] Estoit-il blâmable du vice des lâches, luy qui souffrit la mort avecque tant de mépris, qui se mocqua de toutes les injures, et qui fût invincible à la corruption des presents ?
D’autres ménagyrtes les ayant rencontrés leur demandèrent où était leur âne. « Il est mort, dit-il ; mais il reçoit autant de coups qu’il en a jamais reçus de son vivant. » Ainsi parfois les serviteurs, même affranchis de l’esclavage, ne sont pas délivrés des charges de la servitude.
« Grant laschesce », fet il « fesimes e trop mauveis cunseil creïmes, que grant cumpainie esteiums, quant nus ne nus defendïums vers cest humme, quë a grant tort nus ad tuz pris e jeté mort. » Pur ceo dit hum en repruver : plusurs se leissent damager, cuntrester n’osent lur enemis que ne facent a eus le pis.
» La société des méchants est propre à causer les plus grands dommages et même la mort.
. – Moi, répondit la rose, je ne vis que peu de jours, amarante, et même si l’on ne me cueille pas, je me flétris ; mais toi, tu es toujours en fleur et tu restes toujours aussi jeune. » Il vaut mieux durer en se contentant de peu que vivre dans le luxe quelque temps, pour subir ensuite un changement de fortune et même la mort.
Mais il arriva de bonne fortune, qu’Hermippus, qui lui avoit toujours esté ami, témoigna qu’il l’estoit encore à ce besoin, car au lieu de le mettre à mort, il le tint si bien caché dans un tombeau, où il le nourrit secrettement, que nul ne s’en apperçeut. […] Quelque temps apres Nectenabo Roy des Egyptiens, ayant sçeu qu’Esope estoit mort, escrivit incontinent une lettre au mesme Lycerus, par laquelle il luy mandoit qu’il eust à luy envoyer des Ingenieurs, qui fussent si bien versez en leur art, qu’ils peussent bastir une tour, qui ne touchast ny le Ciel, ny la terre, et par mesme moyen qu’il luy fit venir aussi quelqu’un qui sçeut respondre à toutes les choses qu’il luy demanderoit ; concluant que s’il le pouvoit faire, il receveroit le tribut, sinon qu’il le payeroit.
Il en prend de mesme à la pluspart de ces pauvres Infortunez, qui s’obstinent à suivre la Cour, où ils blanchissent avant que devenir libres, voire mesme ils ne le deviennent jamais que par leur mort. […] Je n’en veux point d’autre exemple que celuy de Themistocles, de Coriolanus, et de leurs semblables, qui apres des services immortels ont esté cruellement bannis, voire quelquesfois mis à mort par l’ingratitude de leurs Peuples.
Il est bien aysé de trouver un pretexte apparent, quand on a conclud la mort de l’Innocent. […] Cela doit faire trembler les personnes de condition, et les détourner pour jamais de la cruauté, principallement de celle qui se figure un charitable pretexte du bien public, pour conclure la mort des Innocents avec la satisfaction des Peuples.
Le Pere mort, les trois femelles Courent au Testament sans attendre plus tard. […] Si mieux n’aime la Mere en créer une rente Dés le decés du mort courante.
Ils se querellèrent à qui boirait le premier, et de la querelle ils en vinrent à une lutte à mort.
E li vileins li demanda pur quei li cumandot einsi ; e li draguns li respundi que dedenz l’of ot enbatu trestut sa force e sa vertu ; tost sereit mort, s’il fust brusez.
Le renard lui répondit : « Plût aux dieux que tu déchirasses les morts, et non les vivants !
Pource que ceste Fable du Milan semble contraire en quelque façon à la Religion Chrestienne, en ce que la Mere de cét Oyseau ravisseur ne luy conseille pas d’attendre à l’heure de sa mort aucun bon office des Dieux, apres les avoir offensé mille fois durant sa vie, je ne m’arresteray pas beaucoup à moraliser là dessus.
Alors une Colombe branchée fortuitement sur un arbre, qui panchoit sur l’eau, voyant la pauvre Fourmy en danger de mort, rompit incontinent avecque son bec un rameau de l’arbre, qu’elle laissa cheoir dans la fontaine ; et ainsi la Fourmy qui l’aborda, se preserva du danger d’estre noyée, et se mit en seureté.
L’Arbre tient bon, le Roseau plie ; Le vent redouble ses efforts, Et fait si bien qu’il déracine Celuy de qui la teste au Ciel estoit voisine, Et dont les pieds touchoient à l’Empire des Morts.
Li bucs de ses cornes l’abute* e li asnes, que pas ne dute, od le pié le fiert sus le piz ; de l’autre part vient li gupilz, as denz le mort par les oreilles.