Chambry 276 Chambry 276.1 Ὄνος καὶ κυνίδιον siue Κύων καὶ δεσπότης — L’âne et le petit chien ou Le chien et son maître. […] Jaloux, l’âne accourut vers le maître, et se mettant à gambader, il l’atteignit d’un coup de pied. Le maître en colère le fit reconduire à coups de bâton et attacher au râtelier.
Il répondit : « Le maître vient de m’acheter. – Et tu oses, bête effrontée entre toutes, reprit la chatte, tu oses, tout nouveau venu, pousser de pareils cris, tandis qu’à moi, née à la maison, les maîtres m’interdisent de crier ! et si parfois cela m’arrive, ils se fâchent et me jettent à la porte. – Va te promener, ma belle dame ; il n’y a pas de comparaison à faire entre nous ; ma voix n’agace pas les maîtres comme la tienne. » Cette fable convient aux critiques malveillants toujours prêts à jeter le blâme sur les autres.
Ne pouvant s’en rendre maîtres, à cause des chiens qui les gardaient, ils résolurent d’user de ruse pour en venir à leurs fins. […] Les moutons ne prévoyant pas ce qui allait arriver, livrèrent les chiens, et les loups, s’en étant rendus maîtres, égorgèrent facilement le troupeau qui n’était plus gardé.
Comme ils adressaient des reproches aux pigeons domestiques, parce que, étant de la même tribu, ils ne les avaient pas avertis du piège, ceux-ci répondirent : « Nous avons plus d’intérêt à nous garder du mécontentement de nos maîtres qu’à complaire à nos parents. » Ainsi en est-il des serviteurs : il ne faut pas les blâmer, quand, par amour de leurs maîtres, ils manquent aux lois de l’amitié envers leurs propres parents.
Chambry 175 Κύκνος <καὶ δεσπότης> – Le cygne et son maître. […] Son maître, l’entendant, lui dit : « Si tu ne chantes que quand tu vas mourir, j’ai été bien sot de te prier de chanter jadis au lieu de t’immoler. » Il arrive ainsi quelquefois que, ce qu’on ne veut pas faire de bonne grâce, on le fait par contrainte.
Cependant une autre guerre fut annoncée, et à l’appel de la trompette le maître brida son cheval, s’arma lui-même et l’enfourcha. […] Il dit à son maître : « Va maintenant te ranger parmi les fantassins ; car de cheval tu m’as changé en âne.
Or quand le chien de chasse sortait pour chasser et prenait quelque gibier, le maître en jetait une partie à l’autre chien aussi. […] ce n’est pas moi qu’il faut blâmer, mais notre maître qui m’a appris, non à travailler, mais à vivre du travail d’autrui. » C’est ainsi que les enfants paresseux ne sont pas à blâmer, quand leurs parents les élèvent dans la paresse.
Alors le loup, saisissant l’occasion favorable, accusa le renard par-devant le lion : « il n’avait, disait-il, aucun égard pour celui qui était leur maître à tous, et c’est pour cela qu’il n’était même pas venu le visiter. » Sur ces entrefaites le renard arrivait lui aussi, et il entendit les dernières paroles du loup. […] Le renard répondit : « C’est d’écorcher vif un loup, et de te revêtir de sa peau toute chaude. » Le loup fut incontinent mis à mort, et le renard dit en riant : « Il ne faut pas exciter le maître à la malveillance, mais à la douceur, » Cette fable montre qu’en dressant des embûches à un autre on se tend un piège à soi-même.
Les querelles des subordonnés excitent les maîtres à la colère contre leurs sujets.
Un chameau que son propre maître contraignait à danser dit : « Ce n’est pas seulement quand je danse que je manque de grâce, j’en manque même lorsque je marche. » Cette fable peut se dire à propos de tout acte dépourvu de grâce.
Le loup une fois dressé lui dit : « Maintenant que tu m’as habitué à voler, prends garde qu’il ne te manque beaucoup de moutons. » Les gens que la nature a faits redoutables, une fois dressés à la rapine et au vol, ont souvent fait plus de mal à leurs maîtres qu’aux étrangers.
Dans une ménagerie De volatiles remplie Vivoient le Cigne et l’Oison : Celuy-là destiné pour les regards du Maître, Celuy-cy pour son goust ; l’un qui se piquoit d’estre Commensal du jardin, l’autre de la maison.
Une esclave laide et méchante était aimée de son maître.
Son maître lui pendit une sonnette, pour le signaler à tout le monde.
Mais ce dieu lui répondit : « Misérable, comment me fierais-je à toi, qui as renié et frustré ton premier maître ?
Marie de France, n° 15 L’âne qui veut jouer avec son maître De un riche hume cunte li escrit, quë aveit un chenet petit.
Alors elle s’adressa, flatteuse et suppliante, à la tête : « Sauve-nous, s’il te plaît, maîtresse ; car j’ai eu tort d’entrer en lutte avec toi. » Cette fable confond les hommes rusés et pervers qui se révoltent contre leurs maîtres.
Phedre, sur ce sujet, dit fort élegamment, Il n’est pour voir que l’œil du Maître.
Alors il se mit à supplier la chèvre de ne pas le dire au maître.
Nous, nous vivons dans la liberté ; vous, soumis et asservis aux hommes, vous endurez d’eux les coups, vous portez des colliers et vous gardez les troupeaux ; et quand vos maîtres mangent, ils ne vous jettent que les os.
Un renard, l’ayant aperçu, lui dit : « Ce n’est pas à celui-ci qu’il faut le donner, mais à ton premier maître ; le deuxième en effet est naturellement bon ; tâche plutôt de te faire bien venir de l’autre, de peur qu’il ne te reprenne et ne t’arrache les ailes. » Cette fable montre qu’il faut généreusement payer de retour ses bienfaiteurs, et tenir prudemment les méchants à l’écart.
Son maître ayant fait venir le vétérinaire, lui demanda un remède pour le blessé.
Un lion, qui tramait la mort d’un taureau énorme, projeta de s’en rendre maître par la ruse.
Alors les chiens, voyant ce qui se passait, se dirent entre eux : « Il faut nous en aller d’ici, car si le maître a osé toucher aux bœufs qui travaillent avec lui, comment nous épargnera-t-il ?
l’homme, si c’est une ville comme celle-ci que tu fondes, tu n’y trouveras pas beaucoup d’habitants. » Cette fable montre que si l’on déserte les maisons et les villes, c’est surtout quand les maîtres y sont incommodes.
Un renard l’aperçut, et, voulant se rendre maître de la viande, se posta devant lui et loua ses proportions élégantes et sa beauté, ajoutant que nul n’était mieux fait que lui pour être le roi des oiseaux, et qu’il le serait devenu sûrement, s’il avait de la voix.
Il répondit qu’en cela aussi il servait l’intérêt de ses maîtres, puisque grâce à cela les poules leur pondaient beaucoup d’œufs. « Eh bien !
Un loup fondit sur lui, et il allait faire de lui son repas, quand le chien le pria de ne pas l’immoler tout de suite : « À présent, dit-il, je suis mince et maigre ; mais attends quelque temps : mes maîtres vont célébrer des noces ; moi aussi j’y prendrai de bonnes lippées, j’engraisserai et je serai pour toi un manger plus agréable. » Le loup le crut et s’en alla.