« Bien devum le gupil lesser, que seins s’en puisse repeirer. » Par me[i]mes ceste raisun, quant fols prent sage a cumpainun, si nule rien deveient partir, le sage se set al meuz tenir, par parole l’autre deceit ; sa mençunge pur verté creit.
» demanda Esope. « Si je me fusse tenu debout », repartit Xanthus, « le Soleil m’eust bruslé la teste, et la terre les pieds, joinct que l’acrimonie de l’urine m’eust offensé les narines ». […] Cependant la femme de Xanthus ayant commandé qu’on appellât ce nouveau valet, pour le faire entrer, il y en eust une qui courut à la porte plus promptement que les autres, estimant par ce bon office, de tenir des-ja des erres de son futur mariage.
L’on tient qu’autresfois le Sapin s’estant mis à mespriser le buisson, se vantoit de sa hauteur, et disoit en outre qu’il servoit à la structure des Palais, et à faire des masts aux navires, au lieu que le Buisson vil et abject n’estoit bon à rien. […] Quel moyen y a-t’il donc de se tenir ferme dans la Vertu, et d’avoir un milieu presque asseuré de praticquer si delicieusement le Vice ? […] Que s’il ne tient qu’à divertir la punition du crime ; Bon Dieu !
Comprenant qu’elle s’était laissée tomber de frayeur, il s’approcha et la rassura, en lui promettant, si elle lui tenait trois propos vrais, de la laisser aller.
L’un monta vite sur un arbre et s’y tint caché ; l’autre, sur le point d’être pris, se laissa tomber sur le sol et contrefit le mort.
Car il y a de l’apparence que pour en venir là, il faut avoir necessairement une volonté de pecher, tout à fait noire et déterminée, ce qui tient du desespoir en quelque façon.
Le seul tribut les tint en peine.
Enfin si dans ces Vers je ne plais et n’instruis, Il ne tient pas à moy, c’est toujours quelque chose.
Il y avoit une fois un Liévre, qui se voyant tenu de prés par une Aigle, et ne sçachant où se cacher, se retira dans la terriere de l’Escarbot, luy requerans d’avoir soing de sa conservation. […] Ne sçachant donc plus quel conseil prendre, elle s’envola vers Jupiter (car on tient qu’elle est en sa protection) et mit à ses genoux la troisiesme portée de ses œufs, qu’il luy recommanda, le priant de les avoir en sa garde.
Voici ce qui en est résulté : quand les hommes accomplissent le temps que leur a donné Zeus, ils sont purs et bons ; quand ils arrivent aux années qu’ils tiennent du cheval, ils sont glorieux et hautains ; quand ils en sont aux années du bœuf, ils s’entendent à commander ; mais quand ils achèvent leur existence, le temps du chien, ils deviennent irascibles et grondeurs.
Quelque temps aprés que le Marchand fût de retour en sa maison, il commanda à ses serviteurs de faire des balles de marchandise, et se tenir prests pour son voyage d’Asie, où il estoit resolu d’aller, et de partir le lendemain.
Mais il arriva de bonne fortune, qu’Hermippus, qui lui avoit toujours esté ami, témoigna qu’il l’estoit encore à ce besoin, car au lieu de le mettre à mort, il le tint si bien caché dans un tombeau, où il le nourrit secrettement, que nul ne s’en apperçeut.
Or outre le mal qui nous vient de ne croire un bon amy, qui nous conseille fidellement, il en arrive souvent un autre plus considerable que celuy-là, à sçavoir, que nous perdons presque tousjours l’amitié de celuy qui entreprend de nous exhorter, à cause que se voyant si peu digne de creance envers nous, il se rebutte aisément de nostre praticque, et ne peut souffrir la plus part du temps que nous le tenions pour suspect en sa veritable affection.
Li mulez a la nue vient, [e] dit que si puissant la tient que sa fille volt demander.
Nul fascheux demandeur ne vient à sa porte : Nul creancier ne l’importune : Les plus grands personnages de l’Antiquité luy tiennent compagnie dans les livres ; Et quelque part qu’il se tourne, il y treuve dequoy se divertir apres le petit travail de son estude : Bref il ne fait rien à regret, rien avecque contraincte. […] Les perfidies ne le tiennent pas en haleine ; Et dans le comble de ceste felicité, il peut à bon droict s’escrier avec Horace ; Heureux qui d’un soc laboureur, Loing de la civile fureur Avec ses bœufs cultive Sa paternelle rive : Et avecque Virgile, O trop heureux paysants s’ils cognoissent leur bien !
