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2. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 131 » p. 111

Mais Plutus étant arrivé le dernier, Héraclès baissa les yeux sur le pavé et se détourna de lui. Zeus étonné de son attitude lui demanda pourquoi, après avoir salué complaisamment tous les dieux, il détournait les yeux du seul Plutus. Il répondit : « Si je détourne les yeux de lui, c’est qu’au temps où j’étais parmi les hommes, je le voyais presque toujours acoquiné aux méchants. » Cette fable pourrait se conter à propos d’un homme enrichi par la fortune, mais méchant de caractère.

3. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Esope découvre le derriere de sa Maistresse. Chapitre XX. »

Mais comme il voulut mettre toutes ses provisions dans la salle, ayant trouvé sa Maistresse sur le lict, où elle s’estoit mise pour reposer, « Madame », luy dit-il, « si cela ne vous importune, vous prendrez garde, s’il vous plaist, que les chiens ne mangent ces viandes, tandis que je m’en retourneray à la Cuisine, pour y donner ordre au reste ». « Va t’en où tu voudras », luy respondit-elle, « et n’aye peur que la viande ne soit bien gardée ; car mon derriere a des yeux ». […] Se souvenant donc de luy avoir ouy dire, que son derriere avoit des yeux, il le luy découvrit à l’instant, et la laissa reposer. […] » « Seigneur », respondit Esope, « quand j’ay mis les viandes sur la table, j’ay prié Madame, de prendre garde que les chiens ne les mangeassent, et elle m’a fait response que ses fesses avoient des yeux, à cause dequoy la trouvant endormie, je les luy ay découvertes ». « Infame Boufon », dit Xanthus, « tu peux bien remercier mes amis : car n’estoit le respect que je leur porte, et que je les ay conviez, je te punirois si bien, que tu n’aurois pas sujet de t’en mocquer ».

4. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 106 » pp. 75-75

Une biche qui avait un œil crevé se rendit sur le rivage de la mer et se mit à y paître, tournant son œil intact vers la terre pour surveiller l’arrivée des chasseurs, et l’œil mutilé vers la mer, d’où elle ne soupçonnait aucun danger.

5. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 256 » p. 236

Des gens, qui voyageaient pour certaine affaire, rencontrèrent un corbeau qui avait perdu un œil. […] Mais un autre prenant la parole dit : « Comment cet oiseau pourrait-il nous prédire l’avenir, lui qui n’a même pas prévu, pour l’éviter, la perte de son œil ? 

6. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XI. L’homme, et son Image. » p. 

Afin de le guérir, le sort officieux
 Presentoit par tout à ses yeux
 Les Conseillers muets dont se servent nos Dames ;
 Miroirs dans les logis, miroirs chez les Marchands,
 Miroirs aux poches des galands,
 Miroirs aux ceintures des femmes.
 […] Il s’y void, il se fâche ; et ses yeux irritez 
Pensent appercevoir une chimere vaine.


7. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — V. Le Cochet, le Chat et le Souriceau. » p. 716

Lorsque deux animaux m’ont arresté les yeux : L’un doux, benin et gracieux ; Et l’autre turbulent, et plein d’inquietude. […] Il est velouté comme nous, Marqueté, longue queuë, une humble contenance ; Un modeste regard, et pourtant l’œil luisant : Je le crois fort sympatisant Avec Messieurs les Rats ; car il a des oreilles En figure aux nôtres pareilles.

8. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 347 » p. 271

Aussitôt qu’il paraissait, personne ne restait plus en repos ; l’un allait aux prés ou aux bois, se plaisant à cueillir des fleurs, des lis et des roses, à les faire tourner devant ses yeux et à les mettre dans ses cheveux ; l’autre s’embarquait, et, à l’occasion, traversait la mer pour aller voir d’autres hommes ; personne ne prenait plus souci des vents ni des averses épaisses. « Moi, ajoutait-il, je ressemble à un chef et à un monarque absolu. Je veux qu’on tourne ses yeux, non pas vers le ciel, mais en bas vers la terre, et je force les gens à craindre et à trembler, et à se résigner parfois à garder le logis toute la journée. — C’est pour cela, répondit le Printemps, que les hommes ont plaisir à être délivrés de ta présence.

9. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CV. Du Laboureur, et du Taureau. »

Mais pour tout cela, il ne laissoit pas de l’incommoder, en luy resistant, pource qu’il luy couvroit la teste de poudre, et luy en remplissoit la bouche et les yeux. […] Ce qu’ils ne feroient jamais, s’ils sçavoient bien considerer qu’en nos affaires propres nous sommes tous-jours interessez, et que par cette raison notre esprit ne voyant pas les choses toutes pures, mais par les yeux du profit tant seulement, n’est point capable de les examiner avec tant de soing, ny si sainement, que s’il n’y avoit aucune part.

10. (1692) Fables choisies, mises en vers « A monseigneur, le dauphin. »

Illustre Rejetton d’un Prince aimé des Cieux, Sur qui le Monde entier a maintenant les yeux, Et qui faisant fléchir les plus superbes Testes, Comptera desormais ses jours par ses conquestes : Quelqu’autre te dira d’une plus forte voix Les faits de tes Ayeux et les vertus des Rois.

11. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXX. De la Mouche. »

Ainsi passa ses vieux jours le grand Tamberlan, oublieux des belles actions qu’il avoit faites, et tellement perdu apres ses infames desirs, qu’il découploit par trouppes de jeunes gents de sa Cour, sur un tas de filles abandonnées, pour repaistre ses yeux de ce brutal spectacle, au defaut d’y prendre part, comme les autres. […] Ils ont les yeux eslevez au Ciel, où s’addressent toutes leurs pensées.

12. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — XIX. L’Oracle et l’Impie. » p. 36

Tout ce que l’homme fait, il le fait à leurs yeux ; Même les actions que dans l’ombre il croit faire.

13. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 260 » p. 355

Un voyageur qui passait dans un désert rencontra une femme solitaire qui tenait ses yeux baissés. « Qui es-tu ? 

14. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XViI. Le Paon se plaignant à Junon. » p. 509

Toy que l’on voit porter à l’entour de ton col Un arc-en-ciel nué de cent sortes de soyes, Qui te panades, qui déployes Une si riche queuë, et qui semble à nos yeux La Boutique d’un Lapidaire ?

15. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XVI. Le Corbeau voulant imiter l’Aigle. » p. 2

Gaillard Corbeau disoit, en le couvrant des yeux, Je ne sçay qui fut ta nourrice ; Mais ton corps me paroist en merveilleux état : Tu me serviras de pâture.

16. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCV. Du Singe, et de ses Enfans. »

Quant à l’aveugle affection que le Singe porte à ses Enfans, elle nous apprend combien nous sommes susceptibles de telles foiblesses, et combien les choses du monde nous sont déguisées, quand nous les voyons par les yeux de l’amitié. Il semble que nous soyons comme les Icteriques, à qui tous les objects semblent jaunes, pource qu’ils ont une jaunisse épanduë dans la prunelle de l’œil.

17. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 120 » p. 107

Toutefois il voulut savoir si, en changeant de fortune, il avait aussi changé ses habitudes de convoitise ; et, tandis que le nouveau roi passait en litière, il lâcha un escarbot sous ses yeux.

18. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 258 » p. 175

Or, ayant levé les yeux vers le platane, ils se dirent l’un à l’autre : « Voilà un arbre qui est stérile et inutile à l’homme. » Le platane prenant la parole : « Ingrats, dit-il, au moment même où vous jouissez de ma bienfaisance, vous me traitez d’inutile et de stérile. » Il en est ainsi chez les hommes : certains sont si malchanceux que, même en obligeant leurs voisins, ils ne peuvent faire croire à leur bienfaisance.

19. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — VI. La Vieille et les deux Servantes. » p. 55

L’une entr’ouvroit un œil, l’autre étendoit un bras ; Et toutes deux trés-mal contentes, Disoient entre leurs dents, Maudit Coq, tu mourras.

20. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 7 » pp. 276-276

Un homme le frappa d’une flèche, et le trait s’enfonça dans sa chair, et la coche avec ses plumes se trouva devant ses yeux.

21. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — V. La Chauvesouris et les deux Belettes. » p. 172

vous osez, dit-elle, à mes yeux vous produire, Aprés que vostre race a tâché de me nuire ?

22. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XIV. Le Lievre et les Grenoüilles. » p. 138

Voilà comme je vis : cette crainte maudite M’empesche de dormir, sinon les yeux ouverts.

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