Pur ceo mustre li sage bien, que hum ne deüst pur nule rien felun hume fere seignur ne trere lë a nule honur : ja ne gardera leauté plus a l’estrange que al privé ; si se demeine envers sa gent cum fist li lus del ser[e]ment.
Sages hum ne deit pas entendre ne a fole femme cunseil prendre, cum fist icist par sa vileine, dunt il ot puis travail e peine : mut [e]ust grant aveir guainé, si ele ne l’eüst forscunseillé.
Le sage Inventeur n’a voulu representer autre chose par ceste seconde Fable, que l’oppression des petits par les Grands, qui est si commune dans le commerce des hommes, qu’il n’y en a point de foible, ou de mal accommodé, qui ne soit sous la domination de plusieurs Tyrans.
Que celuy-là donc s’estime heureux avec la Gruë d’Esope, qui estant engagé dans l’intrigue des meschants, en peut eschapper, sans ressentir contre soy-mesme les effects de leur iniquité, et que cependant tout homme sage se garde bien de leur rendre aucune sorte de bons offices, si ce n’est d’avanture ceux qu’enseigne la vraye Charité, ne leur donnant pas loisir d’infecter nostre renommée par leur hantise, et de tourner contre nous-mesmes l’exercice de leurs desseins.
L’extravagante ambition de ces Presomptueux, qui démentent leur naissance pour se jetter dans une volée trop éminente, est icy tresbien dépeinte par le sage Esope, en la personne du Geay.
Par le déguisement du Lion en Medecin, nous est donnée une sage instruction de prendre garde aux aguets de nos Ennemis, et nous mesfier principalement des personnes, qui empruntent contre leur ordinaire, le masque de leur feinte pieté.
L’une est, de l’incorruptibilité quant aux presents, et l’autre de la sage conjecture que nous devons faire de ceux qui sont amis, ou ennemis, loyaux, ou trompeurs, naïfs, ou artificieux.
L’enfant met pied à terre, et puis le vieillard monte ; Quand trois filles passant, l’une dit : C’est grand’ honte, Qu’il faille voir ainsi clocher ce jeune fils ; Tandis que ce nigaut, comme un Evesque assis, Fait le veau sur son Asne, et pense estre bien sage.
La mesme Escriture nous apprend dés le commencement de la Genese, qu’il represente quelquesfois l’ennemy de Dieu ; Et aujourd’huy nostre Sage Esope luy fait joüer un personnage presque aussi mauvais que le precedent, à sçavoir celuy d’un Ingrat.
Il y en a de sages et de bien considerez, de ceux-là mesmes que nous tenons pour grands Personnages, et à qui l’âge doit avoir meury le jugement par dessus la jeunesse.
De là s’est ensuivy que les premiers hommes d’entre les Sages ayant condamné ce qui leur sembloit mauvais, et tous d’un commun accord approuvé le bien, c’est à dire la mediocrité, nous les avons outre-passez à force de les vouloir imiter.
Si vous estes Vicieux, et que vostre interest ne vous touche point, devenés sages pour l’amour de vôtre fils, affin que l’iniquité du Pere ne passe sur les Enfans.
D’ailleurs l’évenement et la praticque des choses, dépendent pour l’ordinaire du temps, à quoy le Sage s’accommode discrettement ; Comme au contraire, l’Impatient fait mestier de le prevenir ; d’où il advient, qu’à faute de s’y estre rendu conforme, il l’esprouve presque tous jours, et importun, et nuisible.
O sage, et mille fois estimable Democrite, qui passoit des jours entiers en la contemplation de nostre bassesse, et rioit de temps en temps des sottes pretentions des Mortels !
Certes, il semble que la sage Nature ait doüé châque personne de ce qui luy doit eschoir, avec tant de proportion et de justesse, que les qualitez qu’elle n’a point mises en quelqu’un, y seroient, sans doute mal-seantes, ou mesme elles n’y pourroient estre sans miracle.
Mais ces autres qui sont veritablement sages et genereux, se tiennent au dessus de cette methode, et mettant la vraye addresse en une discrette sincerité, ils en usent accortement, et y convient tout le monde par leur exemple.
Que s’il est question de venir à la source de ce mal, l’on cognoistra que tels Voleurs, sur qui la justice des hommes s’exerce, ne tombent d’ordinaire en ceste disgrace, que pour n’avoir esté bien repris en leur Enfance, comme le remarque fort à propos nostre sage Phrygien.