De toutes les passions qui ont accoustumé de ronger l’esprit des hommes, il n’y en a point de plus detestable que celle de l’Envie. […] Que si elle les a mis en un estat si déplorable, qu’ils soient sans esperance de ressource, encore ne nous arrestons-nous pas là : Ce n’est pas un sujet de consolation pour nous, car en mesme temps ceste peste que nous couvons dans l’ame, cherche de nouveaux objects pour se nourrir, et s’addresse aux prosperitez des autres hommes.
l’ami, quand tu serais sac, je ne t’approcherais pas. » Cette fable montre que les hommes sensés, quand ils ont éprouvé la méchanceté de certaines gens, ne se laissent plus tromper à leurs grimaces.
Un homme pauvre, étant malade et mal en point, promit aux dieux de leur sacrifier cent bœufs, s’ils le sauvaient de la mort.
Car ce qu’il est entré dans la maison, nous servira d’un beau pretexte, pour inventer plusieurs fourbes à son dommage ; joinct qu’un homme seul ne pourra rien contre deux, et qu’il n’osera dire mot à faute de preuves ».
Car j’en trouve les embusches si dangereuses, qu’il est impossible, à mon advis, de les éviter, si ce n’est d’avanture en se dérobant le plus qu’on peut à la frequentation des hommes : Encore arrive-t’il bien souvent que ceux-là mesme qui nous cognoissent le mieux, dressent quelquesfois, et à nostre honneur, et à nostre vie, des pieges si dangereux, qu’il est presque impossible d’en eschapper.
Car l’homme, le plus noble des animaux, et qui a de l’empire sur eux, vange la querelle des petits contre les grands, et nous apprend par cét exemple, qu’il faut que nous soyons protecteurs de l’innocence, quand la fortune nous en donne le pouvoir et l’authorité.
Tu verras bien-tost à quel poinct sont empeschants ces grands Andoüillers dont tu te vantes, et par mesme moyen tu donneras une belle instruction aux hommes, de ne mettre leur avantage en la vaine monstre des grandeurs et des richesses, mais en la tranquilité de leur ame.
Que s’ils ont je ne sçay quoy d’éminent par dessus les autres, je ne voy point que pour tout cela ils les doivent mépriser, puis que Dieu, qui a fait toutes choses justement, n’a pas, comme il est croyable, traicté les hommes avecque tant d’inégalité, qu’il y en ait parmy eux de pirement partagez que leurs compagnons.
Curius et Fabricius prefererent les delices de manger leurs Raves, à la gloire des batailles qu’ils avoient gagnées Virgile n’a celebré par toutes ses Eglogues, que les plaisirs de la vie pastoralle ; Et dans les Georgiques, il a pris le soing d’instruire les hommes au labourage. […] Ils les cognoissent donc, et les cherissent aussi : ils se repentent à tout moment d’avoir choisi ceste condition, puis ils s’en dédisent : La felicité des hommes champestres leur touche quelquesfois l’esprit, s’il arrive qu’ils aillent à la chasse avec eux.
Et comme ceux qui naviguent à pleines voiles, avec un vent fraiz et favorable, courent plus de hayard d’eschoüer contre une coste, que ces autres qui vont à contre-vent, et à l’ayde de la Bouline ; ainsi les hommes du monde, à qui la Fortune rit de toutes parts, sont bien moins à couvert du danger, que ces Esprits constants, mais infortunez, qui lutte sans cesse contre la calamité. […] Voyons Cresus, ce puissant Roy de Lydie, attaché sur un bucher, apres avoir vescu plus heureusement que tous les hommes de son âge.
Pareillement les hommes naturellement méchants ont beau changer d’état, ils ne changent point de caractère.
Comme ils s’apprêtaient à commencer le festin, soudain un homme ouvrit la porte.
Laisse moy donc respondre à cét homme, et je le contenteray » : Xanthus se tournant alors vers le Jardinier ; « Mon amy », luy dit-il, « je trouve qu’il ne seroit pas bien seant, que moy qui ay disputé en tant de fameuses assemblées, m’amusasse maintenant à resoudre des difficultez en un Jardin ; Mais je m’asseure que mon garçon que voicy, te rendra raison de ce que tu desires sçavoir, si tu luy en fais la proposition.
Ceste fourbe despleut grandement à Xanthus, qui pour s’en excuser à ses amis : « Jugez, Messieurs », leur dit-il, « si cét homme n’est pas capable de me faire enrager ».
