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36. (1180) Fables « Marie de France, n° 83. L’hirondelle et les moineaux » p. 

Li vileins dist a sun sergeant que merveille li semblot grant ke li muissun sunt devenu.

37. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 75 » pp. 48-48

Une chauve-souris entendit de loin sa voix, et, s’approchant de lui, lui demanda pour quelle raison il se taisait le jour et chantait la nuit. « Ce n’est pas sans motif, dit-il, que j’en use ainsi ; car c’est de jour que je chantais, lorsque j’ai été pris ; aussi depuis ce temps, je suis devenu prudent. » La chauve-souris reprit : « Mais ce n’est pas à présent qu’il faut te mettre sur tes gardes, alors que c’est inutile : c’est avant d’être pris que tu devais le faire. » Cette fable montre que, quand le malheur est venu, le regret ne sert à rien.

38. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 90 » pp. 58-58

Mais la poule devenue grasse ne fut même plus capable de pondre une fois le jour.

39. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 354 » pp. 228-228

Il en est ainsi chez les hommes : quand une ville est en proie à la guerre, les pauvres se déplacent et se sauvent facilement d’un pays dans un autre et conservent leur liberté ; mais les riches retenus par le poids excessif de leurs richesses deviennent souvent esclaves.

40. (1180) Fables « Marie de France, n° 53. L’ermite » p. 664

Le vilein li respunt aprés : « Sire », fet il, « jeo ne poi mes : u li queors me deüst partir, u jeo l’alasse descoverir. » — « U est la suriz devenue ?

41. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 249 » pp. 169-169

Mais le mauvais temps étant survenu ensuite et l’atmosphère étant devenue très froide, il vit, en se promenant, l’hirondelle morte de froid. « Malheureuse, dit-il, tu nous as perdus, toi et moi du même coup. » Cette fable montre que tout ce qu’on fait à contretemps est hasardeux.

42. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXII. D’un Enfant, et de sa Mere. »

Ce n’est doncques pas merveille, si elle s’augmente peu à peu avecque leur âge, et si elle se trouve presque invincible quand ils sont devenus grands : car c’est alors que l’horreur du supplice n’est pas assez forte contre leur meschante inclination, qui s’est presque tournée en la moitié de leur nature. […] D’ailleurs, n’ayant à escrire que pour les Vertueux, ou pour ceux qui ont de la disposition à le devenir, il semble qu’ils ne doivent point prendre part à la reprehension que je fais contre un peché si ravallé, et si loin des infirmitez d’un honneste homme.

43. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 206 » p. 258

Le lion devenu vieux était couché, malade, dans son antre, et tous les animaux étaient venus rendre visite à leur prince, à l’exception du renard.

44. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 229 » pp. 348-348

Un loup, étant devenu chef des autres loups, établit des lois générales portant que, tout ce que chacun aurait pris à la chasse, il le mettrait en commun et le partagerait également entre tous : de la sorte on ne verrait plus les loups, réduits à la disette, se manger les uns les autres.

45. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCIII. De deux pots flottans sur l’eau. »

De ceste espece de vanité il s’ensuit que nous en devenons plus orgueilleux qu’il ne faut, et plus dépensiers que nos moyens ne permettent : De sorte que la fin de telles praticques retombe tous-jours à nostre perte, et bien souvent à nostre confusion.

46. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Du second service de Langues. Chapitre XV. »

» Esope n’eust pas plustost achevé ces mots qu’un des Assistants se tournant vers Xanthus ; « Asseurément », luy dit-il, « si tu ne prends garde à toy, j’ay belle peur que ce poinctilleux ne te fasse devenir fol, Car tel qu’est son corps, tel est son esprit » ; Mais Esope le renvoya bien viste, et sans s’émouvoir autrement : « Va », luy dit-il, « tu me sembles étre un tres mauvais homme de te mesler des affaires d’autruy, et d’irriter sans raison le Maistre contre le serviteur ».

47. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — FABLE I. Contre ceux qui ont le goust difficile. » p. 

J’ay passé plus avant ; les Arbres et les Plantes Sont devenus chez moy creatures parlantes.

48. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope instruit Ennus, et luy donne des preceptes pour vivre en homme de bien. Chapitre XXVII. »

Souhaite encore que tes ennemis deviennent malades, et qu’ils soient pauvres, pour empescher qu’ils ne te puissent nuire ; mais sur tout souvienne toy de prier pour tes amis.

49. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 111 » pp. 89-89

Le devint reprit alors : « Eh bien !

50. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 247 » pp. 168-168

Un naufragé, rejeté sur le rivage, s’était endormi de fatigue ; mais il ne tarda pas à s’éveiller, et, voyant la mer, il lui reprocha de séduire les hommes par son air tranquille ; puis, quand elle les a reçus sur ses eaux, de devenir sauvage et de les faire périr.

51. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 352 » pp. 230-230

elle n’en devint que plus pressante en sa prière.

52. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LVI. Du Lion, et du Renard. »

Le Lion devint malade une fois, et fût visité de toutes les autres bestes horsmis du Renard.

53. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — IV. Le Jardinier et son Seigneur. » p. 

Disant ces mots, il fait connoissance avec elle ; Auprés de luy la fait asseoir ; Prend une main, un bras, leve un coin du mouchoir ; Toutes sotises dont la Belle Se défend avec grand respect ; Tant qu’au pere à la fin cela devient suspect.

54. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIX. De la femelle du Singe, et de ses deux Enfants. »

Il vaut mieux venir à la preuve de la seconde partie de mon Allegorie, qui est, que les enfans le moins caressez, deviennent les plus vertueux, et les plus honnestes. […] Premierement, qu’un fils peu caressé de son pere, s’évertuë à devenir homme de bien, affin de surmonter l’aversion naturelle qu’on a contre luy, par un effort de merite extraordinaire.

55. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 138 » pp. 115-115

je voulais attraper une proie, et je ne me suis pas aperçu que je devenais moi-même la proie de la mort. » C’est ainsi qu’en ourdissant des embûches à son prochain on tombe le premier dans le malheur.

56. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LIII. Du Cerf, et du Cheval. »

L’on peut appliquer à ceste Fable deux belles Allegories, l’une Politique, et l’autre Moralle, comme, de dire que le riche devenu pauvre se rend tellement esclave des biens du monde, qu’il est esperonné d’une perpetuelle avarice, retenu par la bride de la chicheté, interdit de la possession d’une chose qui luy appartient, et reduit enfin au mesme destin de ce Cheval, qui reçoit bien le plaisir de voir abattu son Ennemy, mais il y perd la liberté, et trouve que toute la Victoire se tourne au profit de celuy qui le monte.

57. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXVI. De la Tortuë, et de l’Aigle. »

Cela suffira donc pour prouver que le changement de condition est plein d’un peril extraordinaire, et par consequent qu’il ne faut pas estre si ardent à s’eslever au delà de sa naissance, de peur que tombant de trop haut, on ne s’écrase comme la Tortuë ; joinct qu’il arrive souvent, que les Grands qui nous ont avancez, deviennent eux-mesmes nos persecuteurs.

58. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCV. Du Singe, et de ses Enfans. »

Cela procede en nous, de ce que nostre volonté estant des-ja liée, le croit estre avecque raison, si bien qu’ayant pris peu à peu l’habitude d’aymer les nôtres, nous prenons insensiblement celle de les priser aussi, affin de rendre nostre passion excusable, ou de les faire devenir tels qu’ils nous paroissent.

59. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE J. Du Coq, et de la pierre precieuse. »

Encore que la pluspart des choses nous devienne precieuse par l’opinion, et que nous desirions ardamment la possession d’un bien, plustost que d’un autre, pour estre plus sortable à nostre inclination, ou, possible, plus rare, et plus difficile à rencontrer : si est-ce qu’en chaque sujet il ne laisse pas d’y avoir un prix veritable ; que nous y mettons, ou selon l’excellence de la chose, ou selon la necessité que nous avons de nous l’acquerir.

60. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXVII. Du Liévre, et de la Tortuë. »

Toutesfois comme l’eau croupit insensiblement, et devient puante, si elle n’est remüée, et le feu s’esteint si on l’empesche d’agir, en luy ostant la matiere qui l’entretient ; Ainsi, pour en parler sainement, ny la beauté de l’esprit, ny la force du corps, ne sont que des qualitez inutiles à l’homme, s’il ne s’en sert au besoin, et s’il ne reduict la puissance en acte.

61. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXI. De Venus, et d’une Chatte. »

Combien s’est-il trouvé d’Empereurs qui sont devenus esclaves de leurs vassalles ? […] Les laides s’embellissent en leur imagination : les belles s’y rendent divines : un don de Nature qui n’estoit que mediocre, y devient extrême : un défaut y passe pour une assez bonne qualité.

62. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXI. Du Geay. »

Le Geay s’estant vestu des plumes du Paon, devint tout à coup si fort amoureux de sa gentillesse, et de sa beauté, qu’ennuyé de sa premiere condition, il s’alla mesler avecque les autres Paons, qui recognoissant sa fourbe, le desnuërent de ses plumes empruntées, et le battirent tres-bien.

63. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXVI. Du Cheval, et du Lion. »

Ce qui nous apprend que les personnes les plus vigoureuses, deviennent apprehensives par l’âge, à cause, comme nous avons dit cy-dessus, du refroidissement de leur sang.

64. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 197 » pp. 142-142

Un lion devenu vieux, et dès lors incapable de se procurer de la nourriture par la force, jugea qu’il fallait le faire par adresse.

65. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXII. De la Mouche, et du Chariot. »

C’est le vray moyen de participer à l’estime d’un autre, que de prendre part à sa Vertu, autrement toute l’entreprise que l’on sçauroit faire pour devenir considerable, ne tourne qu’à honte et à confusion.

66. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXVIII. Du Laboureur et du Serpent. »

Il arriva depuis, que le Laboureur estant devenu fort pauvre, et imputant la cause de ce malheur à l’offense qu’il avoit faite au Serpent, s’en alla vers luy, pour le prier de s’en revenir à son logis.

67. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXIX. Du Renard, et de la Cigongne. »

Ceux qu’ils ont raillez cherchent à s’en revencher, et tel qu’ils ne cognoissent pas, devient quelquesfois leur ennemy, par la seule apprehension qu’il se donne de leurs brocards.

68. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXIV. De l’Homme, et d’une Idole. »

Cela se verifie en la personne d’Aristote et de Platon, qui passerent une grande partie de leur âge sans vouloir devenir riches, et n’y consentirent qu’à la fin, lors qu’ils recognurent leur esprit assez fortifié contre la corruption qu’apportent les biens du monde.

69. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 51 » pp. 33-31

Il arriva ainsi qu’épilé tour à tour par l’une et l’autre, il devint chauve.

70. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXIII. De l’Enfantement des Montagnes. »

Que deviennent-ils qu’un peu de poussiere et de cendre, et encore cela n’arrive-t’il pas à la fin, mais au milieu de leurs conquestes ; comme il en prit à Pyrrhus, à Alexandre le Grand, à Attila, et tout nouvellement au Roy de Perse, decedé depuis six mois, au fort de ses plus belles actions.

71. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCII. De deux Amis, et de l’Ours. »

Car nous ne voyons pas arriver souvent qu’un homme de bien devot et religieux devienne profane, si son zele est grand et veritable, ny qu’une vraye amitié se destruise par le temps, et par les disgraces de la Fortune, depuis qu’elle est une fois bien conçeuë, et profondement enracinée.

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