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2. (1180) Fables « Marie de France, n° 27. L’homme et ses membres » p. 130

Dunc ne volstrent mes travailler, [si] li tolirent li manger. Mes, quant li ventres jeüna, hastivement afeblia [e] meins e piez qu’il ne poeient si travailler cum il suleient ; quant [la] grant febleté sentirent, manger et beivre al ventre offrirent ; mes trop l’eurent fet j[e]uner si qu’il ne poeit rien guster.

3. (1180) Fables « Marie de France, n° 50. Le loup et le mouton » p. 655

Jeol puis bien prendre pur un mutun, sil mangerai pur un saumun ; meuz vaut li saumun a manger, e sil peot l’um vendre plus cher. » Si vet de humme de mauvais quer : il ne peot lesser a nul fu[e]r sun surfet ne sa glutunerie ; ja encuntre sa lecherie humme ne femme lecheresse ne gardera vou ne pramesse.

4. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 88 » p. 246

» dit l’ivrogne. « C’est moi qui viens apporter à manger aux morts », répondit la femme. Et lui : « Ne m’apporte pas à manger, mon brave, apporte-moi plutôt à boire : tu me fais de la peine en me parlant de manger, non de boire. » La femme, se frappant la poitrine s’écria : « Hélas !

5. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 232 » pp. 160-160

Comme il était hors d’état de se procurer à manger, il aperçut une brebis et la pria de lui apporter à boire de la rivière voisine. « Si tu me donnes de quoi boire, je trouverai moi-même de quoi manger. — Mais si je te donne de quoi boire, répondit la brebis, c’est moi qui ferai les frais de ton repas. » Cette fable vise le malfaiteur qui tend d’hypocrites embûches.

6. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLVIII. Du Renard, et des Raisins. »

Le Renard ayant découvert quelques grappes de Raisins, qui commençoient à meurir, eust envie d’en manger, et fit son possible pour en avoir. […] C’est la feinte qu’Esope attribuë à son Renard, qui ne pouvant manger des Raisins, disoit qu’ils n’estoient pas encore meurs.

7. (1180) Fables « Marie de France, n° 74. L’escarbot » p. 650

Quand il fu saül de manger, hors s’en eissi ; amunt garda e vit l’egle cum il vola. […] Feim aveit [grant], manger voleit.

8. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXIX. Du Renard, et de la Cigongne. »

Le Renard ayant invité la Cigongne à souper, versa sur la table tout ce qu’il avoit de viande ; Mais d’autant qu’elle estoit liquide, la Cigongne n’en pouvoit prendre avec son long bec : si bien que le Renard la mangea toute. Elle cependant se retira honteuse et faschée ensemble, de se voir ainsi trompée ; Toutesfois pour en avoir sa revenche, elle retourna quelques jours apres, et convia son hoste à disner : Elle luy servit donc quantité de bonnes viandes dans un grand bocal de verre ; Mais pource que l’entrée estoit fort estroicte, le Renard en eust seulement la veuë, et n’en peût jamais gouster : comme au contraire, il fut bien aisé à la Cigongne de tout manger. […] Ne sçais-tu pas que chacun a son defaut, et chacun son avantage, et que si elle n’a peû manger des choses liquides sur une assiette, elle t’empeschera de manger des solides dans un bocal.

9. (1180) Fables « Marie de France, n° 29. Le loup qui fut roi » p. 514

Mes, quant il fu asseürez e li leün s’en fu alez, grant talent a de char manger ; par engin vodra purchacer que les bestes otrierunt sa volenté e jugerunt. […] De lui ad grant talent eü ; Manger le volst e devorer. […] « Jeo ne ai », fet il, « nul desirer fors de char de singe manger.

10. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 293 » pp. 47-47

Chambry 293 Chambry 293.1 Παιδίον ἐσθίον σπλάγχνα — L’enfant qui mange de la fressure. […] Comme le festin s’avançait, l’enfant qui avait l’estomac gonflé de viande, se sentant mal, s’écria : « Mère, je vomis mes entrailles. – Non pas les tiennes, mon petit, dit la mère, mais celles que tu as mangées. » Cette fable s’adresse au débiteur, qui est toujours prêt à prendre le bien d’autrui ; vient-on à le lui réclamer, il s’en afflige autant que s’il payait de son bien propre.

11. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — De quelles viandes Esope traicta les Hostes de Xanthus. Chapitre XIV. »

En suite de cela, il les servit encore de langues boüillies ; Et combien qu’ils luy demandassent quelque autre chose à manger, il n’en fist rien neantmoins. […] Ne vois-tu pas que nous avons écorché les nostres, à force de manger de celles que tu nous as servies ? 

12. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — IX. Le Loup et la Cicogne. » p. 156

Les Loups mangent gloutonnement.


13. (1180) Fables « Marie de France, n° 59. Le loup et le corbeau » p. 670

Si jeo i seïsse, jeo sai bien que tute gent me hüereient ; de tutes parz m’escriereient que jeo la vodreie manger ; ne me larreient aprismer. » Issi est [il] del tricheür : en esfrei est e en poür - sa conscïence le reprent – que tuz cunuissent sun talent.

14. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXX. De la Mouche. »

Vne Mouche tomba dans une marmite pleine de chair, et voyant que le broüet l’estouffoit ; « Voila que c’est », dit-elle à part soy, « j’ay tant beu et tant mangé, et me suis si bien plongée dans le pot, que je meurs saoule de potage ». […] Quelqu’un de ces Voluptueux peut bien dire avec ce foible animal ; « Voicy j’ay tant beu, j’ay tant mangé, je me suis tant lavé que je meurs saoul de ce broüet ».

