Car elle ayme ceux qu’elle a mis au monde, et ne se lasse jamais du soing qu’elle prend à les eslever.
Quelques-uns mettent Dieu en arriere, pour les voluptez sensuelles : D’autres l’oublient, pour les grandeurs de ce monde : Certains, pour un desir de vengeance : D’autres, pour les biens perissables et mortels ; Mais veritablement tous ensemble l’abandonnent pour une ombre, qui s’eschappe en un instant de nous, et laisse au poinct de la mort tous ceux qui l’ont pour suyvie, privez de la vraye et de l’apparente Beatitude.
Cependant, le Maistre qui l’avoit perdu, le cherchoit de tous côtez, et fut bien estonné de voir qu’ainsi déguisé qu’il estoit : il accourut droict à luy, et mesme qu’il se mit à braire, voulant possible imiter le rugissement du Lion.
Voylà ce qu’il dit devant Jupiter, qui s’en mit à rire luy-mesme.
Il répondit qu’il avait, en franchissant une clôture, mis le pied sur une épine, et il le pria de la lui enlever d’abord, après quoi il pourrait le manger, sans se percer la bouche en mâchant.
Ce qu’il n’eust pas plustost fait, qu’il les mit en pieces, tandis que pour estre un peu trop eschauffez au combat, ils ne se donnoient pas garde de luy.
Mais elle a les bras liez, pource qu’estant logée en des corps foibles et timides, elle ne peut s’en ayder pour mettre en execution ses mauvais desseins.
Il s’y en alla donc promptement, et en ravist une des plus grasses du trouppeau, puis il se mit à prendre la fuitte.
Aurions-nous bonne grace nous-mesmes d’aborder un Criminel et un Innocent, sans mettre quelque difference entre l’un et l’autre ?
Le Liévre voyant un jour la Tortuë, qui se traisnoit à pas lents, se mit à sousrire, et luy dit plusieurs mots de raillerie, pour blâmer son extrême tardiveté.
Le cop oï venir aneire, en la piere se met dedenz, e li vileins s’en va dolenz.
Il dit au renard, qu’il aimait et avec qui il entretenait commerce : « Si tu veux que je guérisse et que je vive, séduis par tes douces paroles le gros cerf qui habite la forêt, et amène-le entre mes mains ; car j’ai envie de ses entrailles et de son cœur. » Le renard se mit en campagne et trouva le cerf qui bondissait dans les bois. […] Alors le renard claqua ses mains l’une contre l’autre, dépité d’avoir perdu sa peine ; et le lion se mit à gémir en poussant de grands rugissements ; car la faim le tenaillait, et le chagrin aussi ; et il supplia le renard de faire une autre tentative et de trouver une nouvelle ruse pour amener le cerf.
Car celuy qui a mis en arriere le souvenir de ce qu’il doit à Dieu et à soy-mesme, comment s’acquitera-t’il religieusement de ce qu’il doit à un homme tout seul ?
D’abord les Grenoüilles bien estonnées, s’imposerent silence, et se mirent à saluër ce nouveau Prince, à luy faire honneur, et à s’approcher peu à peu de luy.
Comme le mets était très chaud, l’homme le prenant par petits morceaux, les approchait de sa bouche et soufflait dessus.
Le laboureur en ressentit une terrible douleur ; aussi, prenant une hache, il alla se mettre aux aguets près du trou du serpent, prêt à le frapper, aussitôt qu’il sortirait.
De plus, avec la certitude que vous avez de vous repentir en terre de la vengeance, et d’estre recompensez au Ciel du pardon, dittes-moy, je vous prie, estes-vous asseurez de la pouvoir mettre en execution ? […] Mais je suppose que vous soyez asseuré d’avoir la Charge où vous aspirez : il ne faut que le moindre caprice d’un Grand, de qui vous releverez, pour vous mettre aussi bas qu’auparavant.
Uu Laboureur fasché contre un Serpent qu’il nourrissoit, prit une cognée en main, et se mit à le poursuyvre.
C’est doncques bien à propos que nostre Phrygien ne met pas la victoire de l’Aigle à luy faire déchirer avecque les ongles la traistresse Chauve souris ; Mais aussi ne feint-il point qu’il la reprenne en grace, ny qu’il des-honore sa Royale Cour de la presence de ceste perfide.
Le Renard fuyoit les Chasseurs, et n’en pouvoit plus de lassitude, à force d’avoir couru par les bois, lors que rencontrant de bonne fortune un Bucheron, il le pria de le mettre en seureté en sa maison.
Mais tant s’en fallut que le Laboureur fust touché de ces paroles, qu’au contraire s’estant mis à sousrire ; « Je sçay tout cela », luy dit-il, « et cognois assez qui tu és ; mais puis que te voila prise avec ces autres Oyseaux, il faut que tu meures aussi avec eux ».
S’il fallait en croire Scheffer, ce serait le désir de la vengeance qui aurait mis fin à son incertitude. […] Phèdre, depuis longtemps, n’avait plus à redouter la colère de Séjan disgracié et mis à mort. […] Aucun renseignement exact ne mettait donc les savants sur sa trace. […] Je n’aurais jamais mis la main à une si pénible besogne, si j’avais su qu’un autre l’eût exécutée ou s’y fût seulement engagé. […] La morale, mise en tête de chaque fable, frappe la vue, et, présentée sous une forme plus explicite, s’impose mieux à la pensée.
Or un vent violent s’étant mis à souffler fit flamber un vieux fétu, et par suite les aiglons furent brûlés, car ils étaient encore hors d’état de voler, et ils tombèrent sur le sol.
A quel propos Esope auroit-il introduit un Dieu, pour la consolation de ce pauvre homme, si ce n’estoit à dessein de nous apprendre, que c’est en Dieu que les Vertueux ont à mettre leur espoir ?
L’un d’eux se mit en tête d’en obtenir autant.