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36. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope découvre le derriere de sa Maistresse. Chapitre XX. »

Un peu apres Xanthus voulant donner à disner à ses escoliers, fist venir Esope, et luy commanda qu’il eust à tenir prest le festin.

37. (1180) Fables « Marie de France, n° 16. Le lion et la souris » p. 150

Gratez la tere a vostre pé tant que afermer vus i pussez, e puis amunt [tres] bien saudrez, que si pussez ça hors eissir ; e jeo ferai od mei venir autres suriz pur mei aider as cordes, que ci sunt, detrencher, e as resels ki sunt tenduz ne serez mis si retenuz. » L’enseignement a la suriz fist li leüns, qu’il fu gariz.

38. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Partement d’Esope, et son arrivée en Lydie. Chapitre XXIV. »

Esope s’estant mis alors à parler, il le fist ainsi. « Puissant Monarque, je ne suis venu vers toy, ny par force, ny par contraincte, ny par necessité non plus ; mais de mon bon gré seulement.

39. (1180) Fables « Marie de France, n° 45. Encore la femme et son amant » p. 

Sa femme leidist e blasma ; e la dame li demanda pur quei parlast issi vers li ; e ses baruns li respundi qu’il ot veü sun lecheür ki li fist hunte e deshonur, e aler od li vers la forest.

40. (1180) Fables « Marie de France, n° 68. Le lion et le renard » p. 258

« Tes guanz », fet il, « vei depescez Autre feiz seez chastïez que autre ne deiz par mal tenir, que sur tei deive revertir. » Tel purchace le mal d’autrui que cel meme revient sur lui, si cum li lus fist del gupil, qu’il voleit mettre en eissil.

41. (1180) Fables « Marie de France, n° 23. La chauve-souris » p. 566

Ses piez musça, si fist folie : mes, quand les eles entreovri ; par devant tus les descovri.

42. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXII. Du Loup, et de la Truye. »

Il me seroit bien aisé d’alleguer d’autres Histoires de grands et excellents Personnages qui ont refusé l’amitié des Vicieux, bien qu’elle leur semblast étre profitable dans le monde, et reputé leur loüange à blasme, comme fist un ancien Philosophe, qui sçachant qu’un homme fort desbordé disoit tousjours du bien de luy ; « Et moy », dit-il, « je me plais à le blasmer incessamment ».

43. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope ameine à son Maistre un homme niais, et sans soucy. Chapitre XVI. »

La femme de Xanthus fist donc le commandement de son Mary, et mit de l’eau dans un bassin, pour laver les pieds de son hoste. […] Là dessus, il fist derechef signe à sa femme de luy obeyr, à cause d’Esope, et commanda en mesme temps, qu’on luy apportast des fagots, ausquels il mit le feu, et tira sa femme auprés, avec apparence de l’y vouloir jetter.

44. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — De la response qu’Esope fist à un Juge. Chapitre XVII. »

De la response qu’Esope fist à un Juge.

45. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLIII. Des Loups, et de la Brebis. »

Mais pendant que les Brebis estoient en repos, et qu’elles paissoient à leur aise, il se fist une émotion du costé des Louveteaux, qui se mirent à hurler bien fort, et à demander leurs meres.

46. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope ne laisse entrer qu’un seul de tous ceux que son Maistre avoit conviez. Chapitre XXI. »

L’heure du disner estant donc venuë, et Esope se tenant à l’entrée du logis, qu’il avoit fermé sur luy, un des conviez s’en vint heurter à la porte, et soudain Esope luy fist cette question, « Que remuë le chien ? 

47. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XIV. Simonide préservé par les Dieux. » p. 522

Il n’estoit fils de bonne mere
 Qui les payant à qui mieux mieux,
 Pour ses ancestres n’en fist faire.

48. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLVI. Du Ventre, et des autres Membres. »

Mais luy les ayant prié deux ou trois fois de l’assister d’aliments, la Main luy en fist refus ; de sorte que se trouvant par ce moyen attenué de faim, tous les autres Membres commencerent à défaillir.

49. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — XXII. L’Aloüette et ses petits, avec le Maistre d’un champ. » p. 325

Il a dit que l’Aurore levée, L’on fist venir demain ses amis pour l’aider.

