Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’heritage Que nous ont laissé nos parens. […] Creusez, foüillez, bêchez, ne laissez nulle place Où la main ne passe et repasse.
Alors une Colombe branchée fortuitement sur un arbre, qui panchoit sur l’eau, voyant la pauvre Fourmy en danger de mort, rompit incontinent avecque son bec un rameau de l’arbre, qu’elle laissa cheoir dans la fontaine ; et ainsi la Fourmy qui l’aborda, se preserva du danger d’estre noyée, et se mit en seureté. Sur ces entre-faites, voila survenir en ce mesme endroict, un cauteleux Oyseleur, qui dressa ses gluaux pour prendre la simple Colombe ; Ce qu’apperçevant la Fourmy, elle le mordit au pied de sorte que l’Oyseleur fût contrainct de laisser aller ses gluaux, surpris par la douleur que luy causa ceste picqueure ; Cependant la Colombe effrayée du bruit, s’envola soudain et ainsi elle eschappa du danger present.
L’hypocrite les laissa faire : Et pour pouvoir mener vers son fort les Brebis, Il voulut ajoûter la parole aux habits, Chose qu’il croyoit necessaire. […] Toûjours par quelque endroit fourbes se laissent prendre.
Ce qu’elle n’eust pas plustost dit, que celuy qui l’avoit prise, la laissa aller sans luy faire mal. […] Demande moy donc ce que tu voudras, et je te l’accorderay ». « Seigneur », adjousta Esope, « toute la priere que j’ay à te faire, c’est qu’il te plaise laisser en paix les Samiens ». « Je le veux », dit le Roy et alors Esope prosterné à ses pieds, l’en remercia tres-humblement.
La Belle avoit un pere homme prudent et sage : Il laissa le torrent couler. […] Le pere luy laissa digerer sa disgrace.
Le lion, se réveillant, le saisit, et il allait le manger, quand le rat le pria de le relâcher, promettant, s’il lui laissait la vie, de le payer de retour. Le lion se mit à rire et le laissa aller.
Je sçay qu’il s’est trouvé plusieurs grands hommes, de qui la plume excellente s’est employée à nous mettre par écrit l’estat des choses du monde, et leurs naturelles revolutions, affin d’en pouvoir laisser quelque memoire à la posterité. Mais comme il n’est pas hors d’apparence, que par une secrette inspiration des Dieux immortels, Esope n’ait parfaictement sçeu la Moralle, il est vray-semblable aussi, qu’en bons sens et en vivacité d’esprit, il a de beaucoup surpassé la plus part de ces gens-là, et les a laissé bien loing apres luy.
Nous l’avons veuë, il n’y à pas long-temps, joüer le rolle d’un Prince genereux, mais trop confiant, qui se laisse decevoir aux conseils d’autruy ; et nous la voyons maintenant tromper le Renard, avec qui elle avoit juré une estroicte confidence. […] D’ailleurs, l’homme de bien estant d’ordinaire beaucoup plus traictable que le meschant, il est à croire, qu’il prendra nos excuses en meilleure part, et se laissera peu à peu gagner aux raisons que nous aurions euës de luy manquer de parole. […] Comme ils ne sont pas d’humeur de rien endurer, ils fulminent d’abord contre ceux qui leur ont fait la moindre fourbe ; Et quand mesme la tromperie seroit capable d’excuse, c’est à quoy ils ne se cognoissent point, mais ils se laissent emporter aux plaintes, et aux paroles outrageuses : Ils reclament la foy qu’on leur a promise : ils prennent à tesmoins les Dieux et les hommes : ils nomment l’imprudence, malice, et bref ils scandalisent le Vertueux, sous le nom d’Hypocrite. […] Que si elle rejette sa faute sur une extrême necessité, prenant pour pretexte de son action la Charité paternelle, elle ne trouvera non plus d’excuse avecque nous, puis qu’elle devoit non seulement laisser perir ses petits, mais encore mourir elle mesme de faim, plustost que de joüer un si lasche tour à son amy. […] Celuy-cy ayant reçeu des outrages non-pareils du Prince de Valachie, voire mesme ayant esté plusieurs fois reduit au poinct de mourir par son commandement au retour de la bataille de Varne, fut à la fin sauvé de la prison par l’entremise des Seigneurs d’Hongrie, et revenant quelques jours apres dans le Pays des Valaques, defit en Bataille, et prit prisonnier son mortel Ennemy, auquel encore qu’il voulust laisser la vie, selon son ordinaire generosité, si luy fust-il impossible d’obtenir cela des Hongres, qui vengerent sa querelle en despit de luy-mesme, et se rendirent les Juges de celuy qui avoit eu dessein d’estre son homicide.
