Chambry 160 Κοιλία καὶ πόδες — L’estomac et les pieds. […] L’estomac et les pieds disputaient de leur force. À tout propos les pieds alléguaient qu’ils étaient tellement supérieurs en force qu’ils portaient même l’estomac.
Il courut donc à l’estable, où il sçavoit qu’on engraissoit un Pourceau, auquel il couppa un des pieds, qu’il mit dans le Pot avecque les autres, pour le faire cuire, apres l’avoir bien lavé. Cependant, l’apprehension qu’eust Xanthus, qu’Esope ne s’enfuyt, apres qu’il auroit apperçeu le larcin qu’il avoit fait de ce pied, fut cause qu’il le remit dans le pot. Comme il fut donc question de servir sur table, Esope ayant vuidé les pieds dans le plat, et Xanthus en voyant cinq. « Qu’est cecy », dit-il, « en voy-la plus que je n’en ay fait achepter ». « Il est vray » respondit Esope, « et voicy comment. Combien de pieds ont deux Pourceaux », luy demanda t’il ?
Chambry 292 Ὄφις πατούμενος καὶ Ζεύς — Le serpent foulé aux pieds. […] Un serpent, souvent foulé aux pieds par les hommes, alla s’en plaindre à Zeus.
» « Nenny », respondit Esope, « pource qu’il me seroit mal-seant de faire autre chose que ton commandement, Tu ne m’as point dit, mets de l’eau dans le bassin, lave mes pieds, apporte mes pantoufles, et ainsi du reste, si bien que je ne suis point à blâmer, ce me semble ». […] Apres ces choses, se tournant vers Esope, « Viens çà », luy dit-il, « meschant que tu és, va-t’en tout maintenant m’achepter quatre pieds de Pourceau, et nous les apporte, apres qu’ils seront promptement cuits ». […] Mais cependant que les pieds cuisoient, Xanthus qui ne cherchoit qu’un pretexte pour le battre, le voyant empesché à quelque chose du mesnage, luy déroba secrettement un des pieds, et le cacha.
L’Asne passant sur un buisson, se mit une espine au pied, et vid à mesme temps un Loup, à qui s’addressant ; « Helas ! […] Puis qu’il faut donc que je sois ta proye, ou celle des Vautours et des Corbeaux, fay-moy du moins un plaisir, tandis que je suis en vie ; arrache-moy une espine que j’ay au pied, afin que j’en meure plus doucement ». Le Loup se mit incontinent à luy rendre ce bon office ; mais il eust à peine arraché l’espine, que l’Asne ne sentant plus de douleur, luy donna un si grand coup de son pied, qui estoit ferré, qu’il luy rompit le front, le museau, et les dents, puis il s’échappa bien viste.
Jupiter dit un jour : Que tout ce qui respire S’en vienne comparoistre aux pieds de ma grandeur. […] N’ai-je pas quatre pieds aussi-bien que les autres ?
L’Aigle avoit ses petits au haut d’un arbre creux La Laye au pied, la Chate entre les deux : Et sans s’incommoder, moyennant ce partage Meres et nourrissons faisoient leur tripotage. […] Voyez-vous à nos pieds foüir incessament Cette maudite Laye, et creuser une mine ?
Je t’en dis de mesme, ô grand Roy, et soubmis à tes pieds, je te prie de ne me point faire mourir sans cause, car je ne suis pas homme qui veüille nuire à personne, et si l’on peut blasmer quelque chose en moy, c’est qu’en un corps chetif et difforme, je loge une ame qui ne sçauroit rien flatter ». […] Demande moy donc ce que tu voudras, et je te l’accorderay ». « Seigneur », adjousta Esope, « toute la priere que j’ay à te faire, c’est qu’il te plaise laisser en paix les Samiens ». « Je le veux », dit le Roy et alors Esope prosterné à ses pieds, l’en remercia tres-humblement.
Apres ces choses, « ma femme (dit-il tout haut) mets de l’eau dans un bassin, et en lave les pieds de nôtre hoste ». […] La femme de Xanthus fist donc le commandement de son Mary, et mit de l’eau dans un bassin, pour laver les pieds de son hoste. Or bien que ce pauvre Idiot jugeast assez, qu’elle mesme estoit la Maistresse du logis, si est ce que tenant cela pour indifferent, « asseurément (disoit-il à par soy) c’est pour me faire plus d’honneur, qu’elle me veut laver les pieds de ses propres mains, bien qu’elle le puisse commander à quelqu’une de ses servantes ». Comme il eût donc estendu ses pieds, elle luy dit qu’il se lavât, ce qu’il fit incontinent, puis il s’alla mettre à table, où il ne fut pas plutost assis, que Xanthus commanda, qu’on donnât à boire à son hoste : Luy cependant se mit à raisonner de cette sorte. « Certes, il leur appartient bien d’étre servis les premiers, mais puis qu’ils le veulent ainsi, qu’ay-je affaire de m’en donner de la peine ?
Il est assez de Geais à deux pieds comme luy, Qui se parent souvent des dépoüilles d’autruy : Et que l’on nomme plagiaires.
Le soir venu, le coq monta sur un arbre pour y dormir, et le chien se coucha au pied de l’arbre qui était creux. […] Le coq lui dit d’éveiller d’abord le portier qui dormait au pied de l’arbre : il descendrait, quand celui-ci aurait ouvert.
Afin qu’il fût plus frais et de meilleur débit, On luy lia les pieds, on vous le suspendit ; Puis cet homme et son fils le portent comme un lustre ; Pauvres gens, idiots, couple ignorant et rustre. […] Il met sur pieds sa beste, et la fait détaler. […] L’enfant met pied à terre, et puis le vieillard monte ; Quand trois filles passant, l’une dit : C’est grand’ honte, Qu’il faille voir ainsi clocher ce jeune fils ; Tandis que ce nigaut, comme un Evesque assis, Fait le veau sur son Asne, et pense estre bien sage.
Il ne regnera plus sur l’herbe des prairies, Viendra dans nos marais regner sur les roseaux ; Et nous foulant aux pieds jusques au fond des eaux, Tantost l’une, et puis l’autre ; il faudra qu’on patisse Du combat qu’a causé madame la Genisse.
Avecque cela il estoit ventru, bossu, tortu par les pieds, et possible plus laid que le Thersite d’Homere.
Laissez-leur prendre un pied chez vous, Ils en auront bien-tôt pris quatre.