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67. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIX. De la femelle du Singe, et de ses deux Enfants. »

Telle estoit jadis la Republique des Sybaritains, de qui mesme l’on trouve à peine le nom dans les Histoires, si ce n’est que les Autheurs vueillent parler de sa mollesse, pour monstrer que les personnes qui s’y adonnent, ne sont capables que de cela. […] Mais je retombe insensiblement en un Discours, dont j’ay si souvent parlé dans cét Ouvrage, que je pourrois me rendre ennuyeux au Lecteur, par la necessité des redites.

68. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — La mort d’Esope. Chapitre XXX. »

Comme on le menoit ainsi à la mort, il leur disoit en s’y en allant. « Au temps que les bestes parloient, le Rat ayant fait amitié avec la Grenoüille, luy voulut donner à souper, et l’amena pour cét effect au Cellier d’un riche homme, où il y avoit quantité de viandes, l’invitant à se saouler par ces mots qu’il luy reïteroit, “Mange m’amie Grenoüille”. […] Il eust à peine achevé de parler ainsi, qu’ils le precipiterent du haut d’un rocher, et voylà quelle fust la fin de sa vie.

69. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXII. Du Chat, et du Coq. »

Ainsi, dis-je, s’il arrive que les Grands veüillent faire mourir quelqu’un, apres avoir parlé genereusement pour le bien de la Patrie, il ne se trouvera que trop de Complaisants prés de leur personne, qui pour en haster la punition, luy imposeront incontinent le crime de Calomniateur, de Seditieux, et de Boute-feu.

70. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XX. Testament expliqué par Esope. » p. 512

Ayant ainsi parlé Il fait le partage luy-mesme, Et donne à chaque sœur un lot contre son gré.

71. (1180) Fables « Marie de France, n° 73. Le mulot qui cherche à se marier » p. 73

[La] fille al plus haut element vodra li mulez demander : al soleil en ala parler.

72. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLV. Du Loup, et du Chien. »

Le Loup l’ayant ouy parler ainsi ; « Est-ce donc cela ?  […] Aussi est-ce pour cela qu’il en parle icy avec des advantages extrêmes, la preferant à la plus delicieuse vie du monde, si elle est accompagnée de sujetion.

73. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 224 » pp. 158-158

Quand le soir fut venu, il entendit de nouveau la vieille qui choyait le petit enfant et lui disait : « Si le loup vient ici, nous le tuerons, mon enfant. » En entendant ces mots, le loup se remit en route en disant : « Dans cette ferme on parle d’une façon, on agit d’une autre. » Cette fable s’adresse aux hommes qui ne conforment pas leurs actes à leurs paroles.

74. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXVIII. Du Chien envieux, et du Bœuf. »

Il me semble que nous avons cy-dessus assez amplement parlé de l’envie, qui consiste en la douleur que nous conçevons du bien et de la prosperité d’autruy.

75. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXVII. Du Liévre, et de la Tortuë. »

Toutesfois comme l’eau croupit insensiblement, et devient puante, si elle n’est remüée, et le feu s’esteint si on l’empesche d’agir, en luy ostant la matiere qui l’entretient ; Ainsi, pour en parler sainement, ny la beauté de l’esprit, ny la force du corps, ne sont que des qualitez inutiles à l’homme, s’il ne s’en sert au besoin, et s’il ne reduict la puissance en acte.

76. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 200 » pp. 336-336

Parle, je suis pressé, je crains qu’il ne me réclame ; car il ne peut se passer de mes conseils en rien. Mais, si tu veux bien écouter un vieillard, je te conseille de venir aussi et d’attendre sa mort près de lui. » Ainsi parla le renard, et le cœur du cerf se gonfla de vanité à ces discours, et il vint à l’antre sans se douter de ce qui allait arriver.

77. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « A MONSIEUR. MONSIEUR. DE SAINCT SYMON, premier Gentil-homme de la Chambre. du Roy, et son premier Escuyer. »

MONSIEUR, La deformité du corps estant, comme elle est, une marque ordinaire de celle de l’ame, j’auois un juste sujet d’apprehender que pour cette raison ce pauvre Esclave estranger, à qui je fais parler nostre langue, ne fust mal venu aupres de vous.

78. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXII. De la Mouche, et du Chariot. »

Ils font parler hautement leurs serviteurs, et leurs alliez.

79. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXVIII. Du Berger, et du Loup . »

Il se remarqua pour lors que la premiere parole que dit ce causeur, fut de s’enquerir si le Capitaine General n’avoit pas esté tué sur la place, tant cette maudite demangaison de parler s’estoit emparée de son esprit.

80. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre troisiéme. — FABLE I. Le Meusnier, son Fils, et l’Asne. » p. 721

Quant à vous, suivez Mars, ou l’Amour, ou le Prince ; Allez, venez, courez, demeurez en Province ;
 Prenez femme, Abbaye, Employ, Gouvernement ;
 Les gens en parleront, n’en doutez nullement.

81. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCIX. Du Sapin, et du Buisson. »

Mais la response qu’il en receut fut telle ; « Monsieur le Sapin, à ce que je voy tu ne manques pas de vanité à publier ce qu’il y a de bon en toy, ny d’insolence à te mocquer de mes maux ; Mais que ne parles-tu aussi bien de ton malheur particulier, et de ma bonne fortune ? […] Parlerons-nous maintenant de la Vengeance ?

82. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE VIII. Du Laboureur et du Serpent. »

Jugeons par cecy de la foiblesse de nostre nature, puis qu’un homme tel qu’Esope, si excellent en esprit, et qui avoit si bien parlé de l’ingratitude, ne pût s’empescher d’estre deçeu au choix de son fils adoptif, et que ce Perfide, qu’il avoit comme enchanté des promesses de son heritage, ne laissa pas de luy tendre un piege mortel, et de le traicter comme le pire de tous ses ennemis.

83. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXX. Du Loup, et de la Teste peinte. »

» comme voulant monstrer que la beauté corporelle est tousjours moindre que celle de l’esprit, et que les excellents visages ne doivent estre estimez qu’une chetiue Sculpture, s’ils ne sont animez par l’interieur, ou pour mieux parler, s’ils n’ont autant de gentillesse que de beauté.

84. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 179 » pp. 328-328

Je vais bâfrer et m’en donner tout mon soûl, de manière à n’avoir pas faim de tout demain. » Tandis qu’il parlait ainsi à part lui, tout en remuant la queue, comme un ami qui a confiance en son ami, le cuisinier le voyant tourner la queue de-ci, de-là, le prit par les pattes et le lança soudain par la fenêtre.

85. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Subtile response d’Esope, touchant les superfluitez que la Nature rejette. Chapitre XVIII. »

Nenny certes : C’est pourquoy j’ay à te prier, que pour me tirer de cét embarras, en me faisant gaigner la gajeure, ou en rompre le pacte, tu vueilles employer pour moy tout ce que tu as de cognoissance, d’adresse, et d’experience ». « Pour t’en parler franchement », dit Esope, « l’on sçait assez que tu t’es offert à une chose, de laquelle il t’est impossible de venir à bout, mais j’ose bien me vanter d’en faire annuller les conditions.

86. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXII. D’un Enfant, et de sa Mere. »

Mais je m’arreste plus qu’il ne faut à la moralité de ceste Fable, qui parle de soy-mesme trop clairement, pour avoir besoin d’estre commentée.

87. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope ameine à son Maistre un homme niais, et sans soucy. Chapitre XVI. »

Xanthus oyant ainsi parler ce bon homme, et voyant qu’il n’y avoit point de malice en son fait, s’en estonna grandement, et dit à Esope ; « Vrayment tu n’as pas eu mauvaise raison d’appeller cét homme exempt de soucy, car il l’est en effect ; Voila pourquoy, pour l’avoir si bien rencontré, mesme pour m’avoir vaincu, tu reçevras la recompense que tu merites.

88. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIV. De la Corneille, et de la Cruche. »

Car Esope ayant si bien fait parler les Animaux, ce seroit, à mon advis, un manquement à nostre livre, de ne traicter point de leur façon de discourir, et de n’examiner pas jusques à quel poinct peut s’estendre la portée de leur entendement, pour en tirer une consequence de ce que nostre Autheur attribuë à la Nature, et sçavoir par mesme moyen pourquoy il s’est voulu servir de l’introduction des bestes, pour apprendre la sagesse aux hommes. […] Toutes ces actions ne tombent point sous la faculté des Animaux, et ne sont non plus de leur portée, au jugement mesme de ceux qui parlent le plus à leur advantage : Tout ce qu’ils peuvent alleguer en faveur de ceste nature brutalle, c’est qu’elle infere pour le moins une chose de l’autre, quoy que ce ne soit pas avec art, ny avec une parfaicte clarté ; Ils rapportent là dessus une infinité d’exemples generaux et particuliers. […] Mais ces raisons laissées à part, nous dirons avec les Chrestiens, et avec les Peripateticiens, que le seul homme est capable de discourir, et que toutes les actions que nous admirons aux animaux, procedent de l’instinct naturel, qui est en eux, et qui se sert de leurs cinq sens, de leur imagination, et de leur memoire, si ce n’est que Dieu les éleve miraculeusement à la faculté de parler, comme il fit à l’Asnesse de Balaam ; et en ce cas là, nous n’aurions besoin que d’un acquiescement d’esprit, et d’une creance humble et soubmise. […] Il reste maintenant à parler de celuy qui fist deux parts de son avoine, pour advertir le Maistre de la perfidie du serviteur, en quoy il est aisé de dire, ce me semble, que l’Animal n’avoit pas ce dessein ; mais que sa coustume estant de ne manger depuis plusieurs jours que la moitié de ceste mesure, son appetit s’y accoustuma de telle sorte qu’il voulut reserver l’autre pour la manger quand il auroit faim.

89. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE IX. Du Sanglier, et de l’Asne. »

Mais c’est assez parlé des causes de ceste Vertu ; Il faut finir, apres avoir exhorté tous les hommes vindicatifs de ne se laisser jamais porter à leur passion contre les foibles, et de ne s’arrester point à leurs injures, non plus que les chevaux ne laissent pas de passer outre pour l’aboy des petits chiens.

90. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXIII. De la Fourmy, et de la Mouche. »

Il est vray que je ne sçaurois asseurer s’ils en parloient de ceste sorte, ou par aucun veritable sentiment qu’ils en eussent, ou pour monstrer combien ils le sçavoient dire agreablement, ou plustost par un caprice ordinaire aux esprits des hommes, qui est de n’estre jamais satisfaits de leur profession ; ce qu’Horace a fort bien sçeu remarquer par ces vers : D’où vient, cher Mecenas, que nul n’est satisfaict De ce genre de vie, Que le Sort a voulu que la raison ait fait, Ou mesme son envie.

91. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope est derechef vendu. Chapitre VII. »

» « Si je le veux faire, respondit Esope en riant, je ne me serviray nullement de ton conseil, comme n’aguere tu n’avois pas besoin du mien ». « Tu ne parles pas mal », reprit Xanthus, « mais je suis fâché que tu és si laid ». « O Philosophe », repartit Esope, « il faut considerer l’esprit, non pas le visage ».

92. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE C. Du Pescheur, et d’un petit Poisson. »

Certes, il n’est pas à croire que de tant de milliers de personnes, qui ont vescu depuis la naissance du monde, non seulement en Europe, mais dans les Royaumes estrangers, il n’y ait eu que ceste poignée d’honnestes gents, dont les Historiens nous ont parlé.

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