50. (1180) Fables « Marie de France, n° 3. La souris et la grenouille » p. 384

Tant li premet par sun engin e la blandist par sa parole que la creï, si fist ke fole.

51. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIV. De la Corneille, et de la Cruche. »

Il fist donc semblant de la bien rejoindre, et de boucher ceste petite ouverture par l’invention que tels Ouvriers ont accoustumé de praticquer. […] Il y contribua donc toute son industrie, de sorte qu’à la seconde espreuve que fist l’Elephant, il veid qu’il ne se perdoit pas une goutte d’eau. […] Quant à l’Elephant qui écrivit de sa trompe, il est certain qu’il ne le fist que par memoire, et que son Maistre l’avoit quelques jours auparavant instruict à cela, au desçeu de tout le monde, affin qu’il praticquast sa leçon à découvert, et qu’il surprist les spectateurs avecque plus de merveille ; ce qui sembleroit nouveau, s’il ne se trouvoit encore aujourd’huy quantité de Charlatans, qui pour gaigner de l’argent, dressent les bestes à de semblables tours de souplesse. […] Pour ce qui est de l’Histoire de l’autre Elephant qui conduisit par un cable le débris du Vaisseau hors de la Mer, c’est une chose pleine d’apparence que non pas le nom du Roy de Portugal, mais la violence du commandement luy fist faire un effort extraordinaire, pour la craincte de la punition, qui est aussi commune aux autres animaux, qu’à luy. […] Il reste maintenant à parler de celuy qui fist deux parts de son avoine, pour advertir le Maistre de la perfidie du serviteur, en quoy il est aisé de dire, ce me semble, que l’Animal n’avoit pas ce dessein ; mais que sa coustume estant de ne manger depuis plusieurs jours que la moitié de ceste mesure, son appetit s’y accoustuma de telle sorte qu’il voulut reserver l’autre pour la manger quand il auroit faim.

52. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope se justifie devant son Maistre, et luy fait voir qui avoit mangé les figues. Chapitre III. »

Le Maistre d’Esope le croyant inhabile aux affaires domestiques, s’advisa de l’envoyer travailler aux champs, où il ne fust pas plustost arrivé, qu’il mit tout de bon la main à l’œuvre Cependant, comme il eust pris fantaisie à son Maistre de s’en aller en sa Mestairie, pour y voir le travail de son nouveau serviteur, il arriva qu’un certain Laboureur luy fist present de belles et grosses figues.

53. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XII. De l’Aigle, et du Renard. »

Mais un jour entre les autres, il arriva qu’estant sorty, pour leur chercher quelque proye, l’Aigle, qui en avoit besoin aussi bien que luy, volla droit au lieu où estoient les petits Renards, qu’elle ravist promptement, et en fist curée à ses poussins. […] Ou bien, est-ce qu’Esope a voulu monstrer, qu’on n’est point obligé de garder sa parole aux meschants, en quelque temps qu’on la leur ait donnée, et qu’à ceste occasion l’Aigle ne fist point difficulté de trahir le Renard, en luy ravissant ses petits, pour en repaistre les siens propres ?

54. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XIV. Du Lion affoibly de vieillesse. »

L’Asne mesme fist le vaillant contre luy, et pour effacer son vieil nom de faineant et de lasche, il se mit à l’attaquer à coups de pied et de langue.

55. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCV. Du Singe, et de ses Enfans. »

Telle fût encore la Mere de Brasidas, à qui un Ambassadeur estranger ayant voulu dire, pour luy complaire, qu’en la Cour de son Maistre on avoit en grande reverence la memoire et la vertu d’un tel homme, et qu’il estoit reputé parmy les autres nations le plus courageux de Lacedemone, elle luy fist ceste genereuse response ; « Estranger mon amy, ne doute point que tu ne t’abuses en ce jugement que tu fais de Brasidas : Je m’asseure qu’il estoit homme de bien, mais je sçay aussi que Sparthe en avoit beaucoup qui estoient meilleurs que luy ».

56. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE III. Du Rat, et de la Grenoüille. »

Ce qu’ils pratiquerent encore en la conqueste que Cesar fist de l’Egypte, et en une infinité d’autres exemples anciens, que je pourrois rapporter icy.

57. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXIX. Du Loup, et des Chiens. »

Cette guerre intestine entre ses deux Ennemis, luy fist esperer, qu’il luy seroit bien-aisé de s’en aller assaillir les Brebis, sans courir aucun danger.

58. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXVII. Du Liévre, et de la Tortuë. »

Alors la Tortuë, à qui ce mespris du Liévre servit d’un juste sujet de s’en offencer, ne luy fist point d’autre response, sinon qu’elle le défia courageusement à la course.

59. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE L. Du Renard, et des Chasseurs. »

Or quoy que les exemples de perfidie soient ordinaires en cette occasion, si est ce qu’il s’est rencontré des personnes assez genereuses pour garder leur foy, au hazard de la puissance ennemie, voire mesme d’un deshonneur tout évident, comme il arriva naguere en un meurtre que fist dans Tolede un Gentilhomme incognu.

60. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXIV. Du Singe, et du Renard. »

Mais la revolution des temps fist qu’ils se détromperent enfin, quant à l’excellence du corps, et trouverent qu’il y avoit une plus noble et plus loüable qualité en nous, à sçavoir la cognoissance des choses, et la veritable force de l’ame ; Qu’au reste, ceste derniere faculté n’alloit pas tousjours conjoinctement avecque les graces corporelles, mais qu’on voyoit d’ordinaire les belles personnes foibles et stupides ; et au contraire quantité de corps monstrueux, doüez d’un entendement extraordinaire.

61. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — La vente d’Esope. Chapitre V. »

Le marchand l’ayant alors voulu voir, Zenas fist incontinent venir Esope.

62. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXX. De l’Aigle, et du Corbeau. »

L’Empereur Commodus ne se fist-il point adorer dans Rome, sous le nom et l’habillement de quelques Dieux ?

63. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Du present fait à la maistresse de Xanthus. Chapitre XII. »

Le lendemain un des Disciples de Xanthus fist un beau festin, où il invita son Maistre, et les autres escoliers.

64. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XL. De l’Asne, et du Cheval. »

Cependant le Cheval se remist à courir, et fist un si grand effort, qu’il s’ouvrit l’ayne.

65. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLV. Du Loup, et du Chien. »

La fin de sa vie en est encore une preuve bien apparente, veu qu’apres avoir esté affranchy par le commandement des Samiens, il ne fist tout le reste de ses jours que voyager dans la Cour des Princes du Leuant, comme, en celle de Licerus et de Nectenabo ; ce qui ne se pouvoit faire asseurément sans quelque espece de dépendance.

66. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope est derechef vendu. Chapitre VII. »

», luy demanda-t’il. « Je suis noir », respondit Esope ; « Ce n’est pas ce que je desire sçavoir de toy », respondit Xanthus ; « Je veux seulement que tu me dies ton païs, ou le lieu d’où tu és sorty ». « Du ventre de ma Mere », dit Esope. « Ce n’est point encore cela », repartit le Philosophe, « c’est le lieu de ta naissance que je te demande ». « Je ne me souviens point », replicqua Esope, « que ma mere m’ait jamais declaré, si le lieu où elle me fist estoit haut, ou bas ». « Que sçais tu faire ? 

67. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CI. De l’Avare, et de l’Envieux. »

En suitte dequoy il arriva que son compagnon fût égorgé par le Maistre du Cabaret, qui fist ceste lâcheté pour avoir l’or et l’argent que son hoste portoit pour son voyage.

68. (1893) Les fabulistes latins depuis le siècle d’Auguste jusqu’à la fin du moyen âge. Tome I : Phèdre et ses anciens imitateurs directs et indirects pp. -818

Préface de la première édition Je me propose de publier, en faisant précéder les textes de leur histoire et de leur critique, tout ce qui reste des œuvres des fabulistes latins antérieurs à la Renaissance. C’est une vaste tâche que personne encore ne s’est imposée, et qui, je le crains du moins, m’expose à être un peu soupçonné de présomption. Pour me prémunir contre un pareil soupçon, je désire expliquer comment j’ai été conduit à l’assumer. De tous les auteurs anciens qui guident les premiers pas de l’enfant dans l’étude de la langue latine, Phèdre est celui qui lui laisse les plus agréables souvenirs. Ses fables sont courtes, faciles à comprendre et intéressantes par l’action qui en quelques vers s’y déroule.

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