Là dessus ayant appellé à soy une petite chienne, qu’on nourrissoit dans le logis ; « Tien Mignonne », dit-il, « voylà ce que mon Maistre a commandé que je t’apportasse » ; et ce disant, il luy donna toute ceste viande morceau par morceau. […] Cependant la femme de Xanthus bien fâchée de voir que son Mary ne l’aymoit pas tant, qu’il n’aymât encore d’avantage une chienne, entra dans sa chambre, où toute desolée, elle protesta de n’avoir jamais sa compagnie. […] ». « Par le Dieu Jupiter », repartit-elle, « ce n’est pas à moy que tu les as envoyées, mais bien à ta chienne ». […] » « A ma bien aymée », continua Xanthus, Esope fit alors venir la chienne, et s’adressant à Xanthus : « Il est bien à croire », adjousta-il, « que celle-cy t’ayme grandement ; Car quelque bonne inclination que ta femme se die avoir, pour toy, si est-ce que si elle s’offense de la moindre chose, elle en vient incontinent aux injures ; Elle contredit à tout ; elle s’en va : Il n’en est pas ainsi de ta chienne : Tu as beau la chasser, elle ne bouge et ne crie point. […] mon Maistre », dit-il, « ne vous avois-je pas bien asseuré, que vostre chienne vous aymoit mieux, que ma Maistresse ne vous ayme ?
Chambry 183 Chambry 183.1 Κύων καὶ λαγωός — Le chien et le lièvre. […] Un chien de chasse, ayant attrapé un lièvre, tantôt le mordait, tantôt lui léchait les babines.
Chambry 318 Chambry 318.1 Ποιμὴν <λύκον εἰς μάνδραν εἰσάγων> καὶ κύων — Le berger qui introduit le loup dans la bergerie et le chien. […] Un berger, qui faisait rentrer ses moutons à l’intérieur de l’étable, allait enfermer avec eux un loup, si son chien, qui s’en était aperçu, ne lui eût dit : « Comment toi, qui tiens à la vie de tes moutons, fais-tu entrer ce loup avec eux ?
Chambry 186 Chambry 186.1 Κύων κρέας φέρουσα — Le chien qui porte de la viande. […] Un chien tenant un morceau de viande traversait une rivière. Ayant aperçu son ombre dans l’eau, il crut que c’était un autre chien qui tenait un morceau de viande plus gros.
D’un vieil Chien, et de son Maistre. Un Veneur encourageoit son Chien à la chasse, mais c’estoit en vain, pource que la pesanteur de ses pieds tardifs ne luy permettoit pas d’aller viste. […] Son Maistre s’estant mis alors à le tancer aigrement, en adjoustant les coups aux menaces, le pauvre Chien luy répondit, qu’il meritoit bien qu’on luy pardonnast, puis qu’il estoit devenu vieil, et qu’en sa jeunesse il avoit esté aussi bon qu’un autre à la prise ; « Mais je voy bien que c’est », continua-t’il, « tu ne prens plaisir à rien, s’il n’y a du profit : Je ne m’étonne donc point si m’ayant aymé tant que j’ay chassé, tu me veux mal maintenant que je n’ay aucunes dents, et ne puis courir. […] C’est ce Chien affoibly de vieillesse, qui n’estant plus bon aux exercices de la chasse, reçoit des traictemens indignes de luy, et passe ses vieux jours avec des mespris fâcheux, et des injures continuelles.
Du Larron, et du Chien. Le Chien voyant qu’un Larron luy donnoit du pain, pour le faire taire ; « Meschant, luy dit-il, je cognoy ta tromperie : Tu m’offres du pain, pour m’empescher d’aboyer : mais je n’ay que faire de ton present ; car si je le prens, tu volleras tout dans ceste maison ». […] La fidele prevoyance de ce Chien, nous fait aujourd’huy deux leçons aussi importantes qu’il y en puisse avoir au commerce de la vie. […] Quant au premier, tout bon Domestique n’escoutera jamais les propositions qui luy seront faites pour le seduire, ou s’il les escoute, il y repartira de la dent, ou de la patte, comme le fidele Chien d’Esope. […] Venons maintenant à l’autre condition du Chien d’Esope, qu’on ne peut mieux appeller que sagacité, qui consiste proprement à discerner la mauvaise intention d’avecque la bonne, et le flateur d’avecque l’amy.