Car pour laisser à part les justes et agreables submissions que nous devons à Dieu, il y en a encore d’autres dont il est impossible de nous garantir. […] Socrate, Platon, et Diogene, preschoient l’obeyssance au Magistrat ; Et Jesus-Christ mesme, quoy qu’il fust Dieu, et le plus parfaict des hommes tout ensemble, n’a pas laissé de déferer au Commandement des Puissances terriennes, pour nous apprendre à le faire sans murmurer. […] Celuy-là, comme je croy, n’est pas digne d’un bien, ou d’un privilege par dessus les autres, qui le laisse perir, ou diminuër par sa propre faute, d’autant que la soigneuse conservation d’une chose, est un merite en la personne qui la conserve ; si bien que par consequent c’est une espece de démerite de la laisser descheoir ou avilir par sa nonchalance. […] A quoy déroge autant qu’il luy est possible celuy qui s’asservit, à cause qu’il se laisse guider par la volonté d’autruy, et perd en beaucoup de choses l’advantage d’operer de son chef.
Il est question à la fin de decreter tout le bien pour quelques haillons, et de laisser aller un heritage assez raisonnable entre les mains des persecuteurs. […] Il faut donc laisser bien loing telles frequentations, et se dégager de ces pratiques. Car la confusion qui suit les pompes de ces gents-là, est partagée à ceux qui les ont causées, ou qui ont pris la moindre part à leur intelligence ; Et comme en matiere d’opinions, il ne faut pas se laisser charmer aux specieuses maximes, mais rechercher la solide verité, et choisir plustost à dire les choses vrayes, que les subtiles ; De mesme aux amitiez que nous voulons establir, il ne faut pas tant donner à l’esclat et à la monstre exterieure, qu’à la vraye et parfaite vertu de l’ame.
Sauvez-vous, et me laissez paistre : Nôtre ennemi c’est nôtre Maistre, Je vous le dis en bon François.
Se voyant près de mourir, le rossignol le pria de le laisser aller, alléguant qu’il n’était pas capable de remplir à lui seul le ventre d’un épervier, que celui-ci devait, s’il avait besoin de nourriture, s’attaquer à des oiseaux plus gros. L’épervier répliqua : « Mais je serais stupide, si je lâchais la pâture que je tiens pour courir après ce qui n’est pas encore en vue. » Cette fable montre que chez les hommes aussi, ceux-là sont déraisonnables qui dans l’espérance de plus grands biens laissent échapper ceux qu’ils ont dans la main.
Quelqu’un la ralluma et lui dit : « Éclaire, lampe, et tais-toi : l’éclat des astres ne s’éclipse jamais. » Il ne faut pas se laisser aveugler par l’orgueil, quand on est en réputation ou en honneur ; car tout ce qui s’acquiert nous est étranger.
Ceste essample deivent oïr tutes femmes e retenir, que [tut] pur sulement mentir ne laissent lur enfanz perir !
» Li corps respunt : « Laisse m’ester !
Mais je ne m’apperçois pas que je laisse ma Fable en arriere, pour suyvre des mysteres relevez, et que je m’esleve inconsiderément hors de la bassesse du Mythologiste. […] Mais je laisse en arriere tous ces exemples, pour alleguer seulement celuy qui est arrivé à la personne mesme de nostre Autheur, et qui est escrit cy-devant en l’Histoire de sa vie ; A sçavoir, qu’Esope estant dans Babylone, à la Cour du Roy Lycerus, adopta pour fils un jeune homme, qui luy sembla le plus aymable, et le mieux conditionné de toute la Ville, auquel il donna une entiere esperance de ses biens, et mit toute son affection en luy, comme s’il eust esté veritablement son enfant. […] Jugeons par cecy de la foiblesse de nostre nature, puis qu’un homme tel qu’Esope, si excellent en esprit, et qui avoit si bien parlé de l’ingratitude, ne pût s’empescher d’estre deçeu au choix de son fils adoptif, et que ce Perfide, qu’il avoit comme enchanté des promesses de son heritage, ne laissa pas de luy tendre un piege mortel, et de le traicter comme le pire de tous ses ennemis.
