Un homme qui avait l’habitude de faire passer l’eau, le voyant perplexe, s’approcha, le prit sur ses épaules, et le transporta complaisamment de l’autre côté. […] Il y songeait encore, lorsque l’homme, apercevant un autre voyageur qui ne pouvait traverser, courut à lui et le passa. Alors Diogène, s’approchant du passeur, lui dit : « Je ne te sais plus gré de ton service ; car je vois que ce n’est point le discernement, mais une manie qui te fait faire ce que tu fais. » Cette fable montre qu’à obliger les gens de rien aussi bien que les gens de mérite, on s’expose à passer non pour un homme serviable, mais pour un homme sans discernement.
Chambry 280 Chambry 280.1 Ὄνος <νομιζόμενος λέων εἶναι> – L’âne qui passait pour être un lion. […] Un âne revêtu d’une peau de lion passait aux yeux de tous pour un lion et il faisait fuir les hommes, il faisait fuir les bêtes.
À l’arrivée de l’hiver, l’un dit à l’autre qu’il voulait passer sur le continent, afin que, étant seul, son camarade eût de la nourriture en suffisance, tandis que lui s’en irait là-bas pour y passer l’hiver. […] L’hiver passé, il revint dans l’île.
Car les hommes, au lieu de ne s’appliquer qu’à la juste loüange qui est deuë à l’action de mediocrité, pource que la Vertu ne consiste qu’en elle seule, ont outre passé le poinct du milieu, et sont venus à loüer l’extrême, non pas celuy qui demeure au deçà de la mediocrité, mais cét autre, qui s’estend au delà de ses limites. […] Or par succession de temps, les querelles venant à naistre dans les Armées, à cause du commandement, et du contraste de la loüange, l’on mit le haut poinct d’honneur à les decider publiquement, de peur de les rendre perpetuelles, et de les faire passer jusqu’aux enfants et aux freres. […] Tout cela est passé en mesme Loy de combattre : l’on a voulu rendre toutes ces disputes également mortelles ; Et quiconque a plus fait de duels sur une mine, et sur un demy mot, c’est celuy-là qui encherit sur la vaillance, et a qui l’on donne de hautes loüanges, bien que toutesfois elles ne soient ny justes ny legitimes. Voylà comment on s’est mis à tirer vanité du crime, et à faire passer pour belles et loüables des actions sanguinaires et forcenées.
Tunc passer « Nolite inquit expauescere.
De bonheur pour ce Loup, qui ne pouvoit crier, Prés de là passe une Cicogne.
Car nous devons avoir en l’ame un secret souvenir du tort que nous leur avons fait, qui nous deffend de nous en servir, de peur de les aigrir davantage, et de leur remettre en memoire les déplaisirs du passé, D’ailleurs, c’est une action toute pleine d’inconstance, et de fausse conduite, et cela s’appelle proprement traicter en amis ceux à qui nous avons donné sujet de ne le plus estre, puis que, selon Senecque, celuy-là oblige le plus, qui donne aussi le plus de moyen à l’autre de l’obliger. Mais passons à la soixante-sixiesme Fable.
Une Morale nuë apporte de l’ennuy : Le conte fait passer le precepte avec luy. […] C’est ainsi que l’a dit le principal Auteur : Passons à son imitateur.
Ces deux rivaux d’Horace, heritiers de sa Lyre, Disciples d’Apollon, nos Maistres pour mieux dire, Se rencontrant un jour tout seuls et sans témoins ; (Comme ils se confioient leurs pensers et leurs soins) Racan commence ainsi : Dites-moy, je vous prie, Vous qui devez sçavoir les choses de la vie, Qui par tous ses degrez avez déja passé, Et que rien ne doit fuïr en cet âge avancé ; A quoy me resoudray-je ? […] Il fait monter son fils, il suit, et d’aventure Passent trois bons Marchands. […] Passez vostre chemin, la fille, et m’en croyez.
» « Je passe », dit la Cigale, « fort joyeusement tout ce temps-là, et ne fay rien que chanter ». « Puis que cela est », repartit la Fourmy en sous-riant, « et que tu n’as point plus de soing, tu merites bien maintenant de mourir de faim », Discours sur la soixante et uniesme Fable. […] Que si sortir d’un mal pour entrer dans l’autre, est une peine tres difficile à supporter ; Que ne sera-ce point de passer du bien à l’extremité de toute misere ? […] Ce Prince des Poëtes ayant pris naissance de parents incognus, et passé toute sa vie en l’étude des lettres hors de sa Province, et mesme estant privé du plus agreable de nos sens, à sçavoir de la veuë, se trouva sur le declin de son âge, accueilly d’une pauvreté si grande, qu’il estoit reduit à la mercy des autres hommes, pour trouver du pain, et ne mangeoit que ce qui luy estoit charitablement donné. […] Mais, certes, ils estoient doüez d’une si éminente Vertu, que je ne conseille à qui que ce soit de les imiter, ny d’exposer son vieil âge à tant de miseres, sous l’esperance de les endurer aussi constamment qu’eux, puis qu’au temps où nous sommes, et mesme dans la memoire de tous les siecles passez, il seroit bien mal aisé de trouver des courages si fortifiez contre toute misere, que furent les leurs, ny si capables de ceste haute Philosophie, qui nous instruit à la patience.
Creusez, foüillez, bêchez, ne laissez nulle place Où la main ne passe et repasse.
Aprés avoir fait quelques tours, C’est, dit-elle, l’endroit, me voilà bien surprise ; J’ay passé par icy depuis cinq ou six jours.
On les fera passer pour cornes, Dit l’animal craintif, et cornes de Licornes.
