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2. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — FABLE I. Le Lion amoureux. » p. 140

Sevigné, de qui les attraits Servent aux graces de modele, Et qui naquistes toute belle, A vostre indifference prés, Pourriez-vous estre favorable Aux jeux innocens d’une Fable ? […] Puisque leur engeance Valoit la nostre en ce temps-là, Ayant courage, intelligence, Et belle hure outre cela. […] Mesme un refus eust fait possible, Qu’on eust vû quelque beau matin Un mariage clandestin. Car outre qu’en toute maniere La belle estoit pour les gens fiers ; Fille se coëffe volontiers D’amoureux à longue criniere.

3. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — XIII. La Poule aux œufs d’or. » p. 87

Il la tua, l’ouvrit, et la trouva semblable A celle dont les œufs ne lui rapportoient rien, S’estant luy-mesme osté le plus beau de son bien. Belle leçon pour les gens chiches : Pendant ces derniers temps combien en a-t-on vus Qui du soir au matin sont pauvres devenus Pour vouloir trop tost estre riches ?

4. (1180) Fables « Marie de France, n° 66. L’autour et le rossignol » p. 

Marie de France, n° 66 L’autour et le rossignol Ci nus recunte d’un ostur, ki sur le fust s’asist un jur, u li russinol ot sun ni e ses oiselez bel nurri. […] Si vus pleseit a remüer e sur u autre fust voler, jeo chantereie mut plus bel ; ceo seivent tuit cist autre oisel. » Autresi vet de mainte gent : ne püent pas seürement la u il dutent, bien parler, si cum la u n’estut duter.

5. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XVIII. La Chate metamorphosée en Femme. » p. 50

Un homme cherissoit éperdument sa Chate ; Il la trouvoit mignonne, et belle, et delicate ; Qui miauloit d’un ton fort doux. […] Cet Homme donc par prieres, par larmes, Par sortileges et par charmes, Fait tant qu’il obtient du destin, Que sa Chate en un beau matin Devient femme, et le matin mesme Maistre sot en fait sa moitié. […] Jamais la Dame la plus belle Ne charma tant son Favory, Que fait cette épouse nouvelle Son hypocondre de mary.

6. (1570) Cento favole morali « CENTO FAVOLE MORALI. raccolte, et trattate in varie maniere di versi da m. gio. mario verdizoti. — [46.]. DELLA VOLPE, ET DEL PARDO. » p. 12

Diceva il Pardo Vedi la pelle mia di varie macchie Con ordine e misura al par del cielo, Ch’è di stelle dipinto, adorna tutta Con tal vaghezza, che stupore apporta A qualunque la vede : e tal è ’l pregio Suo, che Baccho figliuol del sommo Giove Non si sdegna coprir le belle membra D’altra mai per lo più, che di tal pelle, Che tutta la mia specie adorna e veste. […] Più bello è il bel del cor, che il bel del volto.

7. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — II. Le Corbeau et le Renard. » p. 124

que vous me semblez beau ! […] A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joye : Et pour monstrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proye.

8. (1180) Fables « Marie de France, n° 31. Le paon » p. 509

A la Destinee le mustra, e la dame li demanda s’il n’ot asez en la beauté dunt ele l’aveit si aürné ; de pennes l’aveit fet plus bel que ne veeit nul autre oisel. Le poün dit qu’il se cremeit que de tuz oiseus plus viel esteit pur ceo que ne sot bel chanter.

9. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — XVIII. L’Aigle et le Hibou. » p. 

Le Hibou repartit : Mes petits sont mignons, Beaux, bien faits, et jolis sur tous leurs compagnons. […] Il avint qu’au Hibou Dieu donna geniture, De façon qu’un beau soir qu’il estoit en pasture, Nostre Aigle apperceut d’avanture, Dans les coins d’une roche dure, Ou dans les trous d’une mazure (Je ne sçai pas lequel des deux), De petits monstres fort hideux, Rechignez, un air triste, une voix de Megere. […] Quelqu’un luy dit alors : N’en accuse que toy, Ou plutost la commune loy, Qui veut qu’on trouve son semblable Beau, bien fait, et sur tous aimable.

10. (1180) Fables « Marie de France, n° 67. Le corbeau qui trouve des plumes de paon » p. 576

Marie de France, n° 67 Le corbeau qui trouve des plumes de paon Del corbel cunte ki trova par un chemin, u il ala, plumes e pennes d’un poün, si s’esguarda tut envirun : plus vil se tient nul oisel pu ceo qu’il ne se vit si bel. Tutes ses plumes esraça, quë une sule n’i leissa ; des pennes al poün s’aürne, trestut sun cors bel [en] aturne ; puis s’asembla od les poüns.

11. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — XXI. La jeune Veuve. » p. 

