Le serpent, fou de douleur, ne pouvant se venger de son ennemi, mit sa tête sous la roue d’un chariot et mourut ainsi avec la guêpe. Cette fable montre que certaines gens ne reculent pas à l’idée de mourir avec leurs ennemis.
Montre toy redoutable à tes ennemis, de peur qu’ils ne te mesprisent : mais traicte courtoisement tes amis, leur estant doux et affable, pour les obliger à t’en aymer davantage. Souhaite encore que tes ennemis deviennent malades, et qu’ils soient pauvres, pour empescher qu’ils ne te puissent nuire ; mais sur tout souvienne toy de prier pour tes amis. […] Amasse tous les jours quelque chose pour le lendemain ; car il vaut beaucoup mieux mourir, et laisser du bien à ses ennemis, que vivre, et avoir besoin de ses amis.
Le berger tout d’abord se gardait de lui comme d’un ennemi et le surveillait peureusement. Mais comme le loup le suivait toujours sans faire la moindre tentative d’enlèvement, il pensa dès lors qu’il avait là un gardien plutôt qu’un ennemi aux aguets ; et comme il avait besoin de se rendre à la ville, il laissa ses moutons près du loup et partit.
Chambry 115 Chambry 115.1 Ἐχθροὶ δύο — Les deux ennemis. […] « Alors, reprit l’homme, la mort n’a rien de triste pour moi, si je dois voir mon ennemi mourir avant moi. » Cette fable montre que beaucoup de gens ne s’inquiètent aucunement du dommage qui leur arrive, pourvu qu’ils voient leurs ennemis endommagés avant eux.
» C’est ainsi que certains hommes, qui se tiennent en garde contre leurs ennemis, tombent, sans qu’ils s’en doutent, sur des amis beaucoup plus dangereux que leurs ennemis.
Le Lion, qui par un excés de cruauté s’estoit fait plusieurs ennemis en ses jeunes années, en porta la peine en sa vieillesse. […] J’ay doncques esté bien fol d’avoir fait tant d’ennemis, et l’ay encore esté d’avantage de m’estre fié à de faux amis ». […] Car comme cét Animal ayant devoré une estrange quantité de bestes, se treuve accablé de vieillesse et de pauvreté, sans avoir la force de se lever pour s’en aller à la chasse ; Ainsi voyons-nous bien souvent, que ceux qui ont appauvry les autres, et qui se sont maintenus du sang du Peuple, ne laissent pas de se treuver au dernier periode de leur vie, dépourveus de toutes commoditez, languissants de faim, et reduicts à la mercy de leurs Ennemis.
L’on peut apprendre deux choses dans la Fable des Loups et des Brebis ; la premiere, qu’il ne faut pas inconsiderément se fier à un Ennemy reconcilié ; et la seconde, qu’il ne couste rien aux meschants, de supposer un faux pretexte, pour envahir et perdre leurs Ennemis. […] Pour ce qui est de l’autre poinct, dont ceste Fable nous peut instruire, à sçavoir que les Ennemis reconciliez à faux, ne demandent qu’un pretexte pour nous attaquer, c’est une question de fait, qui a plus besoin d’exemples que de raisons.
Ceste Fable nous apprend encore à nous défier des ennemis découverts, qui ont cela de commun avecque les Voluptez de nous attirer puissamment, et de nous combler, comme elles, de honte et de confusion. […] Elles sont toutes comprises dessous l’exemple de ceste Chévre, qui nous apprend à ne nous laisser jamais persuader aux cajoleries de nos Ennemis.
Leur ennemi changea de note, Sur la robe du Dieu fit tomber une crote : Le Dieu la secoüant jetta les œufs à bas. […] Mais les deux ennemis ne voulant point d’accord, Le Monarque des Dieux s’avisa, pour bien faire, De transporter le temps où l’Aigle fait l’amour, En une autre saison, quand la race Escarbote Est en quartier d’hyver, et comme la Marmote Se cache et ne voit point le jour.
Ce n’est donc pas estre blâmable que de les appeller lâches, puis que c’est faire supercherie à un homme de ne le point attaquer ouvertement, ny tout seul, mais en fougue, et avec une pluralité d’ennemis. Ceste mauvaise methode est ordinaire à ceux qui nous persecutent en nostre affliction, qui sont par consequent les hommes du monde que nous devons le plus apprehender, à cause que nos autres ennemis ne sont redoutables qu’entant qu’ils nous ameinent ceux-cy.
