Si vous fussiez tombé, l’on s’en fust pris à moy : Cependant c’estoit vostre faute.
Zeus a décidé jadis qu’Hermès inscrirait sur des coquilles les fautes des hommes et déposerait ces coquilles près de lui dans une cassette, afin qu’il fasse justice à chacun.
» Ne blasphémez pas contre les dieux, quand il arrive un malheur ; examinez plutôt vos propres fautes.
Toutesfois ce que dit un grand Docteur, estant veritable, à sçavoir, qu’il arrive difficilement que celuy qui n’a fait autre chose que vivre mal, ait l’avantage de bien mourir, il ne faut pas jusques là nous reposer en ceste haute Bonté, que nous n’ayons soing de nous en rendre dignes : Car c’est en abuser que de faire des fautes pour la requerir.
Mais je tomberois en la faute que je reprens en autruy, si par des paroles superfluës je m’arrestois d’avantage, ou à déduire, ou à prouver le sentiment de mon Autheur.
Mais que cette humeur soit, ou non, Le défaut du sexe et sa pente, Quiconque avec elle naistra, Sans faute avec elle mourra, Et jusqu’au bout contredira, Et, s’il peut, encor par-delà.
Elle la condamne seulement à ne se trouver plus avec les autres Oyseaux, et à ne paroistre jamais en plein jour, comme si elle eust raisonné de ceste sorte. « Si la faute que tu as faite provient de haine contre moy, ô infidelle et chetive Chauve-souris, n’attends pas que je te fasse l’honneur de m’en vanger. […] Que si l’on m’objecte à cela, que le vice de lascheté estant pernicieux à l’Estat, quand il ne meriteroit point de soy-mesme un rigoureux chastiment, si est-ce qu’à cause de la consequence, il y faudroit proceder le plus severement qu’il seroit possible, pour empescher à l’advenir tous les jeunes hommes de tomber en pareil inconvenient ; A cela je responds, qu’un poltron executé à mort, est enlevé hors de la presence des Vivants, et ne sert point d’un si bel exemple, pour destourner la jeunesse d’une pareille faute, que quand il demeure parmy nous chargé d’opprobres et d’infamie ; Car alors il resveille incessamment la memoire de son supplice, et prend en horreur l’action qui le luy a pû causer.
Il est visible à tous les yeux que ma corne est cassée. » Quand la faute est évidente, il est impossible de la dissimuler.
elle qui ruïne les alliances, les Estats, et les Royaumes : Et pour le dire en un mot, elle-mesme d’où procedent la pluspart des fautes et des malheurs qui nous arrivent en cette vie ?
Sans doute, si nous estions tant soit peu sensibles aux salutaires advis qu’il nous donne, nous aurions tous-jours l’esprit comblé de consolations, et ne tomberions jamais dans les fautes qui nous arrivent par nostre incredulité.
si tu étais tombé, ce n’est pas ton imprudence, c’est moi que tu en aurais accusée. » C’est ainsi que beaucoup de gens, tombés dans le malheur par leur faute, en accusent les dieux.
Car alors à peine peuvent ils avoir la force de se repentir vivement de leurs fautes, ny assez de memoire et d’entendement pour s’en confesser.
Même mort, on peut se venger ; car la justice divine à l’œil sur tout, et proportionne dans sa balance le châtiment à la faute.
Que si nous sommes dans une faute sans defence, il retiendra sa colere avec plus de moderation que le Vicieux, et se contentera tous au plus de nous priver de son amitié. […] Que si elle rejette sa faute sur une extrême necessité, prenant pour pretexte de son action la Charité paternelle, elle ne trouvera non plus d’excuse avecque nous, puis qu’elle devoit non seulement laisser perir ses petits, mais encore mourir elle mesme de faim, plustost que de joüer un si lasche tour à son amy.
