Li bachelers ad respundu que l’arundel[e] l’aveit fet qu’il s’esteient issi retret ; « mes, s’il voleit sun cunseil creire, teus paroles direit pur veire, dunt l’arundele decevreit e les muissuns li remereit ; en haut parlast que ele l’oïst, e si afermast e bien desist que jamés oiseus ne prendreit ne que ja mal ne lur fereit. » Li vileins dist ceste parole, [e] l’arundele, ke fu fole, as muissuns l’ala recunter, sis refist en la grange entrer. […] Nul sagë hum ne devreit creire parole nule, si ele ne fust veire ; tel creit mençunge en sun curage, que li turnë a grant damage ; si fist l’arundele le vilein, que les muissuns prist al demein.
Così spesso l’huom vil la lingua move Con gran bravura, e porge altrui spavento Senza vera cagion ; ché tanto offende, Quanto ferisce de la voce il suono : Né più oltra può far di quel, che ’l vento Opra, che le parole in aria sparge. Dunque stimar non dee l’huom saggio e forte L’inutil suon de le parole vane ; Ma il cor, che tace ; e da gli effetti solo Donar fomento a le sue imprese suole. […] Chi meno val, più di parole abonda.
L’autre vilein fist apeler quë ert venu a lui clamer ; de la caue li demanda quei ceo esteit que ele chanta e queile parole ele diseit. […] « Quant tu », fet il, « rien ne saveies ne sa parole n’entendeies ne nïent n’esteit sa chançons, ne tu n’en deiz aver respuns. » Cil s’en ala sanz sa dreiture pur le lüer dunt cist prist cure.
Talché la Volpe, ch’era homai vicina Per annegarsi, et altro a fare havea, Che spender seco più parole in vano, Disse : ah fratello trammi pur di questo Pozzo fin che puoi farlo e sana e viva, Che poi ti conterò più adagio il fatto, E come e quando, oimè, misera, avenne, Ch’io sia sicura dal presente affanno. Così spesso intervien, che dove alcuno Dovrebbe oprar la man tosto e l’ingegno Per condur l’opre d’importanza a fine, Sta vaneggiando a consumar il tempo Dietro a parole, e quel, che meno importa, Al vero fin de la bramata impresa Con danno de gli amici et sua vergogna.
Mais le Renard qui l’ouyt, luy respondit de fort bonne grace en se retournant, « Hola, mon amy, je n’aurois eu garde de m’en aller, comme tu dis, sans te remercier, si ta main, tes actions, tes mœurs, et ta vie, eussent esté semblables à tes paroles ». […] Tesmoin Prusias, Roy de Bythinie, qui voulut rendre Annibal aux Romains contre la parole qu’il luy avoit donnée, sur le simple commandement qu’il en receut de la part du Senat. La mesme chose est arrivée en plusieurs Histoires, et particulierement en celle de Massinissa, qui viola non seulement l’hospitalité, mais encore les loix du mariage, en la personne de Sophonisbe, qui avoit parole de luy d’une entiere amour, et d’une parfaicte asseurance de sa vie. […] Elle eust toutesfois tant de vertu, qu’elle garda la parole au meurtrier de son propre fils, quoy qu’elle fust accablée d’une secrette et demesurée tristesse, et qu’on peust dire d’ailleurs, qu’une si mauvaise action s’estoit faite de son consentement, pour avoir retiré chez elle l’autheur de ce meurtre. […] Mais cét animal bien advisé luy reproche sa déloyauté de fort bonne grace, et luy fait comprendre en peu de paroles, qu’il n’est point de trahison si couverte, et si bien conduitte, qu’à la fin le hazard, ou la providence ne permette qu’elle éclatte.
