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25. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXIII. Des Coqs, et de la Perdrix. »

Mais prenons que le deshonneur y fut tout certain, ce qui toutesfois est une chose impossible, (car nostre siecle n’est pas si dépourveu de Vertueux, qu’on ny condamne encore les mauvaises actions ; et qu’on ny mette la constance au nombre des choses heroïques).

26. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIV. De la Corneille, et de la Cruche. »

Tout ce qu’ils ont pû donner à la nature des animaux a esté une défectueuse puissance de discourir, qu’ils ont soustenu n’estre divisée par un nombre reiglé de propositions, ny certain en ses consequences, ny capable de reflexion ; Comme en effect, l’experience en est une preuve. […] Cela estant, pour peu d’esprit qu’elles eussent, il ne leur seroit pas mal-aisé d’éviter nostre sujection, veu les autres advantages qu’elles ont en grand nombre par dessus nous, comme la force et l’addresse du corps, joincte à la perfection de tous les sens ; et en ce cas là, nous n’aurions jamais appris à dompter les Lions, qui surpassent de bien loing nostre valeur, ny les Elephants, auprés desquels nous ne semblons que des Mouches, ny les Tygres, dont la legereté est imperceptible à nos yeux, ny les Serpents, dont la seule veuë imprime de l’horreur à toute nôtre espece, ny les Basilics, qui font mourir du regard, ny les Poissons, qui sont enfermez dans les abysmes de l’eau, ny les Oyseaux, qui ont libre toute la plaine de l’air.

27. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CI. De l’Avare, et de l’Envieux. »

L’on passe tous les jours les Alpes et les Pyrenées avec des mulets : on s’astraint aux petites journées de ces animaux chargez : on s’expose au hazard des voleurs et des maladies : on essuye le Soleil, les vents, les pluyes, et les tonnerres : on quitte la chere et agreable Patrie : on va parmy les deserts de l’Arabie querir l’Encens et la Canelle : on est contraint deporter dans des cuirs de bœuf l’eau que l’on doit boire : on s’assemble au nombre de quinze ou vingt mille contre l’invasion des Massagetes : enfin on soufre des peines indicibles pour la trompeuse esperance d’un peu de richesses.

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