Je laisse à part les Histoires de Pyrrhus, du mesme Annibal, de Turne chez Virgile, d’Hector et d’Achille chez Homere ; et finallement de la pluspart des vaillants hommes du monde, qui ont bien souvent perdu la vie et l’honneur par un ambitieux desir de gloire, dont ils estoient travaillez.
C’est de telles gents que la Cour est tellement pleine aujourd’huy, qu’on ne void autre chose dans les compagnies ; jusques là mesme que les plus honnestes hommes encourent ce blâme, et n’en sont non plus exempts que les autres.
En conséquence elle l’accusa d’importuner les hommes en chantant la nuit et en les empêchant de dormir.
Quand le soir fut venu, il entendit de nouveau la vieille qui choyait le petit enfant et lui disait : « Si le loup vient ici, nous le tuerons, mon enfant. » En entendant ces mots, le loup se remit en route en disant : « Dans cette ferme on parle d’une façon, on agit d’une autre. » Cette fable s’adresse aux hommes qui ne conforment pas leurs actes à leurs paroles.
» Ainsi les hommes qui entreprennent des choses hors de leur compétence s’attirent naturellement des disgrâces.
L’on dit que Philipe, Roy de Macedoine, fut celuy de tous les hommes de son temps, qui s’ayda le plus adroittement de cette ruze.
Marie de France, n° 72 L’homme et le serpent Del vilein e de la serpent nus cunte ici cumfeitement eurent ensemble cumpainie e leauté e fei plevie.
Alors le chien : « Ô loup, dit-il, si à partir d’aujourd’hui tu me vois dormir devant la ferme, n’attends plus de noces » Cette fable montre que les hommes sensés, quand ils se sont tirés d’un danger, s’en gardent toute leur vie.
Comme elle le priait de la relâcher, disant que, loin de nuire aux hommes, elle leur était même fort utile, car elle prenait et mangeait les serpents et autres reptiles, l’oiseleur répondit : « Si vraiment tu n’es pas méchante, tu mérites en tout cas un châtiment pour t’être posés parmi les méchants. » Nous aussi nous devons fuir la société des méchants, afin qu’on ne nous prenne pas nous-mêmes pour les complices de leur méchanceté.
Les lièvres s’étant un jour assemblés se désolaient entre eux d’avoir une vie si précaire et pleine de crainte : n’étaient-ils pas en effet la proie des hommes, des chiens, des aigles et de bien d’autres animaux ?
Or beaucoup avaient déjà péri, quand le renard, ayant deviné son artifice, se présenta, et s’arrêtant à distance de la caverne, s’informa comment il allait. « Mal », dit le lion, qui lui demanda pourquoi il n’entrait pas. « Moi, dit le renard, je serais entré, si je ne voyais beaucoup de traces d’animaux qui entrent, mais d’animal qui sorte, aucune. » Ainsi les hommes judicieux prévoient à certains indices les dangers, et les évitent.
Comme le bûcheron lui reprochait que, sauvé par lui, il ne lui témoignait même pas d’un mot sa reconnaissance, le renard répondit : « Je t’aurais dit merci, si tes gestes et tes procédés s’accordaient avec tes discours. » On pourrait appliquer cette fable aux hommes qui font hautement profession de vertu et en fait se conduisent en coquins.
Un homme avait un cheval et un âne.
Il en est ainsi des hommes qui ont des dettes : tant qu’ils sont en possession du bien d’autrui, ils paraissent être des personnages ; mais quand ils ont rendu ce qu’ils doivent, on les retrouve tels qu’ils étaient auparavant.
Il faut donc du moins, que les mauvais traictemens que nous recevons des hommes, nous laissent quelque sorte d’instruction, et que nous tirions cét avantage de nostre mal, d’avoir acquis le secret de n’y retomber jamais Autrement, ce seroit une chose impertinente que le pardon, si en suitte de cela il nous falloit tous les jours exposer à nos déplaisirs.
C’est aussi par elle que nous sommes semblables à Dieu, comme il est dit dans l’Escriture, « Faisons l’homme à nostre ressemblance ».
Tellement que par la maxime que nous avons dite cy dessus en la Fable du Serpent et du Laboureur, c’est bien une action charitable de luy pardonner, mais elle seroit imprudente de le reprendre en amitié, puis que de soy il n’est ny amy, ny homme de valeur et de fermeté.
Mais quant aux Philosophes, ils ne vont pas si viste en besogne, et avant que donner à un homme le nom de meschant, ils examinent s’il en a fait les actions, et s’il les a reduittes en habitude.
Ce qui fut cause qu’un jour qu’ils estoient de repos en la maison, ce bon homme commanda tout haut qu’on luy apportast un faisceau de verges.