Mes tu iés si engresse e fole que avant veus mettre ta parole ; la meie veus fere remeindre, par engresté me vols ateindre. » Li vileins l’ad aval getee, si li ad la lange copee. […] Par cest essample veut mustrer — bien le peot hum suvent pruver – si fols parole une folie e autre vient que sens li die, ne l[’en] creit pas, einz s’en aïre ; la u il set que l’en est pire, veut sa mençunge mettre avant ; nul ne fereit de ceo taisant.
Les belles paroles de Ciceron, les subtils passages de Seneque : les hautes conceptions de Platon : la grace majestueuse de Plutarque ; et pour le dire en un mot, toutes les persuasions des Anciens et des Modernes, ne sont pas si capables de toucher un cœur envenimé, que l’object d’une vie vertueuse. Les raisons theoriques cedent en force aux experimentales : l’on ne sçauroit tant donner de foy aux paroles, qu’à la chose mesme. […] Ce que nous font remarquer visiblement les paroles mesme, l’accent, les reparties, et les actions exterieures de la personne : d’où il est aisé d’inferer, que les mœurs ont aussi de la ressemblance.
Pour en venir donc à bout, il trouva moyen, premierement de les separer par belles paroles, puis d’attaquer chacun d’eux à part ; si bien que de cette façon il luy fût aisé de les mettre tous en pieces l’un apres l’autre. […] Car non seulement les paroles et les pensées qui n’ont rien de different, déplaisent en la redite, mais encore les moins difficiles se rebuttent par la veuë d’un mesme sujet qui se presente, et s’imaginent n’en avoir pas esté suffisamment instruicts.
» — « Jeo l’ai », fet il, « trop esparnié ; jeol te di bien, meuz amereie tun sul engin, si jeo l’aveie, que ces dunt ai ma puche pleine ; jeo te vei deliveré de peine. » — « Bien me deit », fet il, « remembrer de ceo que jeo oi cunter : suvent est ateint li gupilz, tut seit li quointes par ses diz. » Del menteür avient suvent, tut parot il raisnablement, sil put li sages entreprendre, s’il veut a sa parole entendre. Del leial hume est meuz creüe une parole e entendue, e plus put [il] en un grant pleit que quanques li mentere feit.
INCONTROSSI la Cagna un giorno a caso Con una Scrofa, e lei vedendo tutta Lotosa e brutta cominciò con riso Prima a schernirla, et poi con voce aperta La dileggiava sì, che venne in breve Con lei, c’haveva nel suo cor concetto Dal lungo motteggiar un fiero sdegno, A gran contesa di parole strane. […] Io ti giuro per Venere o malvagia, Che se più dietro vai con tue parole Me, che non mai t’offesi, ingiuriando, La farem d’altro, che di ciancie alfine: Ch’io ti traffigerò l’invido fianco Con questo dente mio pungente e forte, Che fia risposta del tuo vano orgoglio.
Car ou ils se mocquent en paroles, ou en effect ; ou par les actions de ceux qu’ils jugent comtemptibles et ridicules. Si c’est en paroles, à sçavoir en reprochant à un homme ses imperfections, il est mal-aisé qu’on n’ait quelque prise sur eux, puis que nul n’est parfaict en ce monde, et que chacun a un endroit par où il est sensible et defectueux, et par consequent sujet à la reprehension d’autruy. […] Ce qui procede, sans doute, de ce que toutes les affaires du monde ayant deux faces, comme ces Rusez peuvent deçevoir par l’une, ils peuvent aussi estre deçeus par l’autre ; et cela d’autant plus asseurément, que les paroles sont moins importantes que les effects. […] Souvenons-nous donc de ces belles paroles de Salomon, « Que l’homme de bien va le grand chemin, au lieu que l’Artificieux tourne ses pas à la tromperie ».
Onde il Pavone gran broglio facea D’esser quel desso, confidando assai Nella bellezza de le varie penne D’aureo color, e mille gemme tinte : E di questo facendo altera mostra Con lunga oratione in quel senato, Sì che piegavan già le voci tutte Ne i suoi suffragii, contentando ognuno Ch’ei fosse quel, che in loro imperio havesse, Quando tra gli altri se gli offerse innante Il picciol Merlo da le nere piume, E se gli oppose con simil parole. […] Non seppe a tai parole usar risposta Il Pavone, e restò tutto confuso : E gli altri a far si dier novella eletta D’altra persona di più nobil merto.
