Or ce que je dis des Sculpteurs, il le faut aussi entendre des Poëtes, comme pareillement des Peintres, et de tous ceux à qui l’on commet le soing de l’Eternité des actions.
Quoy qu’il s’en trouve parmy eux qui disent, que le mépris des biens est une action bonne et honneste de soy-mesme, ils l’estiment toutesfois plus admirable qu’imitable. […] C’est elle qui sert d’éguillon aux plus hautes entreprises ; Elle qui fait les Vaillants et les Doctes, et qui porte nos Esprits non seulement à l’action vertueuse, mais encore à la perfection de toute Vertu.
Ses fables sont courtes, faciles à comprendre et intéressantes par l’action qui en quelques vers s’y déroule. […] Il est vrai que ses fables avaient acquis assez de notoriété pour parvenir à la connaissance de Séjan, à qui elles avaient servi de grief ; mais il est probable que ce dernier n’y avait pas attaché une grande importance et qu’il n’avait pas donné suite à son action en justice ; car on ne voit pas que Phèdre ait été atteint par le ministre de Tibère ni dans ses biens qui étaient nuls, ni dans sa liberté qu’il paraît avoir toujours conservée.