Après en avoir pris un certain nombre, il vit un scorpion ; il le prit pour une sauterelle, et, creusant la main, il allait l’y déposer, quand le scorpion, dressant son dard, lui dit : « Plût aux dieux que tu l’eusses fait !
À la deuxième fois, le dieu vit une corneille perchée sur un arbre, qui tantôt levait les yeux en haut, tantôt se penchait vers le sol, et il le lui annonça.
si tu étais tombé, ce n’est pas ton imprudence, c’est moi que tu en aurais accusée. » C’est ainsi que beaucoup de gens, tombés dans le malheur par leur faute, en accusent les dieux.
Elle répondit que tout marchait à souhait et qu’elle n’avait qu’une chose à demander aux dieux, de l’orage et de la pluie pour arroser les légumes.
A tous ces termes de compliment, le Renard ne fit point d’autre response, sinon qu’il luy souhaittoit un recouvrement de santé, et que pour cét effet il prieroit les Dieux immortels ; Mais que pour le demeurant, il luy-estoit impossible de l’aller trouver, pource, disoit-il, que je ne puis voir qu’à regret les traces des animaux qui t’ont visité ; Car il ne s’y en remarque pas une qui soit tournée en arriere, et qui ne regarde ta caverne.
L’Animal se tient prest ; Remerciant les Dieux d’une telle avanture.
Il la ramassa, s’imaginant que c’était de l’argent, la secoua, et, voyant ce qu’elle renfermait, le mangea ; puis, prenant les coquilles des amandes et les noyaux des dattes, il les plaça sur un autel en disant : « Je suis quitte, ô Hermès, de mon vœu ; car j’ai partagé avec toi le dehors et le dedans de ce que j’ai trouvé. » Cette fable s’applique à l’avare qui, par cupidité, ruse même avec les dieux.
On déballe ; et d’abord le Lion s’écria D’un ton qui témoignoit sa joye : Que de filles, ô Dieux, mes pieces de monnoye Ont produites !
Secondement, on tire les fables de la ressemblance de la Nature, et des operations ensemble, comme ce qu’on feint des hommes et des Dieux sous l’une et l’autre forme ; Et troisiesmement, des operations qu’on attribuë aux feintes Divinitez, et aux Creatures humaines. […] De la derniere espece de Fables, à qui l’on peut donner un sens Speculatif et moral, est celle de Venus et de Mars, que le jaloux Vulcan prit dans ses filets, et rendit ainsi sa honte publique à la face de tous les Dieux, comme le raconte le Poëte Homere.
Comme ils ne sont pas d’humeur de rien endurer, ils fulminent d’abord contre ceux qui leur ont fait la moindre fourbe ; Et quand mesme la tromperie seroit capable d’excuse, c’est à quoy ils ne se cognoissent point, mais ils se laissent emporter aux plaintes, et aux paroles outrageuses : Ils reclament la foy qu’on leur a promise : ils prennent à tesmoins les Dieux et les hommes : ils nomment l’imprudence, malice, et bref ils scandalisent le Vertueux, sous le nom d’Hypocrite. […] Aussi voyons-nous, que la vengeance suit incontinent son peché, et que les cris du Renard esmeuvent la colere des Dieux.
Ces subtilitez d’Esope plurent si fort aux Escoliers de Xanthus, que tous estonnez de l’ouyr, « Par la providence des Dieux ! […] Ceste response le fit admirer plus fort qu’auparavant des Escoliers de Xanthus, qui dirent entr’eux ; « Par les Dieux !
On a fait Dieux (bien que faussement) ceux qui ont charge de la Mer, de la Terre, et du Ciel : on a fait Dieu, et non pas Déesse, l’Amour ; Mais quant à la Prudence, c’est à dire à la conduite des actions, on l’attribuë justement à une Déesse, et encore à la plus modeste de toutes, pour apprendre que nous devons nous conduire avec que que lenteur, et quelque attrempance dans nos desseins, affin de les faire reüssir.
Le Paon se plaignoit à Junon, Sœur et Femme de Jupiter, de ce que le Rossignol chantoit doucement ; au lieu que pour son regard, il estoit moqué de tous les autres Oyseaux, à cause de sa voix déplaisante. « Mon amy, luy respondit Junon, les Dieux ont differemment partagé les dons aux hommes ; le Rossignol te surmonte à chanter, et tu le surpasses par la beauté du plumage ; Il faut donc que chacun se contente de sa condition ».
L’Empereur Commodus ne se fist-il point adorer dans Rome, sous le nom et l’habillement de quelques Dieux ?
Et lui, tout joyeux, s’écria : « Oui, c’est bien elle. » Mais le dieu, ayant horreur de tant d’effronterie, non seulement garda la hache d’or, mais il ne lui rendit même pas la sienne.
Je maudits vostre pays, et appelle les Dieux à tesmoins de vostre injustice, bien asseuré que je suis qu’ils exauceront ma priere, et me vangeront ».
Le Loup se douta tout aussi-tost, qu’il avoit envie de luy joüer quelque tour de souplesse, et qu’il n’en vouloit qu’à la mangeaille ; de maniere que pour le renvoyer, il feignit qu’il se trouvoit mal, et que c’estoit la cause qu’il se reposoit ; luy disant au reste, qu’il l’obligeroit fort de s’en aller prier les Dieux pour sa santé.
» « Du pays de Lycerus », respondit Esope, « qui en a quantité à son commandement : et toutesfois toy qui n’és qu’un homme, te veux comparer à un Roy semblable aux Dieux ». « Tu as raison », reprit Nectenabo, « et pour ne t’en point mentir, je me confesse vaincu.
Cecy estoit autresfois le but de la vraye Poësie, bien que toutesfois elle differe de cét ouvrage, en ce qu’elle ne met en avant que des hommes et des Dieux, au lieu que ce genre d’escrire y met aussi les bestes brutes, et les plantes.
Préface de la première édition Je me propose de publier, en faisant précéder les textes de leur histoire et de leur critique, tout ce qui reste des œuvres des fabulistes latins antérieurs à la Renaissance. C’est une vaste tâche que personne encore ne s’est imposée, et qui, je le crains du moins, m’expose à être un peu soupçonné de présomption. Pour me prémunir contre un pareil soupçon, je désire expliquer comment j’ai été conduit à l’assumer. De tous les auteurs anciens qui guident les premiers pas de l’enfant dans l’étude de la langue latine, Phèdre est celui qui lui laisse les plus agréables souvenirs. Ses fables sont courtes, faciles à comprendre et intéressantes par l’action qui en quelques vers s’y déroule.