Le Pot de terre et le Pot de fer. Le Pot de fer proposa Au Pot de terre un voyage. […] Le pot de terre en souffre : il n’eut pas fait cent pas Que par son compagnon il fut mis en éclats, Sans qu’il eût lieu de se plaindre.
Un pot de terre et un pot de cuivre étaient emportés par le courant d’une rivière. Le pot de terre dit au pot de cuivre : « Nage loin de moi, pas à mes côtés ; car si tu me touches, je vole en éclats, même si je m’approche de toi sans le vouloir. » La vie n’est pas sûre pour le pauvre qui a pour voisin un prince rapace.
Deux pots, dont l’un estoit de terre, et l’autre de fer, furent laissez fortuitement sur le bord d’une riviere, et emportez par la violence de l’eau. Le pot de terre apprehendant pour lors d’estre cassé ; « N’aye peur », luy dit l’autre, « je sçauray bien empescher que cela ne nous arrive ». « Voila qui est bon, respondit le pot de terre, mais si je viens à me briser contre toy, ou par l’impetuosité de l’eau, ou autrement, cela ne se pourra faire qu’il n’y aille tous-jours du mien ; voylà pourquoy il vaut mieux que je mette ma seureté à me separer d’avecque toy ».
Alors Esope leur dit : « Autrefois il n’y avait que le chaos et l’eau ; mais Zeus voulant faire apparaître un autre élément, la terre, l’engagea à avaler la mer par trois fois. La terre se mit à l’œuvre une première fois, et elle dégagea les montagnes ; puis elle avala la mer une deuxième fois et mit à nu les plaines ; si elle se décide à absorber l’eau une troisième fois, votre art deviendra sans usage. » Cette fable montre qu’à railler plus fin que soi, on s’attire imprudemment des répliques d’autant plus cuisantes.
Ils trouvèrent à terre une lettre cachetée. […] Le chien s’ennuyait pendant la lecture de l’âne ; aussi lui dit-il : « Descends de quelques lignes, très cher ; peut-être trouveras-tu dans la suite quelque chose qui se rapporte à la viande et aux os. » L’âne ayant parcouru tout l’écrit, sans rien trouver de ce que le chien cherchait, celui-ci reprit la parole : « Jette ce papier à terre, ami ; car il est tout à fait insignifiant. »
Une biche qui avait un œil crevé se rendit sur le rivage de la mer et se mit à y paître, tournant son œil intact vers la terre pour surveiller l’arrivée des chasseurs, et l’œil mutilé vers la mer, d’où elle ne soupçonnait aucun danger. […] Tout en rendant l’âme, elle se dit à elle-même : « Vraiment je suis bien malheureuse ; je surveillais la terre que je croyais pleine d’embûches, et la mer, où je comptais trouver un refuge, m’a été beaucoup plus funeste. » C’est ainsi que souvent notre attente est trompée : les choses qui nous semblaient fâcheuses tournent à notre avantage, et celles que nous tenions pour salutaires se montrent préjudiciables.
Aussi chaque jour il couronnait la Terre, persuadé que c’était à elle qu’il devait cette faveur. Mais la Fortune lui apparut et lui dit : « Pourquoi, mon ami, imputes-tu à la Terre les dons que je t’ai faits, dans le dessein de t’enrichir ?
Un homme, s’étant arrêté près d’un jardinier qui arrosait ses légumes, lui demanda pourquoi les légumes sauvages étaient florissants et vigoureux, et les cultivés chétifs et malingres, « C’est que, répondit le jardinier, la terre est pour les uns une mère, pour les autres une marâtre. » Pareillement les enfants nourris par une marâtre ne sont pas nourris comme ceux qui ont leur mère.
Vouloir tromper le Ciel, c’est folie à la Terre.
Un rat de terre, pour son malheur, se lia d’amitié avec une grenouille. […] Et tout d’abord ils allèrent sur la terre manger du blé ; ensuite ils s’approchèrent du bord de l’étang.
