Dunc ne volstrent mes travailler, [si] li tolirent li manger. Mes, quant li ventres jeüna, hastivement afeblia [e] meins e piez qu’il ne poeient si travailler cum il suleient ; quant [la] grant febleté sentirent, manger et beivre al ventre offrirent ; mes trop l’eurent fet j[e]uner si qu’il ne poeit rien guster.
Jeol puis bien prendre pur un mutun, sil mangerai pur un saumun ; meuz vaut li saumun a manger, e sil peot l’um vendre plus cher. » Si vet de humme de mauvais quer : il ne peot lesser a nul fu[e]r sun surfet ne sa glutunerie ; ja encuntre sa lecherie humme ne femme lecheresse ne gardera vou ne pramesse.
» dit l’ivrogne. « C’est moi qui viens apporter à manger aux morts », répondit la femme. Et lui : « Ne m’apporte pas à manger, mon brave, apporte-moi plutôt à boire : tu me fais de la peine en me parlant de manger, non de boire. » La femme, se frappant la poitrine s’écria : « Hélas !
Comme il était hors d’état de se procurer à manger, il aperçut une brebis et la pria de lui apporter à boire de la rivière voisine. « Si tu me donnes de quoi boire, je trouverai moi-même de quoi manger. — Mais si je te donne de quoi boire, répondit la brebis, c’est moi qui ferai les frais de ton repas. » Cette fable vise le malfaiteur qui tend d’hypocrites embûches.
Le Renard ayant découvert quelques grappes de Raisins, qui commençoient à meurir, eust envie d’en manger, et fit son possible pour en avoir. […] C’est la feinte qu’Esope attribuë à son Renard, qui ne pouvant manger des Raisins, disoit qu’ils n’estoient pas encore meurs.
Quand il fu saül de manger, hors s’en eissi ; amunt garda e vit l’egle cum il vola. […] Feim aveit [grant], manger voleit.
Le Renard ayant invité la Cigongne à souper, versa sur la table tout ce qu’il avoit de viande ; Mais d’autant qu’elle estoit liquide, la Cigongne n’en pouvoit prendre avec son long bec : si bien que le Renard la mangea toute. Elle cependant se retira honteuse et faschée ensemble, de se voir ainsi trompée ; Toutesfois pour en avoir sa revenche, elle retourna quelques jours apres, et convia son hoste à disner : Elle luy servit donc quantité de bonnes viandes dans un grand bocal de verre ; Mais pource que l’entrée estoit fort estroicte, le Renard en eust seulement la veuë, et n’en peût jamais gouster : comme au contraire, il fut bien aisé à la Cigongne de tout manger. […] Ne sçais-tu pas que chacun a son defaut, et chacun son avantage, et que si elle n’a peû manger des choses liquides sur une assiette, elle t’empeschera de manger des solides dans un bocal.
Mes, quant il fu asseürez e li leün s’en fu alez, grant talent a de char manger ; par engin vodra purchacer que les bestes otrierunt sa volenté e jugerunt. […] De lui ad grant talent eü ; Manger le volst e devorer. […] « Jeo ne ai », fet il, « nul desirer fors de char de singe manger.
Chambry 293 Chambry 293.1 Παιδίον ἐσθίον σπλάγχνα — L’enfant qui mange de la fressure. […] Comme le festin s’avançait, l’enfant qui avait l’estomac gonflé de viande, se sentant mal, s’écria : « Mère, je vomis mes entrailles. – Non pas les tiennes, mon petit, dit la mère, mais celles que tu as mangées. » Cette fable s’adresse au débiteur, qui est toujours prêt à prendre le bien d’autrui ; vient-on à le lui réclamer, il s’en afflige autant que s’il payait de son bien propre.
En suite de cela, il les servit encore de langues boüillies ; Et combien qu’ils luy demandassent quelque autre chose à manger, il n’en fist rien neantmoins. […] Ne vois-tu pas que nous avons écorché les nostres, à force de manger de celles que tu nous as servies ?
Les Loups mangent gloutonnement.
Si jeo i seïsse, jeo sai bien que tute gent me hüereient ; de tutes parz m’escriereient que jeo la vodreie manger ; ne me larreient aprismer. » Issi est [il] del tricheür : en esfrei est e en poür - sa conscïence le reprent – que tuz cunuissent sun talent.