L’Asne et le petit Chien. […] Comment, disoit-il en son ame, Ce Chien, parce qu’il est mignon, Vivra de pair à compagnon Avec Monsieur, avec Madame, Et j’auray des coups de baston ?
La paix se conclud donc ; on donne des ostages ; Les Loups leurs Louveteaux, et les Brebis leurs Chiens. […] Les Chiens, qui, sur leur foy, reposoient seurement, Furent étranglez en dormant.
Du Chien, et de l’Ombre. Un Chien traversoit une riviere à la nage, et portoit entre ses dents une piece de chair, de qui l’ombre, comme c’est l’ordinaire, paroissant dans l’eau à la clarté du Soleil, il l’a voulut aller prendre avidement, et ainsi la viande luy eschappa. […] Ce Chien, qui laisse tomber ce qu’il tenoit, pour en prendre l’ombre, peut servir d’instruction à quantité de personnes, et en general et en particulier. […] Pour le regard des Amants, c’est presque l’ordinaire de voir, que n’estant pas rassasiez de la possession d’une femme legitime, ou de la conqueste d’une belle Maistresse, ils se jettent inconsiderément dans de nouvelles amours, où la cognoissance qu’on a de leur legereté, empesche le succés de leur dessein, et ne leur laissant attrapper que l’ombre, les rend semblables au Chien d’Esope, en leur faisant perdre le vray morceau de chair qu’ils avoient en leur possession.
Son chien dormoit aussi, comme aussi sa musette. […] Chacun se reveille à ce son, Les Brebis, le Chien, le Garçon.
Chambry 140 Chambry 140.1 Ἵππος καὶ βοῦς καὶ κύων καὶ ἄνθρωπος — Le cheval, le bœuf, le chien et l’homme. […] Enfin le chien mourant de froid vint aussi, et, en cédant une partie du temps qu’il avait à vivre, il obtint un abri. Voici ce qui en est résulté : quand les hommes accomplissent le temps que leur a donné Zeus, ils sont purs et bons ; quand ils arrivent aux années qu’ils tiennent du cheval, ils sont glorieux et hautains ; quand ils en sont aux années du bœuf, ils s’entendent à commander ; mais quand ils achèvent leur existence, le temps du chien, ils deviennent irascibles et grondeurs.
Du Chien, et de la Brebis. Le Chien ayant fait adjourner la Brebis, pour se voir condamner à luy payer un pain qu’il luy avoit presté, elle ny a de luy rien devoir ; mais le Milan, le Loup, et le Vautour, en estans pris à tesmoins, ils déposerent contre la pauvre Brebis, qui fut condamnée à rendre le pain, que le Loup luy osta en mesme temps, et le devora. […] Ce qu’Esope a fort bien donné à cognoistre, en faisant le Chien accusateur de la Brebis, bien que neantmoins il la deût proteger continuellement, estant destiné à cela par la coustume, et par la raison.
Du Loup, et du Chien. Le Loup ayant trouvé fortuitement un Chien dans un bois environ le poinct du jour, se mit à le saluër, se réjoüyssant d’une si bonne rencontre. Apres cela, il fût curieux de sçavoir de luy, pourquoy il estoit si net et si poly. « Si je le suis », respondit le Chien, « le soing de mon Maistre en est cause. […] Le Chien voyant l’extrême desir qu’avoit le Loup de changer de condition, luy promit de faire en sorte envers son Maistre, qu’il luy donneroit quelque charge dans sa maison, pourveu qu’il voulust retrancher un peu de sa felonie accoustumée, et s’addonner à le bien servir. […] Mais comme il fût jour, le Loup voyant le col du Chien tout pelé, s’advisa de luy en demander la cause. « Tu dois sçavoir », luy respondit le Chien, « qu’au commencement je soulois aboyer aux Estrangers, et mesme à ceux de cognoissance, sans que ma dent espargnast non plus les uns que les autres.
