De là est, à mon advis venuë la coustume que nous avons, d’appeller Gruës ceux qui se laissent affiner par les meschants, apres avoir donné leur peine et leur temps pour les obliger.
Le Lion, qui de ce coup estoit presque demeuré sur la place, estant à la fin revenu à soy ; « Malheureux que je suis », dit il, « que je porte à bon droict la peine de ma sottise !
L’Amant aura de la peine de se resoudre à quitter la possession d’une Beauté mediocre, sur le poinct mesme qu’elle se voudra donner à luy, pour l’attente d’une plus belle acquisition. […] Bref, nous sommes tres-asseurez qu’on l’acquiert sans peine, puis qu’il n’y en a point à servir Dieu.
Cét animal, qui n’est qu’une Gruë, te rend la pareille de fort bonne grace, et te fait porter la peine de ta mocquerie.
Le Bouc en estoit des-jà fort en peine, et regardoit de tous costez, lors que le Renard luy dit ; « Prends courage, mon bon amy, je viens de m’adviser d’une invention, par le moyen de laquelle nous pourrons tous deux sortir d’icy ?
Il appartient plustost aux Jurisconsultes, qu’aux Philosophes moraux de vuider ceste question ; à sçavoir, si ceux qui ont esté en la compagnie des meschants, doivent porter la peine comme eux du crime qu’ils ont commis.
Si l’on aspire à la Gloire, quel est ce bien pour qui l’on se peine tant, si ce n’est un bien fragile, et indigne de nostre desir ?
Cependant, Dieu sçait avec quelle rage ils maudissent la negligence de leurs parents, qui de leur costé sentent une peine insupportable en leur ame, et se repentent tout de bon, ou d’auoir donné l’estre à ces miserables, ou de les avoir si dépourveus de conduitte et de bonne nourriture.
Comme il eût donc estendu ses pieds, elle luy dit qu’il se lavât, ce qu’il fit incontinent, puis il s’alla mettre à table, où il ne fut pas plutost assis, que Xanthus commanda, qu’on donnât à boire à son hoste : Luy cependant se mit à raisonner de cette sorte. « Certes, il leur appartient bien d’étre servis les premiers, mais puis qu’ils le veulent ainsi, qu’ay-je affaire de m’en donner de la peine ?
Car il croyoit n’y avoir point d’apparence, qu’un petit Chien inutile, fust neantmoins agreable à tous, et nourry des viandes de son Maistre, bien que cependant il ne reçeut tout ce bien que par le plaisir qu’il donnoit, sans avoir aucune peine.
Mais en fin, soit qu’il eust blessé quelqu’un des Citoyens, soit qu’il n’en eust fait que la peur, tant y a que son Maistre eût commandement de la chasser, sur peine de punition corporelle, comme un animal monstrueux, et par consequent dommageable au public ; Ce qu’il fist un peu apres, avec un extrême sentiment de douleur, et l’emporta dans une forest, à quelques mille hors de la Ville.
Ceste faute neantmoins, en matiere d’eslection, n’a pas laissé d’estre commune à divers Peuples du monde, comme aux Agrigentins, lors qu’ils mirent Phalaris en une condition éminente par dessus eux, et porterent bien-tost apres la peine de leur imprudence, quand par ses horribles cruautez il faillist à rendre sa Ville deserte de gents de bien, et la peupla presque toute d’assassins.
L’on peut voir par là qu’il est difficile d’opprimer les petites gents, sans attirer sur sa teste une faction puissante ; et ce qui est le plus à craindre, sans encourir les peines de la haute Justice de Dieu.
» « Quoy », adjoûta Xanthus, « cela te met-il si fort en peine ?
L’Asne pesant et tardif se mocquoit un jour du Sanglier, qui grinçant les dents de courroux ; « Lasche animal », luy dit-il, « si tu valois la peine d’estre battu, je sçay que tu ne le merites que trop, mais ce me seroit une honte de te chastier.
Que si sortir d’un mal pour entrer dans l’autre, est une peine tres difficile à supporter ; Que ne sera-ce point de passer du bien à l’extremité de toute misere ?
Il cherche jour et nuict des inventions pour accroistre son thresor : Il veille, et s’afflige, il s’arrache les cheveux, et tout cela pour l’acquisition d’un vil metail ; regardant plustost ce qu’il veut gagner, que ce qu’il a des-jà gaigné, et ne jouyssant jamais du fruict des peines passées, mais se proposant tous-jours les futures. […] L’on passe tous les jours les Alpes et les Pyrenées avec des mulets : on s’astraint aux petites journées de ces animaux chargez : on s’expose au hazard des voleurs et des maladies : on essuye le Soleil, les vents, les pluyes, et les tonnerres : on quitte la chere et agreable Patrie : on va parmy les deserts de l’Arabie querir l’Encens et la Canelle : on est contraint deporter dans des cuirs de bœuf l’eau que l’on doit boire : on s’assemble au nombre de quinze ou vingt mille contre l’invasion des Massagetes : enfin on soufre des peines indicibles pour la trompeuse esperance d’un peu de richesses. […] Pour se contenter en leur Convoitise, il a fallu qu’ils ayent occupé les pauvres habitans de ces contrées à foüiller sans cesse dans les mines, principalement dans celles de Potosi, pour leur acquerir de l’or en abondance, aux despens de leur peine, et de leur sang mesme.