Comme on le menoit ainsi à la mort, il leur disoit en s’y en allant. « Au temps que les bestes parloient, le Rat ayant fait amitié avec la Grenoüille, luy voulut donner à souper, et l’amena pour cét effect au Cellier d’un riche homme, où il y avoit quantité de viandes, l’invitant à se saouler par ces mots qu’il luy reïteroit, “Mange m’amie Grenoüille”. […] L’Escarbot se mit alors à prier l’Aigle, de ne point tuër le pauvre suppliant, et la conjura par le grand Dieu Jupiter de ne dédaigner sa petitesse : Mais l’Aigle irritée donna un coup d’aisle à l’Escarbot, puis il mit le Liévre en pieces, et le mangea.
Un chat, l’ayant su, s’y rendit, et, les attrapant l’un après l’autre, il les mangeait.
Mais d’en venir là sans quelque sujet extraordinaire, c’est acquerir deux Ennemis au lieu d’un ; et attirer le Loup dans son bercail, pour se faire manger à luy.
Comme il mangeait peu, tout en travaillant beaucoup, il pria Jupiter de le délivrer du jardinier et de le faire vendre à un autre maître.
Le noble et courageux Oyseau de Jupiter instruit aujourd’huy par son exemple, les hommes, qui avec trop de franchise et de simplicité, se gouvernent par le conseil des Trompeurs, car ayans suivy celuy de la Corneille, il se trouva n’avoir esté que le cuisinier de ce vil animal, et luy avoir appresté en mesme temps, et à manger et à rire.
Il répondit qu’il avait, en franchissant une clôture, mis le pied sur une épine, et il le pria de la lui enlever d’abord, après quoi il pourrait le manger, sans se percer la bouche en mâchant.
Un loup fondit sur lui, et il allait faire de lui son repas, quand le chien le pria de ne pas l’immoler tout de suite : « À présent, dit-il, je suis mince et maigre ; mais attends quelque temps : mes maîtres vont célébrer des noces ; moi aussi j’y prendrai de bonnes lippées, j’engraisserai et je serai pour toi un manger plus agréable. » Le loup le crut et s’en alla.
Comme elle le priait de la relâcher, disant que, loin de nuire aux hommes, elle leur était même fort utile, car elle prenait et mangeait les serpents et autres reptiles, l’oiseleur répondit : « Si vraiment tu n’es pas méchante, tu mérites en tout cas un châtiment pour t’être posés parmi les méchants. » Nous aussi nous devons fuir la société des méchants, afin qu’on ne nous prenne pas nous-mêmes pour les complices de leur méchanceté.
Le Loup venoit de manger une Brebis, dont quelques os luy étoient demeurez dans la gueule, ce qui l’incommodoit fort.
Le Lion s’en alla trouver le Cheval, à dessein de le manger ; Mais pource qu’il n’en pouvoit pas venir à bout si facilement, à cause que la vieillesse avoit beaucoup diminué de ses forces, il s’advisa d’un plaisant moyen pour executer son entreprise.
Mais ce qu’il y a d’insupportable en leur humeur, c’est qu’il ne s’en trouve que trop parmy eux, qui sont bien contents de faire comme l’Ours de ceste Fable, c’est à dire, de manger la plus pure substance des Innocents, et de ne vouloir pas toutesfois que ces pauvres gents s’en ressentent ; Car alors s’ils en reçoivent le moindre déplaisir, il n’est pas à croire combien est grande la violence où leur passion les porte.
Pour s’en éclaircir, il la vint voir repaistre au soir, et fût tout estonné que l’entiere portion de l’avoine ayant esté mise devant l’Elephant, il en separa une moitié avecque sa trompe, et se contenta de manger l’autre. […] Il imite sans peine toutes nos façons de faire ; il mange proprement comme nous, il s’habille, il se couvre, il saluë, il emmaillotte et berse les enfants ; il praticque des vengeances ; il se plainct des tromperies, et se rend mesme capable de faire certaines choses, qui ne semblent dépendre que de la cognoissance des Arts. […] Il reste maintenant à parler de celuy qui fist deux parts de son avoine, pour advertir le Maistre de la perfidie du serviteur, en quoy il est aisé de dire, ce me semble, que l’Animal n’avoit pas ce dessein ; mais que sa coustume estant de ne manger depuis plusieurs jours que la moitié de ceste mesure, son appetit s’y accoustuma de telle sorte qu’il voulut reserver l’autre pour la manger quand il auroit faim. Ce que font aussi bien les Fourmis, et les bestes qui ruminent, à qui le naturel instinct à donné certaines retenuës pour conserver leur provision, soit qu’ils se trouvent incapables de manger avec excez, comme nous faisons, soit que la Nature ait de la prevoyance pour eux, et les incline à l’espargne de leurs biens.
Vne Nourrice voyant pleurer son Enfant, le menaça de le faire manger au Loup, s’il ne s’appaisoit.
Cela fait, il retourna vers son Maistre, qui d’abord luy demanda, s’il avoit tout donné à sa bien aymée ; « Elle a eu tout », respondit Esope, « et l’a mangé en ma presence ». « Qu’a-t’elle dit en mangeant », adjousta Xanthus ?
Si elles leur souffrent de manger et de boire par excez, n’en font-elles pas des dissolus ?
Le cœur étant tombé, il le saisit à la dérobée, et le mangea pour se dédommager de sa peine.
Alors cette froide Amante ne se souvenant plus, ny de la Couche nuptiale, ny de celuy qui estoit avec elle, se jetta du lict en bas, et se mit à poursuivre le Rat pour le manger : ce qui fut cause que la Déesse irritée, voulut qu’elle reprit sa premiere forme.
Pourquoy feront-ils manger leur bien à une ennemie ?
Il me paraît indubitable que c’est du philologue Laurent Valla qu’il se moque sans pitié, lorsque, pour remédier à une infirmité cruelle, il lui conseille de manger des asperges.