Mais comme on l’eust delivré, « Certainement », adjousta-il, « je treuve que tu ne fais pas trop mal de te comporter ainsi envers moy, afin qu’étant une fois affranchy, tu m’accuses de meilleur courage ». « Si est-ce pourtant », respondit Esope, « qu’apres m’avoir fait du pire que tu pourras, il faudra malgré toy, que tu me remettes en liberté ».
D’ailleurs, ils ont rendu l’accés du Mont Parnasse penible, et fort mal aisé, pour nous faire voir que les personnes repletes et grasses, ou qui sont trop à leur aise, peuvent difficilement atteindre à la plus haute perfection des Sciences.
Quant à la troisiesme consideration que je tire de ceste Fable, c’est l’extravagance des Fanfarons, qui s’esloignant du lieu de leur azyle, ou par mesgarde, ou sous esperance de trouver un ennemy fuyant, ou d’estre separez en leur combat, succombent laschement sous l’effort de celuy qu’ils ont mal traicté, et se laissent battre sans deffence.
puis qu’au lieu de rechercher ardemment les occasions d’obliger, elles se divertissent au contraire à faire du mal, et rendent à leurs Prochains des déplaisirs qu’ils ne pourront jamais reparer.
Ahi come, figlio, tua semplicitade Te stesso inganna ; e non conosci anchora Il ben dal male come quel, che sei Pur dianzi uscito del mio ventre al mondo, Et d’ogni esperienza ignudo e privo.
MONSIEUR, La deformité du corps estant, comme elle est, une marque ordinaire de celle de l’ame, j’auois un juste sujet d’apprehender que pour cette raison ce pauvre Esclave estranger, à qui je fais parler nostre langue, ne fust mal venu aupres de vous.
La seconde, d’avoir esté mal satisfaictes du premier qu’on leur envoya.
Ces hommes falsifiez, qui n’ont soin que de la beauté superficielle, qui empruntent une qualité, un habit, un panache, une mine, une reputation, et qui mesme ne se contentent pas de leurs cheveux propres ; Ces hommes, dis-je, doivent estre fuys, comme le fût le Cavalier Punctuel, qui sous le nom emprunté de Dom Jean de Tolede, vint à la Cour de Madrid, où il fût si mal traitté, que sa disgrace doit servir d’exemple à ceux qui l’imitent.
Alors un des lièvres, qui paraissait être plus fin que les autres, dit : « Arrêtez, camarades ; ne vous faites pas de mal ; car, vous venez de le voir, il y a des animaux plus peureux encore que nous. » Cette fable montre que les malheureux se consolent en voyant des gens plus malheureux qu’eux.
Or beaucoup avaient déjà péri, quand le renard, ayant deviné son artifice, se présenta, et s’arrêtant à distance de la caverne, s’informa comment il allait. « Mal », dit le lion, qui lui demanda pourquoi il n’entrait pas. « Moi, dit le renard, je serais entré, si je ne voyais beaucoup de traces d’animaux qui entrent, mais d’animal qui sorte, aucune. » Ainsi les hommes judicieux prévoient à certains indices les dangers, et les évitent.
Certes, les animaux qui n’ont pas le don de cognoistre le bien et le mal, sont capables de faire plusieurs actes de cruauté, et mesme de supercherie, qu’à n’en point mentir, cela leur arrive peu souvent, qu’en l’extremité de la faim ou de la colere ; mais du moins ils ne s’aydent point du bon semblant pour la ruyne d’autruy, et ne font jamais perir ceux qu’ils hayssent, en les attirant par de feints embrassements, et par des visages déguisez ; ny encore moins servir de complice à leur vengeance une amour dissimulée.
tu me rends donc le mal pour le bien, et veux oster la vie à celuy qui te l’a donnée !
Et comment nostre Esope mesme, qui n’avoit pas moins de sagesse que les plus sobres Esprits, et à qui Plutarque a voulu assigner une place au Banquet des sept Sages, auroit-il religieusement introduit en ceste Fable un homme si peu respectueux envers son Dieu, que de le mettre en pieces, et luy dire quantité d’injures, apres l’avoir ainsi mal traité ?
C’est ainsi que ce qui est mal assorti occasionne toujours des désagréments.
Que s’il est question de venir à la source de ce mal, l’on cognoistra que tels Voleurs, sur qui la justice des hommes s’exerce, ne tombent d’ordinaire en ceste disgrace, que pour n’avoir esté bien repris en leur Enfance, comme le remarque fort à propos nostre sage Phrygien.
» ; Et là dessus, il se mit à boire : Mais durant le disner, comme on luy eust apporté d’une certaine viande, qu’il trouva fort à son goust, et dont il mangea de bon appetit ; Xanthus voulut faire accroire à son Cuisinier, qu’il l’avoit mal apprestée à cause dequoy l’ayant fait dépoüiller tout nud, il le traita rudement à grands coups de foüet.
