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5. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 233 » p. 349

Quelqu’un la ralluma et lui dit : « Éclaire, lampe, et tais-toi : l’éclat des astres ne s’éclipse jamais. » Il ne faut pas se laisser aveugler par l’orgueil, quand on est en réputation ou en honneur ; car tout ce qui s’acquiert nous est étranger.

6. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — IX. Le Cerf se voyant dans l’eau » p. 74

Disoit-il en voyant leur ombre avec douleur : Des taillis les plus hauts mon front atteint le faiste ; Mes pieds ne me font point d’honneur.

7. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XViI. Le Paon se plaignant à Junon. » p. 509

Le Paon se plaignoit à Junon : Deesse, disoit-il, ce n’est pas sans raison Que je me plains, que je murmure ; Le chant dont vous m’avez fait don Déplaist à toute la Nature : Au lieu qu’un Rossignol, chetive creature, Forme des sons aussi doux qu’éclatans ; Est luy seul l’honneur du Printemps.

8. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XIX. Le Lion et l’Asne chassant. » p. 151

Dit l’Asne, en se donnant tout l’honneur de la chasse ; Oüy, reprit le Lion, c’est bravement crié.

9. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — XX. La Discorde. » p. 

Elle nous fit l’honneur en ce bas Univers De préferer notre Hemisphere A celuy des mortels qui nous sont opposez ; Gens grossiers, peu civilisez, Et qui se mariant sans Prestre et sans Notaire, De la Discorde n’ont que faire.

10. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE V. Du Chien, et de l’Ombre. »

Ainsi en prit-il à Minutius, qui enflé par le succés d’une escarmouche, s’attribua les honneurs qui estoient deubs à Fabius Maximus, et brigua contre toute raison d’entrer en part avecques luy au souverain commandement de l’armée, dont toutesfois il descheut avecque honte, en la seconde attaque qu’il fit à Annibal, où il fust demeuré avecque plusieurs Citoyens Romains, sans le genereux secours de celuy-là mesme qu’il avoit offensé. Je laisse à part les Histoires de Pyrrhus, du mesme Annibal, de Turne chez Virgile, d’Hector et d’Achille chez Homere ; et finallement de la pluspart des vaillants hommes du monde, qui ont bien souvent perdu la vie et l’honneur par un ambitieux desir de gloire, dont ils estoient travaillez.

11. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — XVI. La Femme noyée. » p. 682

Ce que j’avance icy n’est point hors de propos ;
 Puisqu’il s’agit dans cette Fable
 D’une femme qui dans les flots 
Avoit fini ses jours par un sort déplorable,
 Son Epoux en cherchoit le corps,
 Pour luy rendre en cette avanture
 Les honneurs de la sepulture.


12. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — VI. Le combat des Rats et des Belettes. » p. 165

Mais les Seigneurs sur leur teste Ayant chacun un plumail, Des cornes ou des aigrettes ; Soit comme marques d’honneur : Soit afin que les Belettes En conçussent plus de peur : Cela causa leur malheur.

13. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — X. Le Lievre et la Tortuë. » p. 226

Luy cependant méprise une telle victoire, Tient la gageure à peu de gloire ; Croit qu’il y va de son honneur De partir tard.

14. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLVII. Du Singe, et du Renard. »

Le Singe voulant persuader au Renard de luy donner une partie de sa queuë, pour en couvrir son derriere, luy fit entendre que cela l’incommodoit par trop, au lieu que pour son regard il en tireroit ensemble de l’honneur, et du profit.

15. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXIV. Du Charbonnier, et du Foullon. »

Aussi est il vray que l’ignominie, et la mauvaise estime, se communiquent par reflexion à celuy qui leur est le plus proche, tout de mesme que l’honneur touche en quelque façon les amis de la personne honnorée, par un rayon qu’il eslance obliquement sur eux.

16. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — VII. Le Singe et le Daufin. » p. 73

Et le Pirée a part aussi A l’honneur de vostre presence ?

17. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — VIII. Le Cheval et le Loup. » p. 187

J’ay l’honneur de servir Nosseigneurs les Chevaux, Et fais aussi la Chirurgie.

18. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XIX. Des Grenoüilles, et de leur Roy. »

D’abord les Grenoüilles bien estonnées, s’imposerent silence, et se mirent à saluër ce nouveau Prince, à luy faire honneur, et à s’approcher peu à peu de luy. […] Mais ayant pris goust à ceste préeminence, ils eurent peur qu’on les en voulust quelque jour déplacer, et commencerent à loger dans des maisons hautes, et fortifiées, à s’environner de gardes, et asseurer la succession à leurs enfants ; à parer leur dignité de specieuses marques d’honneur, et pour le dire en un mot, à prendre le nom de Souverains.

19. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE VI. Du Lion, et de quelques autres Bestes. »

Ce partage que fait le Lion aux animaux, ses inferieurs, de la venaison qu’ils ont prise ensemble, represente les injustes avantages que les riches prennent sur les pauvres, qu’ils ont accoûtumé de tromper, en retenant leurs salaires ; de s’attribuër des honneurs immoderez, de rehausser l’excellence de leur protection, de rendre leur conduitte necessaire à l’appuy des affligez, et par toutes ces raisons usurper injustement ce que la nature, ou le hazard leur fait escheoir.

20. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXII. De la Mouche, et du Chariot. »

Or encore que ce blasme touche generalement les hommes, et qu’ils s’attribuënt l’honneur de toutes leurs entreprises, au lieu de le donner à Dieu, qui est la vraye source et la legitime cause de tout ce qu’il y a de bien et d’honneste dans le monde ; Encore, dis-je, qu’ils soient tachez presque tous de ceste orgueilleuse espece d’ingratitude, si est-ce qu’il y en a qui s’y portent d’une inclination particuliere, et dérobent artificieusement l’estime des autres pour se la transferer. […] Car infailliblement ceux qui ont commandé en de pareilles rencontres, ont accoustumé de briguer sous main l’honneur entier de l’advanture, et de rendre de mauvais offices à leurs Compagnons.

21. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — II. Les Membres et l’Estomach. » p. 130

Les mécontens disoient qu’il avoit tout l’Empire,
 Le pouvoir, les tresors, l’honneur, la dignité ;
 Au lieu que tout le mal estoit de leur côté ;
 Les tributs, les imposts, les fatigues de guerre.

22. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 108 » pp. 97-97

Il se retourna et lui dit : « Je sais bien, loup, que je suis destiné à ton repas ; mais pour que je ne meure pas sans honneur, joue de la flûte et fais-moi danser. » Tandis que le loup jouait et que le chevreau dansait, les chiens accoururent au bruit et donnèrent la chasse au loup.

23. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope instruit Ennus, et luy donne des preceptes pour vivre en homme de bien. Chapitre XXVII. »

Ennus estant remis en grace, Esope l’accueillit si genereusement, qu’il ne le voulut fascher en rien ; au contraire il le traicta mieux que jamais, et comme son propre fils, luy donnant plusieurs belles instructions, dont les principales furent celle-cy. « Mon fils, ayme Dieu sur toutes choses, et rends à ton Roy l’honneur que tu és obligé de luy rendre.

24. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XIV. Simonide préservé par les Dieux. » p. 522

Les Grands se font honneur dés-lors qu’ils nous font grace.


25. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXI. De la Fourmy, et de la Cigale. »

Toutesfois en ceste extraordinaire calamité, jointe à un aveuglement perpetuel, il posseda si bien le repos de son esprit : il s’occupa à de si hautes pensées, et composa des ouvrages si Divins, qu’on luy donna depuis à bon droict le tiltre de Pere des Lettres, et à bon droict aussi sept Villes fameuses débatirent entr’elles apres sa mort, l’honneur de sa naissance et consacrerent des honneurs Divins à celuy qu’ils n’avoient daigné regarder durant sa vie.

26. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXVII. Du Chien, et de la Brebis. »

Car j’en trouve les embusches si dangereuses, qu’il est impossible, à mon advis, de les éviter, si ce n’est d’avanture en se dérobant le plus qu’on peut à la frequentation des hommes : Encore arrive-t’il bien souvent que ceux-là mesme qui nous cognoissent le mieux, dressent quelquesfois, et à nostre honneur, et à nostre vie, des pieges si dangereux, qu’il est presque impossible d’en eschapper.

27. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « A MONSEIGNEUR. MOROSINI, AMBASSADEUR. ORDINAIRE DE LA. SERENISSIME REPUBLIQVE. DE VENISE, PRES DE SA MAJESTÉ. TRES-CHRESTIENNE. »

MONSEIGNEUR, Je devrois craindre sans doute, de choquer la bien-seance ; et par la hardiesse que je prends d’aborder vostre Personne, sans avoir l’honneur d’en estre connu ; pour le peu d’apparence qu’il y a, qu’au lieu de quelque Histoire serieuse, je vienne vous presenter un Livre de Fables. […] Ce fut une pretieuse marque d’Honneur deuë à sa Vertu que vous suivez ; et ce n’est point aussi le Hazard, mais le Merite, qui pour le service de vostre Patrie, vous fait agir dans une Dignité dont elle vous a jugé tres-capable, par une preeminence qui n’est pas moins glorieuse qu’extraordinaire : Car ayant accoustumé d’envoyer premierement en Hollande, et aux autres Estats, ceux dont elle se veut servir pour les Ambassades, Elle vous a d’abord envoyé en France, pour y succeder à la sage administration de M. nani dont personne ne pouvoit remplir la place plus dignement que vous faites.

28. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXII. De la Brebis, et de la Corneille. »

Quel honneur est-ce à un homme riche et bien qualifié, de venir à bout d’un petit ennemy, qui n’a non plus de force qu’un vermisseau, et qui succumbe au premier coup qu’on luy porte ?

29. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE J. Du Coq, et de la pierre precieuse. »

Car comme il n’y a personne qui croye que la vertu de courtoisie soit égale en merite à la condition d’estre liberal, ny derechef que la liberalité soit aussi estimable que la valeur ; ainsi nul ne voudroit asseurer que toutes ces vertus Moralles ensemble, disputassent l’honneur avec les intellectuelles.

30. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXIX. Du Loup, et des Chiens. »

Ceste resistance dura depuis jusqu’à ce que le grand Cesar les reduisit à main armée, soit que l’honneur de ceste entreprise luy fust fatalement deuë, soit qu’il trouvast moyen de les diviser derechef, ou que toutes les deux causes ensemble contribuassent à la subjection des Gaulois.

31. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXVII. Du Liévre, et de la Tortuë. »

Dequoy, ce me semble, l’on ne pourra pas douter, si l’on considere indifferemment que ceux qui ont excellé, soit aux Lettres, ou aux Armes, comme un Platon, un Aristote, un Seneque, un Cesar, un Alexandre, un Agesilaüs, et ainsi des autres, n’auroient jamais rien advancé dans ceste lice d’honneur, si par le conseil du Proverbe Grec ils ne se fussent hastez doucement ; Et c’est en cela, sans doute, qu’ils ont imité la Tortuë, plustost que le Liévre de ceste Fable, puis qu’en matiere d’Esprit et de Force, toutes les fois qu’il leur a fallu agir, ils l’ont fait sans differer, et ont tous-jours joinct la Prudence et le Soing ensemble.

32. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « A MONSIEUR. MONSIEUR. DE SAINCT SYMON, premier Gentil-homme de la Chambre. du Roy, et son premier Escuyer. »

Si cela est, MONSIEUR, je ne doute point que la consideration de cette excellente qualité, ne produise en vous cet effet en faveur de ce Philosophe, pour ce qu’à l’exemple de ce grand Prince, aux bonnes graces et aux secrets duquel vous avez l’honneur d’avoir la meilleure part, vous n’estimez les personnes que par la plus noble partie d’elles mesmes.

33. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXVI. Du Cheval, et du Lion. »

Tesmoin ce Comte mal-advisé, qui perdit la vie et l’honneur en l’execrable trahison qu’il avoit tramée contre la Duchesse de Savoye ; tesmoin la factieuse ligue des Zegris, contre les Abensarades dans le Royaume de Grenade, d’où ils eurent bien l’avantage de chasser ceste genereuse Noblesse, mais aussi furent ils mis à une entiere destruction, quand la ville de Grenade fust saccagée ; tesmoin encore la fin du traistre Ganes, et une infinité d’autres exemples, qu’il est à propos d’oublier icy, de peur d’ennuyer le Lecteur par la repetition d’une seconde lecture.

34. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXI. Du Larron, et du Chien. »

Au contraire, ceux qui conservent avecque fidelité les Places qui leur sont commises, acquierent un honneur immortel en la memoire des hommes, outre la recompense des charges, et la propre satisfaction que leur donne la Vertu.

35. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Le voyage d’Esope en Delphes. Chapitre XXIX. »

Et d’autant que ceux du pays l’ouyrent tres-volontiers parler, sans que toutesfois ils le respectassent autrement, et luy fissent aucune sorte d’honneur, Esope s’adressant à eux ; « Hommes Delphiens », leur dit-il, « je viens de m’adviser tout maintenant, que vous ressemblez à quelque piece de bois qui va flottant sur la Mer.

36. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXVII. Des Oyseaux, et des Bestes à quatre pieds. »

Elle la condamne seulement à ne se trouver plus avec les autres Oyseaux, et à ne paroistre jamais en plein jour, comme si elle eust raisonné de ceste sorte. « Si la faute que tu as faite provient de haine contre moy, ô infidelle et chetive Chauve-souris, n’attends pas que je te fasse l’honneur de m’en vanger.

37. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXI. Du Renard, et du Bouc. »

Ce sont eux à qui la soif extraordinaire des grandeurs fait hazarder la vie, dédaigner les precipices, trouver toutes choses moindres que leur esperance ; et bref, perdre l’honneur et la liberté dans une prison, d’où ils ne sortent ordinairement que pour estre conduits au supplice.

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