Il ne faut donc pas t’estonner si elle nourrit, comme une chose legitime, ce qui est sien, et si l’entretenant mieux, elle ne donne pas tant d’aliment aux plantes que tu prends la peine de cultiver, pource qu’elle les tient pour bastardes ».
Ceux-cy trament des menées artificieuses avec un but interessé, et sur le poinct que leurs pratiques s’en vont esclorre, ils se tiennent aux aguets pour en voir l’issuë, et rencontrent à la fin leur accommodement dans les fatigues des autres hommes, avec lesquels ils ont fait une amitié de dessein, et qui n’est ny noble ny vertueuse.
Cependant, ses premiers amis qui le voyent affligé, ne viennent aucunement à son secours : au contraire, ils se tiennent bien loin de luy, et ne daignent escouter les plaintes que la necessité l’oblige de faire.
Premierement les hommes puissants et injurieux se peuvent representer qu’ils ne tiennent leur force que de Dieu, qui ne la leur donne point à dessein d’affliger les foibles, mais plustost pour leur faire du bien, et les secourir.
Xanthus rasseuré par ces paroles d’Esope, se resolut de le croire, et ne faillist point le lendemain de se trouver en la Maison de Ville, ou, suivant le conseil de son serviteur, il se mit à parler aux Assistants, qui le prierent incontinent de faire venir Esope A son arrivée, il se tint debout devant les Samiens, qui bien estonnez de voir un homme de ceste mine, s’en rioient ouvertement, et disoient tout haut. « Vrayment voila un bel homme, pour nous expliquer le Prodige, dont nous sommes si fort en peine. […] Ce qu’Esope ayant appris, et s’estant presenté devant l’assemblée, « Hommes Samiens », dit-il, « je tiens à singuliere faveur de ce que je m’en vay trouver le Roy Cresus, pour me jetter à ses pieds, et le saluër ; Mais auparavant, souffrez que je vous die une Fable.
Car voyant les Villes de la Grece en division, pour l’Empire et la liberté, il les sçeut si à propos tenir en balance, tantost par son amitié, tantost par sa haine, que de tous les Princes qui disputoient la domination entr’eux, luy seul y trouva son compte, et gaigna le principal advantage.
Le Loup contemploit du haut d’un Rocher deux Chiens, qui au lieu de se tenir en paix prés du troupeau qu’ils avoient en garde, s’entre-battoient, et se deschiroient à belles dents.
Quant au second, je n’en veux point d’autre preuve que celle de ce prodigieux Milon de Crotone, que l’on tient avoir couru une stade entiere aux jeux Olympiques, portant sur ses espaules un Bœuf, qu’il tua d’un coup de poing, apres l’avoir déchargé ; Ce qui fut asseurément un pur effet de l’exercice et de l’habitude, par qui la Vertu cultivée, a de tout temps rendu merveilleuses, et comme incroyables, les actions des hommes extraordinaires.
Puis eurent tut lur jugement, ne tient vers eus nul ser[e]ment.
Mais le Loup se mocquant d’elle ; « Va-t’en », luy dit-il, « sotte que tu és et te retire bien loing d’icy ; ne te doit-il pas suffire que tu vis encore, car tu m’és asseurément redevable de la vie, pour ce qu’il n’a tenu qu’à moy que je ne t’aye arraché le col ».
Témoin ce Barbier dont Plutarque raconte l’histoire, qui estant tenu dans la Ville d’Athenes pour un homme extrémement causeur et peu veritable, apprit par hazard sur le port de Pirée d’un fugitif qui avoit abordé dans une chalouppe, que l’armée des Atheniens avoit esté entierement défaite.
En quoy, certes, je me suis tenu dans une simple façon de moraliser, et de dire des choses plustost vrayes que subtiles : car en ces Discours tout mon dessein n’a esté que d’acheminer les hommes à la Vertu, combien que je sois l’homme du monde le moins Vertueux.