Pour cét effet, quand tu seras demain à la place publique, dy simplement ces paroles aux habitans : Messieurs, je n’ay jamais appris à rendre raison, ny des Prodiges, ny des Augures ; mais il est bien vray que j’ay en ma maison un serviteur, qui sçait beaucoup de choses, et qui, je m’asseure, vous esclaircira de ce que vous desirez si fort de sçavoir. […] » Tous les assistans fort satisfaits de ces paroles ; « Esope », s’escrierent-ils, « si tu peux assister la Ville de tes conseils, nous te prions de le faire ». […] Alors n’estant pas possible à Xanthus de s’en dédire, il s’y accorda, et ainsi Esope fût declaré affranchy par un cry public qu’un trompette de la ville fit en ces termes. « Le Philosophe Xanthus donne aux Samiens la liberté d’Esope », et ainsi se trouva veritable, ce qu’un peu auparavant Esope avoit dit à son Maistre par ces paroles, je t’advise que malgré toy tu m’affranchiras. […] Les Samiens s’attristerent bien fort de ces paroles, et encore plus, quand ils se virent à la veille d’en sentir l’effect. […] L’effect de ces paroles fut tel, que le Roy Cresus, estant persuadé par l’apparence qu’il y voyoit, envoya soudain aux Samiens un Ambassadeur, avec charge expresse de leur demander Esope : comme en effect ils se resolurent de l’envoyer au Roy.
Cependant le Merle adjoustant foy à ses paroles, s’approcha de la mangeaille qui estoit auprés des rets. […] Par les paroles de cét animal captif, nous apprenons que la bonne foy est entierement requise à l’accroissement des Republiques.
Demanda lur pur quel mester voleient si estreit cunseiller, quand nul humme pres de els n’aveit ne nul lur parole n’en oeit*.
Ma poi ch’apparve in Oriente il raggio Del matutino Sol con lieta voce Diede il Gallo principio al canto usato : E replicando diè di sé novella A la Volpe, che poco indi lontana Havea ’l suo albergo : et tosto al canto corse Dove era il Gallo ; et con parole amiche Salutollo ridendo, e supplicollo Con sermon efficace, ch’ei volesse Scender del tronco, ov’egli alto sedea, E benigno di sé copia facesse A lei, che forte del suo amor accesa Già si sentia del suo leggiadro aspetto, E de l’alta virtù del suo bel canto : Onde abbracciarlo come caro amico Ella voleva, et nel suo albergo trarlo Per fargli a suo poter cortese accetto. […] Così sovente a l’empio avenir suole, Che mentre a l’altrui vita inganno ordisce, Quel, ch’egli ingannar pensa, esso tradisce ; E rende al finto dir finte parole.
Ces paroles d’Esope estonnerent fort le Mestayer Zenas, si bien qu’apres y avoir un peu pensé. « Certes », dit-il à part soy, « je ne dois point mettre en doute que mes affaires n’aillent tres-mal, s’il arrive qu’Esope fasse sa plaincte tout le premier. […] » « Ce n’est n’est pas cela », luy repliqua Zenas ; « tout ce que j’ay à vous dire, c’est qu’Esope, qui jusques icy semble avoir esté muet, a maintenant la parole libre » […] Ces paroles fâcherent fort le Maistre de Zenas, qui pour luy témoigner son ressentiment ; « Va », luy dit-il, « je te remets Esope, pour en faire à ta volonté, et le vendre, ou le donner à qui bon te semblera ». […] Le marchand ne pût s’empescher de rire oyant ces paroles, et se tournant vers Zenas. « Sus donc », luy dit-il, « combien me veux-tu vendre ce mal-heureux ?
