Cette fable vise les hommes qui, ne connaissant pas la vérité, pensent en faire accroire aux autres.
» « Non pas que je pense », repartit Esope, « du moins ils ne m’en ont donné aucune preuve : Car lors qu’ils ont heurté à la porte, et que je leur ay demandé, Que remuë le chien ?
Mut est mauveise ta pramesse, unc[es] mes n’oï peiur messe. » — « Par ma fei, sire », dist li bucs, « tut autresi priai pur vus cum vus vousistes pur mei feire, kar fel estes e de put eire ; ja ne poeie jeo merci aveir que jeo vesquisse tresque al seir : pur ceo m’estut de mei penser e vus leisser u ublïer. » Ceo veit hum de meinte gent, que quident tut a escïent que autre deive pur eus preer e lur message bien porter ; si parolent le plus pur eus e leissent si ublïent iceus a ki il eurent bel premis, ne lur funt unc[es] fors le pis.
Est-il impossible que celuy que vous pensez tuër ne vous tuë, ou du moins qu’il ne se guarantisse de vostre haine, quand mesme vous le prendriez avecque supercherie, qui est une chose execrable parmy les gents de courage ? […] Mais pour venir au poinct de la jouyssance, supposons que vous la possediez, pensez vous que ce plaisir vous dure long temps sans estre alteré par le dégoust, on par sa legereté ? […] D’ailleurs, combien pensez-vous qu’on ait ignoré de belles choses, qui seront à jamais incognuës à la memoire des humains ?
Car, disoit-il, mes amis, ne pensez pas que les Senateurs, quoy qu’ils soient oysifs aux operations manuelles, et qu’ils employent le Peuple aux labeurs mécaniques, soient pour cela moins necessaires à vostre conservation.
Ne pouvant plus les atteindre, le chat pensa qu’il fallait imaginer quelque ruse pour les en faire sortir.
Ainsi la calomnie de si meschants valets paroissant à découvert aux yeux de leur Maistre, il commanda qu’ils fussent dépoüillez tous nuds, pour estre foüettez ; Et ce fust alors que l’experience leur fit cognoistre la verité de ce bon mot, que tel veut faire du mal à autruy, qui s’en fait à soy-mesme sans y penser.
De ceste mesme façon, comme le soir fût venu, il fit la distribution des pains au lieu où ils soupperent, de sorte que ne restant plus rien dans sa corbeille, il la chargea tout à son aise sur ses espaules, et se mit à marcher si viste, que devançant de bien loing ses compagnons, ils ne sçavoient qu’en penser, et mettoient en doute si celuy qu’ils voyoient devant eux estoit ce vilain Esope, ou bien quelque autre que luy.
Mais de quelque source que naisse ceste imprudence, soit de l’une de ces causes soit de toutes ensemble, c’est tousjours un dangereux effect parmy les hommes, et qui ne leur laisse pour tout remede que ces paroles, ô que si je l’eusse pensé !
Je pense qu’il y a deux ou trois Fables dans ce livre, qui contiennent le mesme sens de celle-cy, à sçavoir que la Nature a doüé châque animal de quelque vertu, capable de rendre tout le monde satisfaict, et cela avec tant de justesse et de proportion, que nul n’est mécontent de son partage.
Ce seroit, certes, une injustice de le penser, puis que sa divine Providence ne nous refuse jamais les choses qu’elle sçait nous estre utiles et necessaires, et que l’ayde de la conduitte en est une des principales.
En vain pour estre paré de la glorieuse dépoüille du Lion, tu penses épouvanter les autres bestes ; ô stupide animal d’Arcadie : ta feinte n’est pas assez adroitte ; tes longues oreilles te trahissent, et ceste affreuse peau qui te couvre, ne peut aucunement te faire perdre ta lascheté naturelle.
La nouvelle en estant depuis venuë au Roy Cresus, il se resolut de leur faire la guerre : Ce que l’Ambassadeur voulant prevenir, « Seigneur », luy dit-il, « je ne pense pas que tu puisses jamais vaincre les Samiens, tant qu’ils auront Esope avec eux, et qu’ils se gouverneront par son advis : C’est pourquoy je te conseille pour le mieux de le demander par des Ambassadeurs envoyez exprés, qui leur promettront de ta part, que tu les recompenseras en autre chose, et que cependant, tu ne leur demanderas plus rien : Que si tu n’en viens à bout par ce moyen, je ne pense pas que tu le puisses faire autrement ».
Quant au Coq, je pense qu’il est pris pour l’homme voluptueux, qui met tout dans l’indifference, horsmis son ordure propre, representée par le fumier.
Laissons-les donc joüyr à leur aise de la fausse gloire qu’ils pensent avoir acquise, et detestant en nostre ame, non seulement ceste vaine et trompeuse apparence de valeur, mais encore toutes disputes et contentions, retournons, comme de coustume, moraliser avec nostre Esope.
ou plustost à quoy penses-tu maintenant de t’en plaindre ?