Au lieu d’envier ceux qui te font du bien, resjouy toy de leur prosperité, autrement plus tu seras envieux, et plus tu en recevras de dommage.
Un naufragé, rejeté sur le rivage, s’était endormi de fatigue ; mais il ne tarda pas à s’éveiller, et, voyant la mer, il lui reprocha de séduire les hommes par son air tranquille ; puis, quand elle les a reçus sur ses eaux, de devenir sauvage et de les faire périr.
Car au lieu qu’en discours ils n’ont merité que des risées, en de semblables actions, ils sont dignes de recevoir des coups de pied, comme le Loup de cette Fable.
Vraiment, dit le Seigneur, Je les reçois, et de bon cœur.
Mais, comme il n’avait pas de vrais bœufs, il en modela cent avec du suif, et les consuma sur un autel, en disant : « Recevez mon vœu, Ô dieux. » Mais les dieux, voulant le mystifier à leur tour, lui envoyèrent un songe, et l’engagèrent à se rendre sur le rivage : il y trouverait mille drachmes attiques.
L’homme répondit de même qu’il ne le recevrait pas, s’il ne lui donnait un certain nombre de ses propres années ; le bœuf en donna une partie et fut admis.
Ennus est adopté par Esope, qui en reçoit une grande injure.
Il y a certaines personnes aussi, qui par je ne sçay quelle stupidité, ne reçoivent pas un bon conseil ; D’autres, par une fausse impression qu’ils ont conçeuë contre leurs amis, les tenans suspects d’envie, ou de malignité, et par consequent jugeant tous leurs advis reprochables.
C’est ce Chien affoibly de vieillesse, qui n’estant plus bon aux exercices de la chasse, reçoit des traictemens indignes de luy, et passe ses vieux jours avec des mespris fâcheux, et des injures continuelles.
L’on peut appliquer à ceste Fable deux belles Allegories, l’une Politique, et l’autre Moralle, comme, de dire que le riche devenu pauvre se rend tellement esclave des biens du monde, qu’il est esperonné d’une perpetuelle avarice, retenu par la bride de la chicheté, interdit de la possession d’une chose qui luy appartient, et reduit enfin au mesme destin de ce Cheval, qui reçoit bien le plaisir de voir abattu son Ennemy, mais il y perd la liberté, et trouve que toute la Victoire se tourne au profit de celuy qui le monte.
Nous ne pouvons point juger s’il reçoit des consolations interieures, ou s’il a de grands ressentiments de charité ; car c’est un ouvrage du cœur, et non des actions.
Ce que l’ingenieux Esope nous represente accortement par la Fable du Lion, qui estant Roy absolu sur tous les animaux, comme plus vaillant qu’il est, et plus courageux, reçoit neantmoins la honte de s’enfuyr, en oyant chanter un simple Coq.
Les Poëtes mesme, et les Escrivains, se parent des despoüilles d’autruy, et transportent des feüillets entiers dans leurs ouvrages, jusques à s’accommoder des inventions des morts, affin que de ces lumieres qui semblent esteintes, et qui toutesfois ne le sont pas, leurs Escrits en reçoivent plus de vigueur et de vie.
De ceste Fable on en peut tirer deux advis, dont l’un consiste en l’horreur des dissentions intestines, et l’autre en la patience que doivent avoir les Sages, lors qu’ils reçoivent un mauvais traictement des Vicieux. […] L’on peut respondre à cela, que l’injure aigrit la personne qui la reçoit ; Mais quelle injure peut reçevoir le Vertueux ?
Il faut donc du moins, que les mauvais traictemens que nous recevons des hommes, nous laissent quelque sorte d’instruction, et que nous tirions cét avantage de nostre mal, d’avoir acquis le secret de n’y retomber jamais Autrement, ce seroit une chose impertinente que le pardon, si en suitte de cela il nous falloit tous les jours exposer à nos déplaisirs.
Au contraire, il faut qu’elle les oblige de gré à gré, et mesme qu’elle les convie à recevoir ses biens-faicts.
Il en faut user neantmoins avec modestie, et conserver inviolablement la verité de qui elles reçoivent toute leur grace.
Car l’Enfance estant susceptible de quelque impression que ce soit, et comme disent les Philosophes, une table rase qui reçoit toutes les especes qu’on luy presente, il est hors de doute que les mauvais exemples y sont imprimez plûtost que les bons, pource que le Vice est de soy mesme plus facilement mis en praticque, que la Vertu.
La raison en est fondée sur ce que le temperamment des femmes, comme estant créé pour recevoir, ne contient pas tant de vigueur ny d’activeté ; au contraire il est détrempé de beaucoup d’humide, et par consequent plus mol que la constitution de l’homme.
Mais je ne m’estonne pas si fort des extravagantes flatteries de telles gents, comme de la stupidité de celuy qui les reçoit.
Mais pour avoir couru trop viste, elle le froissa contre une pierre, dont il mourut : Comme au contraire, cét autre qu’elle portoit sur ses espaules, et qui luy estoit indifferent, s’échappa sans recevoir aucun mal.
Certes, Monseigneur , comme elle n’ayme rien tant qu’à faire du bien ; Aussi oblige-t’elle ceux qui le reçoivent à ne le mettre point en oubly.