La Louve le voyant donc de retour, luy demanda où estoit la proye. « Il n’y en a point », respondit le Loup extrémement triste, « car la Nourrice qui promettoit de me livrer son Enfant s’il pleuroit, ne m’a donné que des paroles, et m’a trompé meschamment ». […] Il semble qu’Esope ait voulu dire par ceste Fable, qu’il ne faut point se fier aux paroles d’une femme. […] Tesmoin une Timoclée, une Judith, une Zenobie, une Cleopatre, et pour dire beaucoup en une seule parole, tesmoin la nation entiere des Amazones. […] Car quant aux contes que l’on nous fait de Thisbé, de Philis, de Didon, et de quelques autres, ce sont des choses que je tiendray tousjours pour estre sujettes à caution, jusqu’à ce qu’on m’en ait donné des asseurances, et croiray cependant que ce n’est pas estre advisé d’adjouster foy aux paroles d’une femme, si on ne la connoist bien, ce qui me semble tresdifficile.
Ou bien, est-ce qu’Esope a voulu monstrer, qu’on n’est point obligé de garder sa parole aux meschants, en quelque temps qu’on la leur ait donnée, et qu’à ceste occasion l’Aigle ne fist point difficulté de trahir le Renard, en luy ravissant ses petits, pour en repaistre les siens propres ? Mais si c’estoit là son intention, je ne serois pas d’accord avecque luy ; Car j’estime tout au contraire, que s’il faut manquer de parole à l’un des deux, à sçavoir à l’homme de bien, ou au meschant, il est presque plus à propos que ce soit au premier, pource qu’il tire de si grandes satisfactions de sa propre vertu, qu’il luy est aisé de prendre patience en toute sorte d’accidents, voire mesme de trouver des delices en sa mauvaise fortune. D’ailleurs, l’homme de bien estant d’ordinaire beaucoup plus traictable que le meschant, il est à croire, qu’il prendra nos excuses en meilleure part, et se laissera peu à peu gagner aux raisons que nous aurions euës de luy manquer de parole. […] Comme ils ne sont pas d’humeur de rien endurer, ils fulminent d’abord contre ceux qui leur ont fait la moindre fourbe ; Et quand mesme la tromperie seroit capable d’excuse, c’est à quoy ils ne se cognoissent point, mais ils se laissent emporter aux plaintes, et aux paroles outrageuses : Ils reclament la foy qu’on leur a promise : ils prennent à tesmoins les Dieux et les hommes : ils nomment l’imprudence, malice, et bref ils scandalisent le Vertueux, sous le nom d’Hypocrite. D’où l’on peut conclurre aisément, qu’il est moins pernicieux de manquer de parole aux Bons qu’aux Meschants, encore qu’à la verité ce soit une chose indigne d’un homme bien né de tomber en cét inconvenient envers qui que ce soit, si ce n’est d’avanture qu’il y ait un avantage si grand en cela, qu’il soit hors de toute proportion ; encore est-il necessaire, à mon opinion, qu’il se rapporte à la gloire de Dieu, ou à l’utilité publique.
Parole de Socrate.
Ne te separe jamais d’avecque ta femme, de peur qu’elle ne vueille faire essay d’un autre homme que de toy : Car les femmes tiennent cela de leur sexe d’estre naturellement volages, et moins portées au mal quand on les sçait avoir par la flatterie : Ne preste point l’oreille à des paroles legeres, et ne parle que fort peu. […] Chasse de ta maison le Médisant, et tiens pour certain, qu’il ne manquera point de rapporter et tes paroles, et tes actions.
Apres donc qu’Esope luy eût fait la mesme question, et qu’à ces paroles, « Que remuë le chien ? […] A ces paroles, toute la compagnie ne sçeut respondre autre chose, sinon qu’Esope avoit parlé doctement.
Nepurec par ceste acheisun alerent devant le lëun ; li parole li unt mustree, de verité tut recordee.