Vne Mouche tomba dans une marmite pleine de chair, et voyant que le broüet l’estouffoit ; « Voila que c’est », dit-elle à part soy, « j’ay tant beu et tant mangé, et me suis si bien plongée dans le pot, que je meurs saoule de potage ». […] Quelqu’un de ces Voluptueux peut bien dire avec ce foible animal ; « Voicy j’ay tant beu, j’ay tant mangé, je me suis tant lavé que je meurs saoul de ce broüet ».
Tuz li dient ja ne guarrat, si queor de cerf mangé nen at. […] Einz qu’il par fust [bien] escorcez, s’est li gupilz tant aprismez qu’il lur aveit le quor emblé*, si l’ad mangé e devoré*.
pour le plaisir de manger, je me prive de la vie. » La fable s’adresse au débauché qui se perd par le plaisir.
On conte qu’un serpent voisin d’un Horloger, (C’estoit pour l’Horloger un mauvais voisinage) Entra dans sa boutique, et cherchant à manger N’y rencontra pour tout potage Qu’une Lime d’acier qu’il se mit à ronger.
Tutes femeles unt grant hunte, si mains madles les deit tucher a tel busuin ne aprismer. » Adunc s’en va li lus mucier, ki les purcels voleit manger, e la troie s’en est alee, que par engin s’est delivree.
Un renard l’ayant aperçu lui adressa ces railleuses paroles : « Comment avec une langue si tendre et si molle peux-tu mâcher et manger un mets si dur ?
Mais rien ne vient m’interrompre ; Je mange tout à loisir.
Là vivant à discretion, La galande fit chere lie, Mangea, rongea ; Dieu sçait la vie, Et le lard qui perit en cette occasion.
Au fond d’un antre sauvage, Un Satyre et ses enfans, Alloient manger leur potage Et prendre l’écuelle aux dents.
Un[e]s e un[e]s les mandot, si ocieit e devurot ; meuz les voleit issi manger que aprés cure ne travailler.
Ne pouvant sortir pour se procurer de la nourriture, il mangea d’abord ses moutons ; puis, comme le mauvais temps persistait, il mangea aussi ses chèvres ; enfin, comme il n’y avait pas de relâche, il en vint à ses bœufs de labour.
Sur le point d’être noyée dans la sauce, elle se dit à elle-même : « J’ai mangé, j’ai bu, j’ai pris un bain ; la mort peut venir : il ne m’en chaut. » Cette fable montre que les hommes supportent facilement la mort, quand elle survient sans douleur.
Pur quei te durreie a manger, quant tu a mei ne puz aider ?
Mais la chèvre lui répondit : « Ce n’est pas pour moi que tu m’appelles au pâtis, c’est pour toi qui n’as pas de quoi manger. » Ainsi quand les scélérats exercent leur méchanceté parmi des gens qui les connaissent, ils ne gagnent rien à leurs machinations.
Un âne, ayant entendu chanter des cigales, fut charmé de leur voix harmonieuse et leur envia leur talent. « Que mangez-vous, leur demanda-t-il, pour faire entendre un tel chant ?
Tuz les oiseus fist asembler, si lur voleit cunseil duner qu’il alassent le lin manger, qu’il ne peüst fructifïer.
» - « Oïl », fet ele, « ceo est mes filz. » - « Bailez le ça tant que jol bes ; kar jeol voil veer [de] plus pres. » Cler li baile, e il le prent, si l’ad mangé hastivement.
Eissi furent bien lungement qu’il n’i firent nul urement, desquë a un jur qu’il aveient a un manger, u il esteient, de une berbiz l’eschine e l’os dunt la meüle apareit fors.
Un ours se vantait hautement d’aimer les hommes, par la raison qu’il ne mangeait pas de cadavre.
Du miel s’étant répandu dans un cellier, des mouches y volèrent et se mirent à le manger.
Là-dessus au fond des forests Le Loup l’emporte, et puis le mange, Sans autre forme de procés.
La celeriere du Royaume De Satan, reprit-elle ; et je porte à manger A ceux qu’enclost la tombe noire.
Li aigles ad mut grant desirer de la welke qu’il tient manger ; haut la porte, cheïr la leit.
Un gupil vient qui l’encuntra ; del furmage ot grant desirer qu’il en peüst sa part manger ; par engin voldra essaier si le corp purra enginner.