« Quant le soleil, » fet il, « est hauz el tens d’esté, est il si chauz qu’il ne lest rien fructifïer, [e] terre e herbe fet sechier, e s[i]’il ad esforcement e cumpainë a sun talent, nule riens nel purra suffrir, desuz li vivre ne garir. » La Destinee respundi : « Veir avez dit.
si seulement tu renonçais aux rapines et au brigandage pour te mettre au travail de la terre !
l’ami, tu veux voir ce qu’il y a dans le ciel, et tu ne vois pas ce qui est sur la terre !
« Seigneur », luy dit-il, « vous m’obligeriez fort, si vous me vouliez resoudre d’une question que j’ay à vous faire ». « Quelle est donc ceste question », respondit Xanthus ; « D’où vient », reprit le Jardinier, « qu’encore que je cultive, et que j’arrose avec tout le soing qui m’est possible, les herbes que j’ay plantées, elles ne prennent toutesfois leur accroissement que bien tard, au contraire de celles, que la terre produict de soy-mesme, qui ne laissent pas d’estre plustost advancées, encore qu’on n’y prenne pas tant de peine ? […] Il en est de mesme de la terre, elle est Mere de ce qu’elle a produict, mais marastre de ce que tu plantes.
Un jour Hermès conduisait par toute la terre un chariot rempli de mensonges, de fourberies et de tromperies, et dans chaque pays il distribuait une petite portion de son chargement.
C’est pourquoy je trouve à propos d’y renvoyer le Lecteur, apres l’avoir adverty que les bestes mesmes ne sont pas ingrattes des biens-faits receus, et qu’il n’est point de bon office qu’on puisse nommer perdu, soit qu’on en espere la recognoissance sur terre, soit qu’on l’attende infaillible du Ciel.
Il arriva ainsi qu’elle tomba à terre et fut prise par quelqu’un qui était là.
Dés l’abord leur Doyen, personne fort prudente, Opina qu’il faloit, et plustost que plus tard, Attacher un grelot au cou de Rodilard ; Qu’ainsi quand il iroit en guerre, De sa marche avertis ils s’enfuiroient sous terre.
Il n’est, je le vois bien, si poltron sur la terre, Qui ne puisse trouver un plus poltron que soy.
Esope se mit alors à foüiller prés d’une motte de terre, esloignée de luy d’environ quatre pas, et y trouva le thresor, dont il estoit question : S’estant mis en mesme temps en devoir de le donner à Xanthus : « Tiens », luy dit-il, « voila dequoy : il ne reste plus, sinon que tu me tiennes promesse ». « Je ne suis pas si fol de le faire », respondit Xanthus, « si premierement tu ne m’expliques ces lettres, car ce me sera une chose plus precieuse de les entendre, que de posseder tout l’or, que tu sçaurois jamais trouver ». « A cela ne tienne », reprit Esope ; « Sçache donc, que celuy qui cacha ce thresor dans la terre, comme sçavant qu’il estoit, s’avisa d’y faire graver ces lettres, qui joinctes ensemble, forment un sens qui est tel.
J’obmets le commerce que l’on fait par Terre, qui n’est pas moins dangereux, ny moins penible aussi que cét autre. […] Aussi ne peut-on gaigner le Ciel sans estre dépoüillé des inclinations de la terre, parmy lesquelles, certes, il n’y en a point de plus vile que celle-cy, ny de plus messeante à la Nature. […] Croyez-moy, ce n’est pas un préjugé de retourner au Ciel, que de béer si avidement apres des lopins de terre : Il y a plus d’apparence que cela nous conduira dans les abysmes. […] une terre plus pesante ; c’est à dire plus terre que la commune ? […] Elle seule leur apprendra le mépris des vanitez de la terre ; Elle les des-enchantera des abus du Peuple ; Elle arrachera toutes les espines de leur vie, et conduira leurs pensées dans le Ciel.
Alors le lion l’accusa de trahison. « Ce n’est pas à moi, répliqua le dauphin, mais à la nature qu’il faut t’en prendre : elle m’a fait aquatique et ne me permet pas de marcher sur terre ».