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2. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — X. Le Lievre et la Tortuë. » p. 226

Estes-vous sage ? […] Sage ou non, je parie encore.

3. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXIV. De l’Homme, et d’une Idole. »

Ceste Fable me met en l’esprit une opinion que j’ay presque tous-jours euë touchant les Anciens ; à sçavoir, que les plus sages d’entr’eux n’ont creu la pluralité des Dieux que par feinte, affin de s’accommoder à la brutalité du Peuple. […] Et comment nostre Esope mesme, qui n’avoit pas moins de sagesse que les plus sobres Esprits, et à qui Plutarque a voulu assigner une place au Banquet des sept Sages, auroit-il religieusement introduit en ceste Fable un homme si peu respectueux envers son Dieu, que de le mettre en pieces, et luy dire quantité d’injures, apres l’avoir ainsi mal traité ? […] Au reste, les Sages ne sont pas tous-jours d’humeur d’acquerir des biens perissables ; leur ordinaire est de les mespriser bien fort, et se tenir au dessus de ceste basse occupation. […] Or soit qu’ils le fissent, pour ce qu’ils apprehendoient les incommoditez du dernier âge, où possible pour publier avecque plus d’efficace leurs sages maximes, et qu’à ce besoin ils se servissent des biens qui frappent l’esprit du Peuple d’un certain respect accompagné de docilité ; tant y a, comme j’ay dit, qu’ils ne voulurent s’enrichir que sur le tard, quoy qu’il leur fût bien aisé de le faire plustost, veu l’estime particuliere que faisoient d’eux les plus grands Princes de leur siecle.

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