L’un des passagers déchirant ses vêtements invoquait les dieux de son pays avec larmes et gémissements et leur promettait des offrandes en actions de grâces, s’ils sauvaient le vaisseau.
Le Monarque des Dieux leur envoye une Gruë, Qui les croque, qui les tuë, Qui les gobe à son plaisir ; Et Grenoüilles de se plaindre ; Et Jupin de leur dire : Et quoy !
Mais un dieu fit aller le renard dans les champs de celui qui l’avait lancé.
Les chênes se plaignaient à Zeus : « C’est en vain, disaient-ils, que nous sommes venus au jour ; car plus que tous les autres arbres nous sommes exposés aux coups brutaux de la hache. » Zeus leur répondit : « C’est vous-mêmes qui êtes les auteurs de votre malheur ; si vous ne produisiez pas les manches de cognée, et si vous ne serviez pas à la charpenterie et à l’agriculture, la hache ne vous abattrait pas. » Certains hommes, qui sont les auteurs de leurs maux, en rejettent sottement le blâme sur les dieux.
Il se batoit, dit-il, les flancs avec ses bras, Faisant tel bruit et tel fracas, Que moy, qui grace aux Dieux de courage me pique, En ay pris la fuite de peur, Le maudissant de trés-bon cœur.
La fable montre qu’aucun élément, ni la terre, ni l’air, ni l’eau, n’offre de sûreté aux criminels poursuivis par les dieux.
Un de ces Satyres, qu’on tenoit jadis pour estre Dieux des forests, ayant pitié d’un pauvre Passant, tout couvert de neige, et transi de froid, le mena dans sa Cabane, et le fist asseoir auprés du feu.
Il atteste les Dieux ; la perfide s’en moque.
Bons Dieux !
Ceste Fable me met en l’esprit une opinion que j’ay presque tous-jours euë touchant les Anciens ; à sçavoir, que les plus sages d’entr’eux n’ont creu la pluralité des Dieux que par feinte, affin de s’accommoder à la brutalité du Peuple. […] Comment les autres Poëtes, et mesme les Historiens auroient-ils remarqué l’un apres l’autre les incontinences de leurs Dieux, témoignées par de ridicules déguisements ?
Apercevant aussi une statue qui le représentait, il présuma qu’étant à la fois messager de Zeus et dieu du gain, il était en haute estime chez les hommes.
Par les Dieux immortels, je sçay d’où m’est venu un si grand bien : C’est, sans doute du bon accueil que j’ay fait aux Estrangers.
» Cette fable nous enseigne que nous aussi nous ne devons pas appeler tout de suite les dieux pour des bagatelles inoffensives, mais pour des nécessités plus pressantes.
Mais comme il n’est pas hors d’apparence, que par une secrette inspiration des Dieux immortels, Esope n’ait parfaictement sçeu la Moralle, il est vray-semblable aussi, qu’en bons sens et en vivacité d’esprit, il a de beaucoup surpassé la plus part de ces gens-là, et les a laissé bien loing apres luy.
Et quant à goûter la premiere De ce qu’on sert devant les Dieux, Croyez-vous qu’il en vaille mieux ?
Les Troyens, Après dix ans de guerre, autour de leurs murailles, Avoient lassé les Grecs, qui, par mille moyens, Par mille assauts, par cent batailles, N’avoient pû mettre à bout cette fiere Cité : Quand un cheval de bois par Minerve inventé D’un rare et nouvel artifice, Dans ses énormes flancs receut le sage Ulysse, Le vaillant Diomede, Ajax l’impetueux, Que ce Colosse monstrueux Avec leurs escadrons devoit porter dans Troye, Livrant à leur fureur ses Dieux mesmes en proye.
Mais il n’est pas possible de supporter les outrages, qu’il profere meschamment contre vous, et mesme contre les Dieux ». […] A ces mots le marchand tourna visage, et bien fâché contre Esope : « va-t’en loing de moy », s’escria-t’il, « mastin que tu és ». « Tout beau », repartit Esope, « à tout le moins dy moy quelle affaire t’ameine en ce lieu ». « Je n’y suis venu », respondit le marchand, « que pour y achepter quelque chose de bon, et voila pourquoy je n’ay pas besoin de toy, qui ne vaux rien, et qui n’és qu’une marchandise inutile et gastée ». « Si est-ce pourtant », adjoûta Esope, « que tu m’achepteras, si tu me veux croire, et je m’asseure que tu ne seras pas fâché de m’avoir ». « Dieux !