15. (1180) Fables « Marie de France, n° 70. Le lion malade » p. 336

Tuz li dient ja ne guarrat, si queor de cerf mangé nen at. […] Einz qu’il par fust [bien] escorcez, s’est li gupilz tant aprismez qu’il lur aveit le quor emblé*, si l’ad mangé e devoré*.

16. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 158 » p. 86

pour le plaisir de manger, je me prive de la vie. » La fable s’adresse au débauché qui se perd par le plaisir.

17. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — XVI. Le Serpent et la Lime. » p. 93

On conte qu’un serpent voisin d’un Horloger, (C’estoit pour l’Horloger un mauvais voisinage) Entra dans sa boutique, et cherchant à manger N’y rencontra pour tout potage Qu’une Lime d’acier qu’il se mit à ronger.

18. (1180) Fables « Marie de France, n° 21. Le loup et la truie » p. 547

Tutes femeles unt grant hunte, si mains madles les deit tucher a tel busuin ne aprismer. » Adunc s’en va li lus mucier, ki les purcels voleit manger, e la troie s’en est alee, que par engin s’est delivree.

19. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 281 » pp. 360-360

Un renard l’ayant aperçu lui adressa ces railleuses paroles : « Comment avec une langue si tendre et si molle peux-tu mâcher et manger un mets si dur ? 

20. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — IX. Le Rat de Ville, et le Rat des Champs. » p. 352


Mais rien ne vient m’interrompre ;
 Je mange tout à loisir.


21. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — XVII. La Belette entrée dans un Grenier. » p. 24

Là vivant à discretion,
 La galande fit chere lie,
 Mangea, rongea ; Dieu sçait la vie, 
Et le lard qui perit en cette occasion.


22. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — VII. Le Satyre et le Passant. » p. 35

Au fond d’un antre sauvage, Un Satyre et ses enfans, Alloient manger leur potage Et prendre l’écuelle aux dents.

23. (1180) Fables « Marie de France, n° 36. Le lion et le renard » p. 142

Un[e]s e un[e]s les mandot, si ocieit e devurot ; meuz les voleit issi manger que aprés cure ne travailler.

24. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 80 » pp. 52-52

Ne pouvant sortir pour se procurer de la nourriture, il mangea d’abord ses moutons ; puis, comme le mauvais temps persistait, il mangea aussi ses chèvres ; enfin, comme il n’y avait pas de relâche, il en vint à ses bœufs de labour.

25. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 240 » pp. 167-167

Sur le point d’être noyée dans la sauce, elle se dit à elle-même : « J’ai mangé, j’ai bu, j’ai pris un bain ; la mort peut venir : il ne m’en chaut. » Cette fable montre que les hommes supportent facilement la mort, quand elle survient sans douleur.

26. (1180) Fables « Marie de France, n° 39. La fourmi et la cigale » p. 112

Pur quei te durreie a manger, quant tu a mei ne puz aider ? 

27. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 221 » p. 157

Mais la chèvre lui répondit : « Ce n’est pas pour moi que tu m’appelles au pâtis, c’est pour toi qui n’as pas de quoi manger. » Ainsi quand les scélérats exercent leur méchanceté parmi des gens qui les connaissent, ils ne gagnent rien à leurs machinations.

28. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 279 » pp. 184-184

Un âne, ayant entendu chanter des cigales, fut charmé de leur voix harmonieuse et leur envia leur talent. « Que mangez-vous, leur demanda-t-il, pour faire entendre un tel chant ?

29. (1180) Fables « Marie de France, n° 17. L’hirondelle et le semeur de lin » p. 39

Tuz les oiseus fist asembler, si lur voleit cunseil duner qu’il alassent le lin manger, qu’il ne peüst fructifïer.

30. (1180) Fables « Marie de France, n° 51. Le singe et son enfant » p. 364

» - « Oïl », fet ele, « ceo est mes filz. » - « Bailez le ça tant que jol bes ; kar jeol voil veer [de] plus pres. » Cler li baile, e il le prent, si l’ad mangé hastivement.

31. (1180) Fables « Marie de France, n° 57. Le paysan et le lutin » p. 668

Eissi furent bien lungement qu’il n’i firent nul urement, desquë a un jur qu’il aveient a un manger, u il esteient, de une berbiz l’eschine e l’os dunt la meüle apareit fors.

32. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 63 » pp. 288-288

Un ours se vantait hautement d’aimer les hommes, par la raison qu’il ne mangeait pas de cadavre.

33. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 241 » pp. 80-80

Du miel s’étant répandu dans un cellier, des mouches y volèrent et se mirent à le manger.

34. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — X. Le Loup et l’Agneau. » p. 155

Là-dessus au fond des forests
 Le Loup l’emporte, et puis le mange,
 Sans autre forme de procés.

35. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — VII. L’Yvrogne et sa femme. » p. 246

La celeriere du Royaume
 De Satan, reprit-elle ; et je porte à manger
 A ceux qu’enclost la tombe noire.


36. (1180) Fables « Marie de France, n° 12. L’aigle et la corneille » p. 259

Li aigles ad mut grant desirer de la welke qu’il tient manger ; haut la porte, cheïr la leit.

37. (1180) Fables « Marie de France, n° 13. Le corbeau et le renard » p. 124

Un gupil vient qui l’encuntra ; del furmage ot grant desirer qu’il en peüst sa part manger ; par engin voldra essaier si le corp purra enginner.

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