C’est ainsi que l’Historien Tite-Live, loüe perpetuellement les Romains en tout son ouvrage, si ce n’est de hazard quand leurs fautes sont trop visibles, pour les taire ; Encore s’étudie-t’il alors à les paslier avecque tant d’art, qu’il est aisé de cognoistre que la pure flaterie parle dans ses escrits. […] Quant aux hommes de moindre qualité, mais qui ont assez d’ambition, pour souhaitter de vivre dans une Histoire, il n’est pas incompatible qu’ils ne corrompent les Escrivains mercenaires, pour se faire vendre bien cherement quatre lignes de loüange ; Que si quelques-uns d’entr’eux ne le font, la faute en est à leur avarice, et non pas à leur moderation, en matiere de vaine gloire.
Ce n’est donc pas de merveille s’ils nous abandonnent, puis qu’ils ne nous avoient aymez qu’avec espoir ; Mais c’est bien une chose execrable, et toutesfois tres-commune, que nos amis nous tournent le dos sur le declin, et sont les premiers à faire mention de nos fautes, jusques à nous traicter inhumainement.
Il faut que nostre volonté soit captive, et non pas nostre entendement ; bref, il faut corriger les fautes des nostres, mais non pas n’en croire aucunes en eux.
Pour la mesme raison, tant Alciat qu’Esope, ont fort judicieusement attribué ceste action au grossier animal d’Arcadie, pour nous donner à entendre qu’une faute si pesante que celle-là, ne peut provenir que d’une extrême ignorance.
Mais c’est dequoy je ne suis pas d’advis de parler, pour ne tomber impertinemment dans la mesme faute dont je le blâme.
N’est-ce pas ce qui a rendu leur faute indigne de pardon ?
Car de dire que la bonté que nous luy tesmoignerions à pardonner une offense, l’obligeroit à vivre plus fidelement avecque nous, et à n’y retomber jamais, cela me semble extrémement foible, puis qu’on peut alleguer aussi, que l’impunité de sa faute seroit un leurre pour l’y rappeller.
Mais nous sommes si hastez d’arriver à la fin, à cause de la grosseur de ce Volume, que possible ce ne fera point une faute d’user icy de la promptitude que nous blasmons en autruy.
Comme il se sentit pris, et trompé si vilainement, il se mit fort en colere, et en imputa toute la faute au Renard, qui sans s’esmouvoir autrement de ses paroles : « O pauvre fol », luy dit-il de fort bonne grace, « qu’avecque peu de raison tu as crû meriter un empire sur autruy, puis que tu n’as sçeu commander à toy-mesme ».
Zenas (c’estoit le nom de celuy qui avoit la charge de la Mestairie) estant allé voir si les manœuvres s’acquittoient bien de leur travail, en apperçeut un entre les autres qui ne s’y portoit pas si ardemment qu’il eust voulu, ce qui fut cause, qu’il se mit à le frapper pour une legere faute.
» A ces mots Esope se sentant surpris, « Mon Maistre », respondit-il, « s’il se trouve que le gasteau ne soit bien cuict, je suis content que tu me frappes ; mais s’il n’est assaisonné comme il doit estre, le blâme en est à ma Maistresse, et non pas à moy ». « Si cela est », adjousta Xanthus, « et que la faute vienne de ma femme, je la feray sans delay brûler toute vive ».
Ces paroles mirent en desordre Xanthus, qui toutesfois pour s’en servir comme d’une excuse envers sa femme ; « Ne vois tu pas », luy dit il, « que ce dequoy tu m’accuses n’est point ma faute, mais de celuy qui a apporté ceste viande ?
Il supporta toutesfois ceste incommodité avec une merveilleuse resolution, et ne perdit pour cela, ny sa belle humeur, ny la raillerie à l’heure de sa mort, quoy qu’il rendit l’esprit sous un Arbre, à faute d’avoir une malheureuse retraicte pour se loger.
Celuy-là, comme je croy, n’est pas digne d’un bien, ou d’un privilege par dessus les autres, qui le laisse perir, ou diminuër par sa propre faute, d’autant que la soigneuse conservation d’une chose, est un merite en la personne qui la conserve ; si bien que par consequent c’est une espece de démerite de la laisser descheoir ou avilir par sa nonchalance.