Chambry 184 Chambry 184.1 Κύων καὶ μάγειρος — Le chien et le boucher. […] Un chien, s’étant élancé dans une boucherie, y saisit un cœur, tandis que le boucher était occupé, et prit la fuite.
Mais comme il voulut mettre toutes ses provisions dans la salle, ayant trouvé sa Maistresse sur le lict, où elle s’estoit mise pour reposer, « Madame », luy dit-il, « si cela ne vous importune, vous prendrez garde, s’il vous plaist, que les chiens ne mangent ces viandes, tandis que je m’en retourneray à la Cuisine, pour y donner ordre au reste ». « Va t’en où tu voudras », luy respondit-elle, « et n’aye peur que la viande ne soit bien gardée ; car mon derriere a des yeux ». […] » « Seigneur », respondit Esope, « quand j’ay mis les viandes sur la table, j’ay prié Madame, de prendre garde que les chiens ne les mangeassent, et elle m’a fait response que ses fesses avoient des yeux, à cause dequoy la trouvant endormie, je les luy ay découvertes ». « Infame Boufon », dit Xanthus, « tu peux bien remercier mes amis : car n’estoit le respect que je leur porte, et que je les ay conviez, je te punirois si bien, que tu n’aurois pas sujet de t’en mocquer ».
Du Chien envieux, et du Bœuf. Le Chien estoit couché dans une Creche toute pleine de foing, où le Bœuf voulut venir repaistre ; mais le Chien se leva pour l’en empescher.
De l’Asne, et du Chien. Le Chien flattoit son Maistre, et tous ceux de la maison, qui l’amadoüoient et le caressoient de mesme. […] Car il croyoit n’y avoir point d’apparence, qu’un petit Chien inutile, fust neantmoins agreable à tous, et nourry des viandes de son Maistre, bien que cependant il ne reçeut tout ce bien que par le plaisir qu’il donnoit, sans avoir aucune peine. […] En effect, à quel propos veut-il forcer aujourd’huy sa stupide nature, pour imiter les gentillesses du Chien, qui sont entierement contraires à sa lenteur ?
Un Cerf à la faveur d’une Vigne fort haute, Et telle qu’on en voit en de certains climats, S’estant mis à couvert, et sauvé du trépas ; Les Veneurs pour ce coup croyoient leurs chiens en faute.
Il déjeûne trés-bien, aussi fait sa famille, Chiens, chevaux et valets, tous gens bien endentez : Il commande chez l’hoste, y prend des libertez, Boit son vin, caresse sa fille. […] Le bon homme disoit : Ce sont là jeux de Prince : Mais on le laissoit dire ; et les chiens et les gens Firent plus de degât en une heure de temps, Que n’en auroient fait en cent ans Tous les Lievres de la Province.
Seez une piece sur le chien, si fai a lui cum fez a mei !
De deux Chiens. Il y eût jadis un Chien si accoûtumé à mordre tous ceux qu’il rencontroit, que son Maistre fût contraint de luy attacher un baston au col, affin que chacun s’en donnast garde. […] si ces choses nous arrivent à nous-mesmes, nous faisons gloire du souvenir de nos exploicts, comme le Chien que nous represente Esope en ceste Fable, qui se glorifioit du baston qu’on luy avoit attaché au col, pource qu’il estoit hargneux.
Alors les Loups et les Chiens l’estans allé visiter, et voyant son fils à travers la fente de la porte ; « Comment se porte ton Père ?
Chambry 80 Chambry 80.1 Γεωργὸς καὶ κύνες — Le laboureur et les chiens. […] Alors les chiens, voyant ce qui se passait, se dirent entre eux : « Il faut nous en aller d’ici, car si le maître a osé toucher aux bœufs qui travaillent avec lui, comment nous épargnera-t-il ?