Car si c’est une démonstration de peur, que de faire mourir son Ennemy quand on a dequoy luy nuire, à cause qu’on tesmoigne par là de le craindre, en le laissant vivre ; à plus forte raison devons-nous imputer à poltronnerie l’action de ceux qui surprennent leurs Ennemis, sous le masque de leurs carresses, puis qu’on peut conclurre par là, qu’ils en apprehendent le courroux. […] Quelle abomination de voir que ce noble animal, à qui l’excellence de son estre a fait donner le tiltre de raisonnable, invente tous les jours de nouveaux appas, pour tromper ses ennemis, caressant plustost ceux qu’il veut perdre, que ceux qu’il ayme veritablement ? […] Mais diray-je, sans que les cheveux me herissent sur la teste, que parmy les hommes il s’en est trouvé de si execrables, que de se vouloir servir de la saincte Hostie, pour donner la mort à leurs Ennemis, en mesme temps que Dieu se donnoit à Eux pour vivifier leur ame ?
Dequoy m’est témoin Turne dans Virgile, qui ayant remply l’Italie de ses loüanges, et menacé tous ses ennemis d’un bras plus violent que la foudre, ne laissa pas de trouver un Enée, qui avec toute sa modestie, et sa pieté le reduisit vigoureusement à la raison. […] Ce divin Poëte ne nous a voulu signifier autre chose par ces exemples, sinon, que l’orgueil est bien souvent abattu d’une façon qui semble extraordinaire, et par des Ennemis impuissants en apparence, mais valeureux en effect. […] Or quoy que cela ne semble pas ordinaire en la Nature, si est-ce qu’on en peut donner des raisons tres legitimes ; Et premierement on peut dire, que ces Ennemis fiers et presomptueux vont la pluspart dans le Combat avec tant de negligence contre les foibles, qu’ils dédaignent de mettre en œuvre tout ce qui est d’ordinaire praticqué pour la seureté des Combattans, à sçavoir d’estre couverts de bonnes armes, montés sur un cheval adroict, et faire avec soin tous les passages de l’escolle. […] D’où il s’ensuit qu’il est aisé à l’homme industrieux de les surmonter, et de rendre son esprit victorieux sur les forces Ennemies.
Il marchoit d’un pas relevé, Et faisoit sonner sa sonnette : Quand l’ennemi se presentant, Comme il en vouloit à l’argent, Sur le Mulet du fisc une troupe se jette, Le saisit au frein, et l’arreste.
L’Elephant devait sur son dos Porter l’attirail necessaire, Et combattre à son ordinaire : L’Ours s’apprester pour les assauts : Le Renard ménager de secrettes pratiques : Et le Singe amuser l’ennemi par ses tours.
Les stupides moutons convinrent de le faire ; mais un vieux bélier s’écria : « Comment pourrais-je vous croire et vivre avec vous, alors que, même sous la garde des chiens, il m’est impossible de paître en sécurité. » Il ne faut pas nous défaire de ce qui assure notre sécurité, en prêtant foi aux serments de nos ennemis irréconciliables.
Car il sçeut tres bien tesmoigner aux Ennemis de son Pere, qu’il cognoissoit leur intention, et qu’il penetroit jusques au fonds de leur ame.
toi, cesse ou de me mordre ou de me baiser, afin que je sache si tu es mon ennemi ou mon ami. » Cette fable s’applique à l’homme équivoque.
Ceste éminence de Fortune, dont ils se piquent si fort, n’est que trop souvent la pire de leurs ennemies, à cause des Envieux qu’elle leur suscite. Que cela ne soit, tous ces Roys que nous avons nommé dans le discours precedent n’auroient jamais reçeu de disgrace par les mains de leurs Ennemis, si leur grandeur n’eust attiré leur ruyne.
Voicy un exemple qui nous fait souvenir du commun Proverbe, qui dit, « qu’il n’y a point de petits ennemis ». […] Il n’y a donc point d’ennemis à mépriser, quand mesme ils seroient entierement hors de la proportion de nos forces. […] On peut alleguer une autre raison, pourquoy les ennemis foibles sont fort à craindre ; c’est qu’ils ont tous les Genereux de leur costé.
Ainsi bien des gens, en voulant, sous le coup d’une colère aveugle, se venger de leurs ennemis, se jettent sous le joug d’autrui.
La paix est fort bonne de soy, J’en conviens ; mais de quoy sert-elle Avec des ennemis sans foy ?
Il en est ainsi dans les États : ceux qui livrent facilement leurs orateurs ne se doutent pas qu’ils seront bientôt assujettis à leurs ennemis.