Prés de là tout heureusement La Fortune passa, l’éveilla doucement, Luy disant, Mon mignon, je vous sauve la vie.
Devant lui passa une reine, si cume aventure la meine ; demanda li en sa reisun si ele ert dame de la meisun dunt ele se feseit issi mestre, si li acuntast de sun estre. […] Dunc ne pot la suriz avant, a la reine dist en plurant : « [I]ci ne puis jeo pas passer, kar jeo ne sai unkes noër. » « Pren », fet la reine, « cest filet, sil lïez ferm a tun garet, e jeo l’atacherai al mien : la rivere pass[er]um bien. » La suriz s’est del fil lïee, a la reine s’est atachee ; el gué se mettent, si s’en vunt.
Un voyageur qui passait dans un désert rencontra une femme solitaire qui tenait ses yeux baissés. « Qui es-tu ?
Così fa l’huom, che da troppo desio Di cose nove la sua patria lassa, E temerario arditamente passa Ove misero cade in stato rio.
Un palefrenier volait l’orge de son cheval et la vendait ; en revanche il passait toute la journée à le frotter, à l’étriller.
s’écria-t-il ; ce qui était derrière moi, je le vois à présent passer devant moi. » Cette fable trouve son application dans un État où les derniers et les imbéciles dominent à la place des premiers et des gens sensés.
Or un jour qu’elle avait ouvert l’arche et remettait le couvercle, l’enfant avait imprudemment passé la tête dehors.
Ces choses s’estans ainsi passées, Esope se justifia du crime dont Ennus l’avoit chargé, et respondit si pertinemment aux causes de son accusation, qu’il n’y a point de doute, que le Roy recognoissant son innocence, eust fait executer Ennus, si Esope ne l’eust prié de luy faire grace. En suite de tout cecy, Lycerus donna la lettre de Nectenabo au subtil Esope, qui ne l’eust pas plûtost leuë, que sçachant par quel moyen il falloit resoudre ceste question, il se mit à rire, et fist rescrire à Nectenabo, qu’incontinent que l’Hyver seroit passé, on luy envoyeroit des Ouvriers, qui luy bastiroient sa Tour, et un homme qui respondroit à toutes ses questions.
Par exemple, il n’y a pas long-temps que pour secourir le Duc de Mantouë en son extrême necessité, nostre invincible Louys a fait passer quantité de troupes, ausquelles il n’estoit pas difficile de se saisir des plus importantes places de ce Prince, qui toutesfois n’en a jamais eu le moindre soupçon, et s’est entierement fié en nostre secours, tant pour estre bien asseuré de la parfaite generosité de nostre grand Roy, que pour avoir, s’il faut ainsi dire, humé avecque la nourriture, l’air et l’affection de la France. […] Que s’il est bon au mauvais de se conserver par cét autre moyen, qui est de tenir les deux Puissances en jalousie, et noüer une intelligence tantost avec l’une et tantost avecque l’autre, c’est dequoy je laisse la decision aux Politiques, et suis d’advis cependant de passer à la Fable suyvante.
Jamais un lourdaut, quoy qu’il fasse, Ne sçauroit passer pour galant.
Esope ayant pris garde à cela ; « pourquoy », luy dit-il, « frappe-tu sans cause ce bon-homme, qui ne t’a fait aucun tort, et d’où vient encores qu’il ne se passe aucun jour que tu n’en fasse de mesme à tout ce que nous sommes icy de serviteurs ? […] Voila cependant qu’il vint à passer par là un certain marchand, qui tournoyant exprés par ce Village, pour achepter du bestail, s’enquist de Zenas s’il n’avoit point quelque beste à vendre ? […] Il voulut là dessus passer outre : mais Esope le suivant, « Arreste un peu », luy dit-il.
Mais combien de veritables Salmonées ont eu les Siecles passez ! […] Il passe jusqu’à ce poinct d’execration, que de seduire réellement des Prestres, à qui Dieu donne l’authorité de le consacrer, et dés qu’il en a attiré quelqu’un à son damnable party, il le convie à celebrer la Messe au milieu de ses Sabats, et ainsi du Caractere Divin il en fait un instrument à ses abominations. […] Or pour adoucir aucunement nostre Discours, et passer des choses extrêmes aux moyennes, toute espece d’imitation semblable ne s’addresse pas à la Divinité.
Un loup qui passait le vit et se dit à lui-même : « Malheureux que nous sommes !
Tu la troubles, reprit cette beste cruelle, Et je sçai que de moy tu médis l’an passé.
Le bec de la Cicogne y pouvoit bien passer, Mais le museau du Sire estoit d’autre mesure.
S’estant pris, dis-je, aux branches de ce saule ; Par cet endroit passe un Maistre d’école.
Tous les mangeurs de gens ne sont pas grands Seigneurs, Où la Guespe a passé, le Mouscheron demeure.
Il en prend de mesme qu’à toy à tous ces Presomptueux, qui entreprennent de se déguiser, et de passer long-temps pour plus éminents en fortune et en Vertu, qu’ils ne sont effectivement. […] Les Pauvres qui font les Riches, les Roturiers qui se disent Nobles, et les insolents qui veulent passer pour discrets, courent la mesme fortune que ceux-cy : leur artifice peut quelquefois surprendre l’esprit, mais il est impossible qu’on ne le descouvre bien tost aprés.
Toutefois il voulut savoir si, en changeant de fortune, il avait aussi changé ses habitudes de convoitise ; et, tandis que le nouveau roi passait en litière, il lâcha un escarbot sous ses yeux.
Un lion, étant tombé sur un lièvre endormi, allait le dévorer ; mais entre temps il vit passer un cerf : il laissa le lièvre et donna la chasse au cerf.