La Grenoüille avoit un si grand desir de devenir aussi grosse que le Bœuf, qu’elle faisoit un estrange effort, et se roidissoit en tous ses membres : dequoy son fils s’estant apperçeu, « Ma mere », luy dit-il, « quittez moy là cette entreprise ; il n’y a nulle comparaison d’une Grenoüille à un Bœuf ». Elle toutesfois n’en voulut rien croire, et s’enfla derechef plus qu’auparavant : Ce qui fit peur à son fils, qui pour ne la perdre ; « Ma mere », luy cria-t’il derechef, « vous creverez plustost, que de surmonter le Bœuf » : Comme en effet elle ne tarda guere à crever, apres qu’elle eust fait un troisiesme effort.
Comment pouvez vous pretendre à sanctifier vostre fils, si vous permettez qu’il se soüille de si bonne heure de vos ordures ? […] Si vous estes Vicieux, et que vostre interest ne vous touche point, devenés sages pour l’amour de vôtre fils, affin que l’iniquité du Pere ne passe sur les Enfans. Mais supposons que vous soyez hors d’espoir de vous reduire à la Vertu, et que ce soit une chose perduë que vostre ame, encore n’estes-vous pas si meschants que de vouloir perdre vostre fils avecque vous ? […] Mais vous me respondrez possible, que vostre fils n’estant pas en âge de discretion, n’est pas en âge de mal faire aussi, et par consequent que son innocente gayeté, ny ses jurements, ny ses ordures, ne sont pas coûpables devant Dieu.
Chambry 296 Chambry 296.1 Παῖς καὶ λέων <γεγραμμένος> – Le fils et le lion peint. […] Un vieillard craintif avait un fils unique plein de courage et passionné pour la chasse ; il le vit en songe périr sous la griffe d’un lion. Craignant que le songe ne fût véritable et ne se réalisât, il fit aménager un appartement élevé et magnifique, et il y garda son fils.
Son fils prétendoit, pour cela, Qu’on le dust mettre dans l’Histoire.
Un Vieillard prest d’aller où la mort l’appelloit, Mes chers enfans, dit-il, (à ses fils il parloit) Voyez si vous romprez ces dards liez ensemble ; Je vous expliqueray le nœud qui les assemble. […] Chacun de ses trois fils l’en asseure en pleurant.
Que si toutes ces veritez se rencontrent en la personne des Amis qui essayent à nous exhorter ; à plus forte raison se trouveront-elles en la remonstrance d’un Pere à son fils. Car comme l’intention de la Nature est, que le semblable produise son semblable ; aussi a-t’elle imprimé certains desirs d’imitation du fils envers le Pere, qui le rend docile, et susceptible de tout ce qu’il luy void faire.
Le pere mort, les fils vous retournent le champ Deçà, delà, par tout ; si bien qu’au bout de l’an Il en rapporta davantage.
Je voy des enfants qui s’opposent méchamment à leurs peres, et qui desirent la mort de celuy qui les a mis au monde, voire mesme qui les a comblé de de bien-faits, comme Andronis, Empereur de Constantinople, et le fils aisné de Bajazet. […] Mais je laisse en arriere tous ces exemples, pour alleguer seulement celuy qui est arrivé à la personne mesme de nostre Autheur, et qui est escrit cy-devant en l’Histoire de sa vie ; A sçavoir, qu’Esope estant dans Babylone, à la Cour du Roy Lycerus, adopta pour fils un jeune homme, qui luy sembla le plus aymable, et le mieux conditionné de toute la Ville, auquel il donna une entiere esperance de ses biens, et mit toute son affection en luy, comme s’il eust esté veritablement son enfant. […] Jugeons par cecy de la foiblesse de nostre nature, puis qu’un homme tel qu’Esope, si excellent en esprit, et qui avoit si bien parlé de l’ingratitude, ne pût s’empescher d’estre deçeu au choix de son fils adoptif, et que ce Perfide, qu’il avoit comme enchanté des promesses de son heritage, ne laissa pas de luy tendre un piege mortel, et de le traicter comme le pire de tous ses ennemis.
Alors les Loups et les Chiens l’estans allé visiter, et voyant son fils à travers la fente de la porte ; « Comment se porte ton Père ?
La Renommée ayant dit en cent lieux, Qu’un fils de Jupiter, un certain Alexandre, Ne voulant rien laisser de libre sous les Cieux, Commandoit que sans plus attendre, Tout peuple à ses pieds s’allast rendre ; Quadrupedes, Humains, Elephans, Vermisseaux, La Republique des Oiseaux : La Deesse aux cent bouches, dis-je, Ayant mis par tout la terreur En publiant l’Edit du nouvel Empereur ; Les Animaux, et toute espece lige De son seul appetit, creurent que cette fois Il falloit subir d’autres loix. […] Au fils de Jupiter on dit qu’ils se plaignirent, Et n’en eurent point de raison.
Une femme interrogea les devins sur son fils en bas âge.
Mon fils, dit le Docteur, il n’est point de partie Susceptible de tant de maux.
Mon fils, dit la Souris, ce doucet est un Chat, Qui sous son minois hypocrite Contre toute ta parenté D’un malin vouloir est porté.
Mais à peine eust-elle enfermé dans cét azyle ce miserable Estranger, qu’elle ouyst des gemissements dans la basse court, et vid un peu apres entrer le corps mort de son fils, qu’on apportoit en la chambre. Elle eust toutesfois tant de vertu, qu’elle garda la parole au meurtrier de son propre fils, quoy qu’elle fust accablée d’une secrette et demesurée tristesse, et qu’on peust dire d’ailleurs, qu’une si mauvaise action s’estoit faite de son consentement, pour avoir retiré chez elle l’autheur de ce meurtre.
Mais je veux que ce soit une amitié de dépendance, où l’un des partis tienne quelque maniere de prerogative, ou de superiorité sur l’autre, comme celle du Souverain envers son Favory, du pere et du fils, du Seigneur et du sujet ; il faudra neantmoins qu’elle les semble égaler par le poinct où ils s’entr’ayment.
Il n’estoit fils de bonne mere Qui les payant à qui mieux mieux, Pour ses ancestres n’en fist faire.
Mercy de moy, luy dit la Mere, Tu mangeras mon fils ?
Son fils Mercure aux criards vient encor, A chacun d’eux il en montre une d’or.
Esope se voyant sans enfans, s’advisa d’adopter un gentil homme, qu’on nommoit Ennus ; et le presentant au Roy, le luy recommanda, comme s’il eut esté son fils legitime.