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119. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 142 » pp. 181-181

Un jour qu’ils étaient en route, l’âne, pendant le trajet, dit au cheval : « Prends une partie de ma charge, si tu tiens à ma vie. » Le cheval fit la sourde oreille, et l’âne tomba, épuisé de fatigue, et mourut.

120. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XC. De deux Chiens. »

Car nous avons fait consister la loüange en l’excez, et non pas en la justesse, appellant loüable ce qui ne l’est nullement, et qui tient beaucoup moins de la Vertu que du Vice.

121. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Subtile response d’Esope, touchant les superfluitez que la Nature rejette. Chapitre XVIII. »

Apres cela mets ordre, qu’il y ait quantité de paille sur le rivage, et une table dressée exprés, avec des garçons qui se tiennent prests, pour te verser à boire l’eau de la Mer.

122. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXIII. De l’Arbre, et du Roseau. »

Certainement il me semble, que c’eust esté aux Atheniens une grande injustice, que de luy faire ceste reproche, et à luy-mesme une extrême imprudence, ou bien une expresse malignité de leur conseiller qu’ils eussent à se roidir, et à tenir ferme.

123. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXII. D’un Enfant, et de sa Mere. »

Car pour commencer par les Souverainetez, l’on tient qu’elles viennent toutes d’usurpations, colorées de ce beau nom de Conqueste.

124. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — La vente d’Esope. Chapitre V. »

« Ainsi t’en puisse t’il prendre », reprit le Maistre, « puis que tu és si peu sensé, que de tenir pour monstrueux cét évenement ». « J’en suis bien content », respondit Zenas, « et veux taire tres-volontiers les injures qu’il m’a dittes.

125. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope ameine à son Maistre un homme niais, et sans soucy. Chapitre XVI. »

» Et à mesme temps s’addressant à Xanthus, « Seigneur », luy dit-il, « si tu juges qu’il y ait de la raison en ce chastiment, attends un peu que je sois allé jusqu’à mon logis, et à mon retour, je t’ameneray ma femme pour la brusler avecque la tienne ».

126. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XV. De l’Asne, et du Chien. »

Puis je ne crois pas qu’il soit necessaire d’en alleguer d’avantage, pour prouver une verité si reçeuë, à sçavoir, que nous tenons de la naissance un certain instinct, qui nous porte ordinairement aux actions où nous sommes le plus propres, qui se fortifient par l’exercice, et par le raisonnement.

127. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXIII. D’un Homme qui avoit deux femmes. »

Quant aux peuples qui ont fait une particuliere profession d’estre vertueux, ils se sont tenus pour contens de la possession d’une seule femme legitime, et n’ont souffert tout au plus que le divorce, comme les Grecs et les Romains, chez qui toute sagesse humaine a rencontré le point de sa perfection. […] Que s’il ne tient qu’à monstrer comme quoy l’esperance de contenter ce qu’ils ayment leur est entierement retranchée, cela ne sera pas difficile, ce me semble ; Car avec ce que leur humeur froide ne s’accommode pas bien à l’ardeur d’une jeune femme, ils ont d’ailleurs le visage déguisé de rides, le corps catarreux, et l’esprit bizarre pour l’ordinaire.

128. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Du present fait à la maistresse de Xanthus. Chapitre XII. »

Voila le reproche que reçeut Xanthus, qui en estant tout hors de soy ; « Asseurément », dit-il, Esope m’a fait encore quelque tour de son mestier : Puis retournant à sa femme ; « A ce que je voy », reprit-il, « tu me voudrois bien faire accroire que je suis yvre ; Mais ne l’es-tu point toy-mesme qui me tiens de si fâcheux langages ?

129. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIX. De la femelle du Singe, et de ses deux Enfants. »

L’on tient que la femelle du Singe ayant des jumeaux, en ayme passionnément l’un, et ne tient compte de l’autre : Une fois doncques qu’elle eust deux petits d’une portée, voulant éviter un certain danger, elle prit entre ses bras celuy qu’elle aimoit le plus.

130. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXIX. Du Loup, et du Renard. »

Au reste, ils tiennent que ses entrailles sont à demy rongées, et que toutesfois elles renaissent tous-jours ; Par où ils donnent à entendre l’étrange opiniastreté de ce tourment qu’ils nous figurent par le supplice du Geant Titius, à qui un Vautour ronge sans cesse le cœur.

131. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « A MONSEIGNEUR. MOROSINI, AMBASSADEUR. ORDINAIRE DE LA. SERENISSIME REPUBLIQVE. DE VENISE, PRES DE SA MAJESTÉ. TRES-CHRESTIENNE. »

Mais je me trompe bien fort, Monseigneur , Cette mesme Gloire est le vray Prix où vous aspirez ; Elle seule vous tient lieu d’un tresor inestimable ; Vous ne voulés point de Toison plus riche ; Et de la façon que vous en opiniastrés la Conqueste, il paroist visiblement que toutes les faveurs de la Fortune sont au dessous de vostre Vertu.

132. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXIII. De la Fourmy, et de la Mouche. »

Je n’achepte point si cher une chetive volupté comme la tienne : ma vie est esloignée de toute sorte de troubles et de perils : Dans ma maison je ne meurs que d’une vieillesse tranquille, et qui est exempte de crime et de pauvreté.

133. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LIX. Du Lion, et de l’Homme. »

Il faut donc, s’il veut dire le vray, qu’il s’adonne à raconter des choses indifferentes ; Et en ce cas là, outre qu’il peut estre mal adverty, on luy demandera tous-jours de qui il tient ces memoires, et trouvera-t’on à la fin qu’ils viennent ordinairement de personnes amies ou ennemies : veu que les indifferentes ne se peineroient pas beaucoup pour s’en instruire.

134. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope est derechef vendu. Chapitre VII. »

« Ils me plaisent assez », leur respondit Xanthus, « mais je ne suis pas d’advis d’avoir des valets qui me coustent si cher ». « Puis qu’il ne tient qu’à cela », dit un de leur trouppe, « il n’y a ce me semble, aucune Loy, qui vous deffende d’achepter le plus difforme de tous.

135. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — De quelle façon Esope nourrit, et dressa quatre Poussins d’Aigle. Chapitre XXVIII. »

Nectenabo croyant avoir surpris Esope par ses propres paroles ; « Je te tiens », luy dit-il, « n’as-tu point de honte de mentir ?

136. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE C. Du Pescheur, et d’un petit Poisson. »

Le Marchand en fera de mesme touchant son negoce, et se tiendra tres-volontiers au gaing present, plustost que d’aller suivre une avanture incertaine, et béer apres la conqueste d’un bien incognu.

137. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CXIII. Des Coqs, et de la Perdrix. »

Ceste raison n’est bonne qu’en la bouche du vil Populaire, mais non pas en celle du Judicieux, ny du Sage, qui ne tiennent point une offense moins blasmable pour estre faite en suitte d’une autre, que pour estre commise la premiere.

138. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CI. De l’Avare, et de l’Envieux. »

Les Princes mesme combien ont-ils de Ministres et d’Officiers, qui n’ayant pour but que leur interest propre, tiennent pour indifferent celuy de leur Maistre, et font leurs delices de la substance et du sang des pauvres sujets ; En cela mille fois plus inhumains que les Cannibales, pource que leur ardente Avarice les aveugle de telle sorte, qu’il semble à leur imagination que la richesse doive estre plus pretieuse à l’homme que la vie. […] La maudite Avarice qui les transporte les tient comme Tantale au dessous d’un arbre, sans en cueillir les pommes, et prés de la fontaine sans boire.

139. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIV. De la Corneille, et de la Cruche. »

Le mesme se peut dire d’Apollonius de Thyanée, que l’on tient avoir esté fort sçavant en ceste maniere de cognoissance, et qu’une fois il declara à ses Disciples qui voyageoient avecque luy, le complot de certains Oyseaux, qui s’estoient advertis l’un l’autre, qu’un sac de grain estoit versé sur le grand chemin. […] Mais si cela estoit, il faudroit conclure aussi, qu’il auroit tenu les arbres et les buissons pour judicieux, puis qu’il les introduict parlants quelquesfois ensemble, avec un sens aussi mysterieux qu’utile.

140. (1893) Les fabulistes latins depuis le siècle d’Auguste jusqu’à la fin du moyen âge. Tome I : Phèdre et ses anciens imitateurs directs et indirects pp. -818

Ils ne s’en sont pas tenus là : ils ont voulu justifier leur thèse et pour cela ils ont fait appel aux anciens auteurs. […] Suivant lui, si Phèdre avait parlé de la sorte, il aurait tenu un langage inexact. […] Si l’on s’en tient aux termes du prologue, l’incertitude n’est pas possible : Tibère vivait encore. […] Mais de qui le tenait-il ? […] je tiens Phèdre !”

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