Une hirondelle, qui l’avait vue faire, lui dit : « Sotte que tu es, pourquoi élèves-tu des êtres qui, une fois grands, commenceront par toi la première le cours de leurs méfaits. » La perversité ne se laisse pas apprivoiser, même à force de bienfaits.
Je laisse à penser la vie Que firent ces deux amis.
Laissez-leur prendre un pied chez vous, Ils en auront bien-tôt pris quatre.
Comprenant qu’elle s’était laissée tomber de frayeur, il s’approcha et la rassura, en lui promettant, si elle lui tenait trois propos vrais, de la laisser aller. […] » Le loup reconnut sa véracité et la laissa partir.
Zeus ayant enfermé tous les biens dans un tonneau, le laissa entre les mains d’un homme.
Par grand hazard en estant échapé, Non pas franc, car pour gage il y laissa sa queuë : S’estant, dis-je, sauvé sans queuë et tout honteux ; Pour avoir des pareils, (comme il estoit habile) Un jour que les Renards tenoient conseil entr’eux : Que faisons-nous, dit-il, de ce poids inutile, Et qui va balayant tous les sentiers fangeux ?
Les berbiz mut s’en curucerent : entre eus distrent e cunseilerent que ne se veulent pas defendre ; pur dreit’ ire se laissent prendre, ne ja ne se desturnerunt, ne pur murir mot ne dirrunt.
Je laisse à lire dans Valere le grand, les trois apparitions qu’en eust son Amy dans le lict, et la juste punition qui arriva du mal-faicteur. […] Mais laissons pour le present ces monstrueux exemples d’Avarice, et venons au remede du mal, apres en avoir monstré l’extremité. […] Y a-t’il rien de plus étourdy que de prendre un soing inutile, et de laisser la necessaire ? […] Ce qui n’adviendroit jamais si leurs Peres ne leur avoient laissé des biens qu’à suffisance. […] Que ne leur laissons-nous la Sagesse et la Science ?
Mais Aphrodite apparut en songe à l’esclave et lui dit : « Ne me sache pas gré de te faire belle, car je suis fâchée et en colère contre cet homme à qui tu parais belle. » Il ne faut pas se laisser aveugler par l’orgueil, quand on s’enrichit par des moyens honteux, surtout quand on est sans naissance et sans beauté.
C’est un point qu’il leur faut laisser ; Et ne pas ressembler à l’Asne de la Fable, Qui, pour se rendre plus aimable Et plus cher à son Maistre, alla le caresser.
Quant à la recognoissance du Rat envers le Lion, elle a esté tres-sagement inventée par Esope, pour nous donner à entendre, qu’il n’est point de si chetifve personne, de qui les Grands ne puissent avoir besoin ; et par consequent qu’il est bon d’user de clemence envers eux ; ce qu’il ne faudroit pas laisser de faire, quand mesme on n’en devroit esperer aucune sorte de recompense. […] Ainsi, quand mesme elle ne seroit suivie d’aucun avantage temporel, nous ne laisserions pas d’estre obligez à la pratiquer, en consideration de sa noblesse et de sa dignité. […] Je laisse à part les Histoires, qui démonstrent la recognoissance des hommes envers les hommes, et combien il a valu à quelques-uns d’avoir esté courtois et officieux.
Ce n’est point à cause de ta vertu que tu portes cette sonnette, mais bien pour dénoncer ta méchanceté cachée. » Les manières glorieuses des fanfarons laissent voir visiblement leur méchanceté secrète.
reprit la puce, pour moi ce frottement qui te plaît est le pire des malheurs, quand il m’arrive par hasard d’être prise entre leurs mains. » Les fanfarons de paroles se laissent confondre même par un homme simple.
Un jeune enfant dans l’eau se laissa choir, En badinant sur les bords de la Seine.