Le monde n’a jamais manqué de Charlatans.
Elle ne manquait jamais de pratique et gagnait ainsi largement sa vie.
Mais si c’estoit là son intention, je ne serois pas d’accord avecque luy ; Car j’estime tout au contraire, que s’il faut manquer de parole à l’un des deux, à sçavoir à l’homme de bien, ou au meschant, il est presque plus à propos que ce soit au premier, pource qu’il tire de si grandes satisfactions de sa propre vertu, qu’il luy est aisé de prendre patience en toute sorte d’accidents, voire mesme de trouver des delices en sa mauvaise fortune. D’ailleurs, l’homme de bien estant d’ordinaire beaucoup plus traictable que le meschant, il est à croire, qu’il prendra nos excuses en meilleure part, et se laissera peu à peu gagner aux raisons que nous aurions euës de luy manquer de parole. […] D’où l’on peut conclurre aisément, qu’il est moins pernicieux de manquer de parole aux Bons qu’aux Meschants, encore qu’à la verité ce soit une chose indigne d’un homme bien né de tomber en cét inconvenient envers qui que ce soit, si ce n’est d’avanture qu’il y ait un avantage si grand en cela, qu’il soit hors de toute proportion ; encore est-il necessaire, à mon opinion, qu’il se rapporte à la gloire de Dieu, ou à l’utilité publique.
Un pentathle, à qui ses concitoyens reprochaient en toute occasion son manque de vigueur, s’en fut un jour à l’étranger. […] Or celle qui était avancée en âge ayant honte d’avoir commerce avec un amant plus jeune qu’elle, ne manquait pas, chaque fois qu’il venait chez elle, de lui arracher ses poils noirs.
La fourmi lui dit alors : « Ô escarbot, si tu avais travaillé au temps où je prenais de la peine et où tu m’injuriais, tu ne manquerais pas à présent de nourriture. » Pareillement les hommes qui, dans les temps d’abondance, ne se préoccupent pas de l’avenir, tombent dans une misère extrême, lorsque les temps viennent à changer.
Alors Xanthus parlant tout bas à sa femme, « fay luy », dit-il, « ce que je te commanderay, et ne manque point, affin que je trouve un sujet de bien estreiller Esope ». […] Ce que voyant l’homme sans soucy ; « Pour moy », disoit-il, « je trouve ceste viande cuite comme il faut, et si bonne à mon goust, qu’il ne luy manque rien, ce me semble, pour estre bien assaisonné.
Chasse de ta maison le Médisant, et tiens pour certain, qu’il ne manquera point de rapporter et tes paroles, et tes actions.
Un épervier l’aperçut, et, comme il manquait de nourriture, il fondit sur lui et le lia.
Mais ceste remarque estant assez ordinaire en toutes les actions de la vie, ne manque presque jamais dans les traictez d’Estat, qui se font entre les Politiques.
Le loup, ayant manqué son effet, reprit : « Mais l’an passé tu as insulté mon père. — Je n’étais pas même né à cette époque, » répondit l’agneau.
Les autres ne manquent pas d’estre auprés de luy, pour tirer raison des violences de sa jeunesse.
Que si les uns ou les autres nous manquent dés la jeunesse, il nous suscite des exemples exterieurs, qui se presentent à nous autant de fois qu’il est necessaire pour nostre bien.
Car ils s’estudient à persuader qu’ils ont une bonne qualité, quoy qu’en effect ils se trouvent dans le contraire défaut, et que d’ailleurs ils ne manquent pas d’excellentes conditions pour se rendre signalez.
C’est ainsi que la pluspart des Riches d’aujourd’huy font accroire aux pauvres qu’ils ont manqué de respect envers eux, et choqué leur autorité, combien que leur ame toute simple ne soit nullement capable de malice, et qu’ils n’ayent failly au respect, qu’à faute de le bien cognoistre.
Ces Ambitieux sont à la fin découverts, pour n’estre pas hommes de condition, pour avoir dissipé leurs moyens en despenses frivoles, et bref pour manquer tout à fait de jugement en la conduitte de leur vie.
Mais comme la force vient à luy manquer, à cause de son extraordinaire vieillesse, il veut s’ayder de la ruse, et oublier pour quelque temps qu’il est Lion, c’est à dire, le plus genereux de tous les animaux.
Le serpent ayant passé la tête dehors, le laboureur abattit sa hache, mais le manqua et fendit en deux le roc voisin.
Il vint chez elle, et à chaque onction qu’il lui faisait, il ne manquait pas, tandis qu’elle avait les yeux fermés, de lui dérober ses meubles pièce à pièce.
C’est bien à faire aux belles ames de pardonner une injure, mais c’est aussi manquer de prudence, que de se fier derechef à ceux qui nous ont trompez.
Les Tyrans toutesfois ne sont autre chose que les rusés, qui preferent l’artifice à la bonne foy, et ne font aucune conscience de manquer de parole, pourveu qu’ils y trouvent une fausse apparence de seureté.