La Corneille ayant soif, trouva de bonne fortune une Cruche pleine d’eau, où ne pouvant atteindre pour boire, à cause qu’elle estoit un peu trop profonde, elle essaya de la rompre, et n’en pût venir à bout. Elle choisit alors parmy le sable de petits cailloux, qu’elle jetta dans la Cruche, et ainsi faisant monter l’eau, elle beut tout à son aise. […] L’Elephant la rapporta tout aussi-tost à son Maistre, qui au premier service qu’il en voulut tirer, cognût par espreuve que l’eau s’en alloit de mesme qu’auparavant. […] Mais l’Elephant ne se fiant pas à celuy qui l’avoit desjà trompé, porta sa Cruche dans la riviere, avant que la rendre à son Maistre, pour experimenter si l’eau échappoit encore. […] Il y contribua donc toute son industrie, de sorte qu’à la seconde espreuve que fist l’Elephant, il veid qu’il ne se perdoit pas une goutte d’eau.
Or un bouc pressé par la soif étant venu au même puits, aperçut le renard et lui demanda si l’eau était bonne. Le renard, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, fit un grand éloge de l’eau, affirmant qu’elle était excellente, et il l’engagea à descendre.
L’une se vantoit d’estre noble, et de voler comme les Oiseaux ; de frequenter chez les Roys, d’estre toûjours en festin, et de n’avoir rien à faire ; au lieu que l’autre estoit de basse naissance, ne faisoit que ramper à terre, ne se nourrissoit que de quelques chetifs grains qu’elle rongeoit, ne beuvoit rien que de l’eau, et se tenoit tout le jour cachée dans les Cavernes. Mais pour response à ces objections, la Fourmy disoit, que pour son particulier elle se contentoit fort de son extraction, qui n’estoit pas si vile que la Mouche la faisoit ; qu’une demeure arrestée luy plaisoit autant qu’à elle une façon de vivre inconstante, et mal asseurée ; que les grains de bled dont elle se nourrissoit, et l’eau des fontaines, luy sembloient d’aussi bon goust, qu’à son ennemie ses pastez et ses vins delicieux ; qu’au reste elle joüyssoit de tous ces biens par un honneste travail, et non par une infame paresse.
Un Chien traversoit une riviere à la nage, et portoit entre ses dents une piece de chair, de qui l’ombre, comme c’est l’ordinaire, paroissant dans l’eau à la clarté du Soleil, il l’a voulut aller prendre avidement, et ainsi la viande luy eschappa.
Toutes les Bestes y accoururent donc ; les Oiseaux s’y envolerent, et les Poissons mesme se rendirent sur le bord de l’eau, pour estre de la partie.
Toutesfois comme l’eau croupit insensiblement, et devient puante, si elle n’est remüée, et le feu s’esteint si on l’empesche d’agir, en luy ostant la matiere qui l’entretient ; Ainsi, pour en parler sainement, ny la beauté de l’esprit, ny la force du corps, ne sont que des qualitez inutiles à l’homme, s’il ne s’en sert au besoin, et s’il ne reduict la puissance en acte.
Après avoir bu, il aperçut son ombre dans l’eau.
Il leur jetta donc dans l’eau une grosse poutre, qui par sa cheute et sa pesanteur, fit trembler toute la riviere.
Mais les grenouilles, accroupies autour de l’étang, n’eurent pas plus tôt perçu le bruit de leur course qu’elles sautèrent dans l’eau.
Il s’en alla donc pour cét effet prés de la mesme riviere, et jetta de son bon gré sa coignée en l’eau, puis il s’assid sur le bord, et fit semblant de pleurer.
Tu peux bien sous l’espoir d’vne conduite sage Au milieu de la Mer hazarder ton vaisseau ; Mais non pas t’exposer à l’amoureux orage, Car l’esprit d’une fille est plus leger que l’eau.
Elle ne craint ny le feu, ny l’eau, ny les tortures : Sa nature est au dessus de toute souffrance corporelle : rien ne la peut subvertir que le Peché, ce qui est non seulement une opinion du Christianisme, mais encore de la Philosophie Moralle, dont j’appelle à tesmoins les Peripateticiens, le Maistre desquels a mis l’Ethique au plus haut poinct où puisse arriver ceste Science dans l’opinion des hommes.
Un petit Poisson se voyant pris par un Pescheur, le prioit instamment de le jetter dans l’eau, luy remonstrant qu’il ne faisoit que sortir du ventre de sa Mere ; qu’estant si peu de chose, il ne luy pouvoit pas beaucoup proffiter, et que lors qu’il seroit plus grand, il reviendroit au hameçon de son bon gré.
L’on passe tous les jours les Alpes et les Pyrenées avec des mulets : on s’astraint aux petites journées de ces animaux chargez : on s’expose au hazard des voleurs et des maladies : on essuye le Soleil, les vents, les pluyes, et les tonnerres : on quitte la chere et agreable Patrie : on va parmy les deserts de l’Arabie querir l’Encens et la Canelle : on est contraint deporter dans des cuirs de bœuf l’eau que l’on doit boire : on s’assemble au nombre de quinze ou vingt mille contre l’invasion des Massagetes : enfin on soufre des peines indicibles pour la trompeuse esperance d’un peu de richesses.
En outre, le manuscrit, peu soigneusement garanti soit de l’eau filtrant sans doute par les fentes d’un toit, soit de quelque autre cause d’humidité, s’était à tel point altéré qu’au milieu du papier les lettres sur une large surface étaient ou tout à fait détruites ou presque entièrement effacées156. » On voit quelle fut la déception de Burmann. […] Quoique l’encre soit devenue d’une couleur vert d’eau très pâle, les caractères, partout où ils n’ont pas cessé d’exister, sont très lisibles ; malheureusement l’humidité, à laquelle le manuscrit a été exposé, en a détruit beaucoup. […] Les titres et la première lettre de chaque vers, écrits à l’encre rouge, ont un peu mieux résisté ; mais dans les endroits même où l’eau ne les a pas touchés, la couleur a tellement pâli qu’on devine plutôt qu’on ne voit qu’elle a été rouge.