Mais comme il n’y a celuy, qui pour confirmé qu’il soit dans l’exercice des actions vertueuses, n’y puisse faillir quelquefois, la pluspart des hommes n’ayant que de foibles estincelles de probité, c’est asseurément un bien moindre mal pour eux d’estre gouvernez, que de ne l’estre pas, à cause de la grande facilité qu’ils auroient à chopper, s’ils n’estoient retenus par la crainte de quelque Puissance.
Ce qui toutesfois ne semble pas tousjours vray dans le commerce du monde, puis que nous voyons une infinité de gents mal traictez de la fortune, qui ne laissent pas d’avoir l’ame extrémement bonne, et de vivre dans une parfaitte observation des Loix.
Or soit qu’ils ne la croyent capable, ny de verité, ny de resolution, tant y a qu’ils en parlent ainsi, ou par caprice, ou pour en avoir esté mal traittez.
Pour le premier, une ame foible en est beaucoup plus susceptible qu’un grand courage, pource qu’elle ne se propose pas si vigoureusement des remedes à ses maux.
Dequoy extrémement irrité, il menaça fierement cét Animal de le chastier de sa faute, et luy commanda derechef de rapporter la Cruche au Potier, avecque des plaintes dequoy la besongne estoit si mal faicte. L’Elephant retourna donc en ceste mesme boutique avec des yeux flamboyans, et un geste extrémement colere, témoignant en effect au maistre Potier son ressentiment qui procedoit de ce que la Cruche avoit esté si mal rejoincte. […] Il y en avoit un, extrémement chery de son Maistre, et fort mal traicté par le serviteur. […] Or estre raisonnable n’est autre chose que cognoistre le vray d’avecque le faux, et le bien d’avecque le mal.
A cecy se rapporte à peu près une Fable bien plaisante, qui dit, que les hommes autrefois doubles, furent coupez en deux pour punition de leur humeur altiere et trop insolente : et c’est d’où procede que dans la diversité de ses humeurs, l’homme veut du mal à l’un, et qu’il ayme l’autre, à cause qu’il le croit sa moitié, comme se l’imagine le Poëte Aristophane.
Je n’ay donc pas mauvaise raison de les imiter, en vous offrant celuy-cy, qui pour estre d’une invention aussi belle que profitable, et où le bon sens et l’esprit éclattent par tout, n’a pas esté mal nommé de quelques Sçavans, Un ingenieux Amas de Fictions utilement imaginées.
Le Renard ne fut pas plustost de retour, qu’il recognut le cruel carnage qui s’estoit faict en son absence, et en fût extrémement fasché : mais d’autant que pour estre quadrupede, et n’avoir des aisles, afin de poursuivre son ennemy, il jugeoit comme impossible de s’en venger ; s’aidant du commun remede, qui reste seul aux miserables, et à ceux qui ne peuvent faire ce qu’ils voudroient bien, il se mit à maudire l’Aigle, et souhaitta que toutes sortes de maux luy advinssent, tant a de pouvoir la haine, apres une amitié violée.
A ceste occasion nous disons à fort bon droict, que celuy-là n’est pas digne de la santé, qui en abuse trop imprudemment, et que les richesses sont mal deües à l’homme qui en est prodigue, ou qui n’en fait part à personne.
Car, j’en jure par toutes les feuilles et les sources, tu n’as aucun mal à craindre du lion.
Or pource que c’est du Philosophe de rechercher la cause des choses, ce ne sera point mal à propos d’essayer à cognoistre celles de ceste inégalité : pour à quoy parvenir, il faut se remettre en memoire ce que dit le Poëte, Nous aspirons tous-jours aux choses deffenduës.
« Voila qui ne va pas mal », dit Esope, « mais je vous feray demain response à cela ».
Il y a peu de gents qui vueillent accepter le perdurable repos, qu’on nous y prepare, au prix de quitter des pretentions, non seulement petites, mais encore mal asseurées.
Mais ayant assez parlé des Mariages mal assortis, au moins pour ce qui regarde l’âge, il me suffira d’en avoir dit mon advis, laissant à part quant au reste, l’inégalité des conditions, et toutes les autres differences, qui ont accoûtumé de rendre monstrueuse ceste union.
Après la mort d’Auguste, son dévouement à la famille de son bienfaiteur lui aurait attiré la haine de Séjan, et il n’aurait écrit ses apologues que pour rendre à son persécuteur le mal pour le mal. […] Il faut en définitive en arriver à cette conclusion que ce n’est pas, contrairement à l’avis de Scheffer, le besoin de rendre le mal pour le mal qui inspira à Phèdre ses fables, mais que ce sont elles, qui, quoique étrangères à tout mauvais sentiment, lui valurent son adversité. […] Le premier, court de marges et mal relié, n’a rien de remarquable ; le deuxième, quoique très rogné, porte des notes écrites par trois mains différentes. […] Ayant mal compris ou retenu ce que d’Orville lui avait expliqué, il avait indiqué la Bibliothèque Ambrosienne à Milan comme détenant le manuscrit169. […] Mais j’aime à reconnaître que, si Jannelli a mal compris les premiers mots de la fable Mulier vidua et Miles, le contre-sens qu’il a commis lui a fourni l’occasion d’exhiber les richesses de sa magnifique érudition.