La Belle avoit un pere homme prudent et sage : Il laissa le torrent couler. […] Je ne dis pas que tout à l’heure Une condition meilleure Change en des nôces ces transports ; Mais aprés certain temps souffrez qu’on vous propose Un époux beau, bien fait, jeune, et tout autre chose Que le défunt. […] Mais comme il ne parloit de rien à nostre Belle, Où donc est le jeune mary Que vous m’avez promis, dit-elle ?

12. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — IX. Le Cerf se voyant dans l’eau » p. 74

Nous faisons cas du beau, nous méprisons l’utile ; Et le beau souvent nous détruit.

13. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — III. Le petit Poisson et le Pescheur » p. 18

Et bien soit, repartit le Pêcheur ; Poisson mon bel amy, qui faites le Prêcheur, Vous irez dans la poësle ; et vous avez beau dire, Dés ce soir on vous fera frire.

14. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XIX. Le Lion et l’Asne chassant. » p. 151

Le gibier du Lion ce ne sont pas moineaux ; Mais beaux et bons Sangliers, Daims et Cerfs bons et beaux.

15. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XVI. La mort et le Buscheron. » p. 60

O mort, luy disoit-il, que tu me sembles belle !
 […] Mais quelqu’un me fit connoistre que j’eusse beaucoup mieux fait de suivre mon original, et que je laissois passer un des plus beaux traits qui fust dans Esope. […] Je joints toutefois ma Fable à celle d’Esope : non que la mienne le merite : mais à cause du mot de Mecenas que j’y fais entrer, et qui est si beau et si à propos que je n’ay pas cru le devoir omettre.

16. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XI. L’homme, et son Image. » p. 

Un homme qui s’aimoit sans avoir de rivaux,
 Passoit dans son esprit pour le plus beau du monde. […] Mais quoy, le canal est si beau,
 Qu’il ne le quitte qu’avec peine.


17. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XVII. L’Homme entre deux âges, et ses deux Maistresses. » p. 31

Je vous rends, leur dit-il, mille graces, les Belles,
 Qui m’avez si bien tondu ;
 J’ai plus gagné que perdu :
 Car d’Hymen, point de nouvelles. […] Il n’est teste chauve qui tienne ;
 Je vous suis obligé, Belles, de la leçon.

18. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XVI. Le Corbeau voulant imiter l’Aigle. » p. 2

Il tourne à l’entour du troupeau ; Marque entre cent Moutons le plus gras, le plus beau, Un vray Mouton de sacrifice. […] Elle empestra si bien les serres du Corbeau, Que le pauvre animal ne put faire retraite ; Le Berger vient, le prend, l’encage bien et beau ; Le donne à ses enfans pour servir d’amusette.

19. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 205 » p. 148

Or le lièvre, éveillé par le bruit, prit la fuite ; et le lion, avant poursuivi le cerf au loin, sans pouvoir l’atteindre, revint au lièvre et trouva qu’il s’était sauvé lui aussi. « C’est bien fait pour moi, dit-il, puisque lâchant la pâture que j’avais en main, j’ai préféré l’espoir d’une plus belle proie. » Ainsi parfois les hommes, au lieu de se contenter de profils modérés, poursuivent de plus belles espérances, et lâchent imprudemment ce qu’ils ont en main.

20. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — XI. L’Asne et ses Maistres. » p. 179

Les Coqs, luy disoit-il, ont beau chanter matin ; Je suis plus matineux encore. […] Belle necessité d’interrompre mon somme !

21. (1570) Cento favole morali « CENTO FAVOLE MORALI. raccolte, et trattate in varie maniere di versi da m. gio. mario verdizoti. — [24.]. DEL GAMBERO, E SUO FIGLIUOLO. » p. 322

IL Gambero riprese un giorno il figlio Spinto d’amor de la maniera brutta, Ch’ei tenea nel nuotar sempre a l’indietro : Dicendo, che più bel parea quel corso, Che move ogni animal col capo inanti, Ch’è membro principal di tutto il corpo. […] Però devria colui, ch’altri riprende, Esser con l’opre ognihor norma a sé stesso Et con l’essempio de la buona vita Mover in prima, e poi con le parole Gli altri chiamar di quella al bel camino : Ch’a quel si ridurrian più facilmente, Persuadendo più l’opra, che ’l dire.

22. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE C. Du Pescheur, et d’un petit Poisson. »

Si vous estes beau, elle s’abandonnera possible au plus laid : Si vous estes riche, elle aymera mieux les pistolles d’autruy que les vostres. Si vous estes beau, riche, et discret, elle aura pour vous une aversion naturelle. […] Il ne faut qu’un embrasement pour reduire en cendre vos belles maisons. […] D’ailleurs, combien pensez-vous qu’on ait ignoré de belles choses, qui seront à jamais incognuës à la memoire des humains ? […] Il est d’elle comme des belles glaces, et des cristaux, que la moindre vapeur obscurcit plus que les mediocres et les communs.

23. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — V. Le Loup et le Chien. » p. 346

Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau ;
 Gras, poli, qui s’estoit fourvoyé par mégarde.
 […] Le Loup donc l’aborde humblement,
 Entre en propos, et luy fait compliment
 Sur son embonpoint qu’il admire :
 Il ne tiendra qu’à vous, beau Sire,
 D’estre aussi gras que moy, luy repartit le Chien.


24. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXII. Du Chat, et du Coq. »

Le Chat s’estant jetté sur le Coq, et n’ayant pas autrement sujet de le traitter mal ne sçeut que luy reprocher, sinon qu’il étoit un importun, qui par son chant éveilloit les hommes, et les empeschoit de reposer. « Ce que j’en fais », respondit le Coq en s’excusant, « est pour leur profit, affin qu’ils se levent pour s’en aller travailler ». « Tu as beau dire », reprit le Chat, « cela n’empesche pas que tu ne sois meschant, et vilain jusques à ce poinct, que pour assouvir ta lubricité, tu as à faire à ta Mere, et n’espargnes pas mesmes tes sœurs ». […] Il a beau dire des raisons valables ; Il a beau s’excuser sur son innocence, et alleguer tout ce qu’il faut pour une persuasion qui soit raisonnable.

25. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 347 » p. 271

De moi, au contraire, le nom même leur semble beau, le plus beau, par Zeus, de tous les noms.

26. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXX. Du Loup, et de la Teste peinte. »

Le Loup ayant treuvé dans la boutique d’un Sculpteur une teste de relief, se mit à la tourner de tous costez ; et bien estonné de voir veritablement qu’elle n’avoit point de sens : « O la belle teste !  […] Tellement que c’est avoir l’ame plus belle, que de cognoistre plus au vray les choses, et d’aymer plus celles qui sont veritablement bonnes. […] D’où il est aisé de conclure, que celuy-là aura l’ame plus belle qui aura plus d’esprit et plus de Vertu. […] Il vaut donc mieux se contenter de ce que nous en avons dit, et jetter les yeux sur le Renard de ceste Fable, qui se mocque agreablement, quand il dit; « ô la belle teste, si elle avoit un cerveau ! 

27. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Xanthus fait un present d’Esope à sa femme. Chapitre VIII. »

Les servantes croyant ces paroles veritables, en fûrent si fort touchées, quelles se débattoient des-jà, à qui auroit pour mary ce beau serviteur. […] Ostez-le, je vous prie de devant moy ». « Tout beau, ma femme », respondit Xanthus, « ne vous fâchez point, je vous prie, et cessez de vous mocquer de mon nouveau serviteur ». « Comment », reprit-elle, « que je ne m’en mocque point ? […] Certes, il est bien à croire, que n’osant sans honte me dire, que je sorte de vostre maison, vous m’avez amené ceste belle teste de chien, affin que je m’enfuye bien loing, ne pouvant, qu’à regret en estre servie : Donnez-moy doncques mon doüaire, et je m’en iray ». […] Cela estant, Madame, vous qui estes mariée à un Philosophe, gardez-vous bien de vous faire servir par des valets, qui soient plus beaux et plus gentils qu’il ne faut, de peur de mettre en ombrage vostre Mary ». A ces mots, la femme de Xanthus ne sçachant que répondre, et n’y pouvant contre-dire, elle se tourna vers son Mary, pour luy demander où il avoit pris ce beau gibier ?

28. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XX. Le Coq et la Perle. » p. 503

Un jour un Coq détourna
 Une Perle qu’il donna
 Au beau premier Lapidaire.


29. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — III. La Moûche et la Fourmy. » p. 521

Mais ma mignonne, dites-moy, Vous campez-vous jamais sur la teste d’un Roy, D’un Empereur, ou d’une Belle ? Je le fais ; et je baise un beau sein quand je veux : Je me jouë entre des cheveux : Je rehausse d’un teint la blancheur naturelle : Et la derniere main que met à sa beauté Une femme allant en conqueste, C’est un ajustement des Moûches emprunté.

30. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 12 » pp. 16-16

s’écria la belette, tu as beau être en fonds de belles justifications, moi je ne resterai pas à jeun pour cela, » et elle le dévora. Cette fable montre qu’une mauvaise nature, déterminée à mal faire, quand elle ne peut pas se couvrir d’un beau masque, fait le mal à visage découvert.

31. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE J. Du Coq, et de la pierre precieuse. »

Le Coq ayant apperçeu fortuitement une pierre precieuse en un fumier qu’il grattoit ; « Dequoy me peut servir », dit-il, « d’avoir trouvé une chose si belle et si nette ? […] Or comme elles surpassent de loing les richesses materielles, aussi ont elles des degrez de difference les unes avec les autres, n’estant pas toutes esgalement belles et necessaires, mais chacune selon sa proportion, et la dignité de son estre. […] D’où il est aisé de voir, qu’Esope a eu bonne grace en cette premiere Fable, de les representer par la pierre precieuse, qui semble estre plus belle à nos sens que toute autre chose, et plus rare aussi à nostre rencontre.

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