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2. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 218 » p. 153

Ne pouvant s’en rendre maîtres, à cause des chiens qui les gardaient, ils résolurent d’user de ruse pour en venir à leurs fins. […] C’étaient les chiens, disaient-ils, qui étaient cause de leur inimitié ; on n’avait qu’à les leur livrer ; et la paix régnerait entre eux.

3. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XXI. Les Frelons, et les Moûches à miel. » p. 504

Des Abeilles s’opposant, 
Devant certaine Guespe on traduisit la cause.
 […] Depuis tantost six mois que la cause est pendante,
 Nous voicy comme aux premiers jours.


4. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XVIII. De l’Arondelle, et des autres Oyseaux. »

Quant à la cause, elle provient de divers endroicts : car quelquesfois elle procede de nostre arrogance, qui nous fait imaginer toute autre sens moindre que le nostre ; quelques-fois aussi c’est un effect de nostre impetuosité, qui ne nous permet pas d’avoir l’oreille à ce qu’on nous dit, et entreine quant et soy nos appetits, et nostre raison, sans qu’elle ait la force de s’en deffendre. […] Mais de quelque source que naisse ceste imprudence, soit de l’une de ces causes soit de toutes ensemble, c’est tousjours un dangereux effect parmy les hommes, et qui ne leur laisse pour tout remede que ces paroles, ô que si je l’eusse pensé ! Or outre le mal qui nous vient de ne croire un bon amy, qui nous conseille fidellement, il en arrive souvent un autre plus considerable que celuy-là, à sçavoir, que nous perdons presque tousjours l’amitié de celuy qui entreprend de nous exhorter, à cause que se voyant si peu digne de creance envers nous, il se rebutte aisément de nostre praticque, et ne peut souffrir la plus part du temps que nous le tenions pour suspect en sa veritable affection.

5. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XLI. Du Cerf, et du Chasseur. »

En mesme temps se sentant poursuivy des chiens, il se jetta dans une forest espaisse, où ses cornes se prirent aux branches d’un arbre, et ce fut alors, que se dédisant de son opinion, il se mit à loüer ses jambes, et à blasmer ses cornes, qui avoient esté cause de sa prise. […] Ceste éminence de Fortune, dont ils se piquent si fort, n’est que trop souvent la pire de leurs ennemies, à cause des Envieux qu’elle leur suscite. […] Nous ne voyons pas en aucune Histoire, qu’Itacque ait oncques esté assaillie, à cause qu’elle estoit sterile ; Et au contraire, nous sçavons que l’Isle de Chipre, la Sicile, la Troade, et toutes les plus fertiles contrées de la Grece n’ont jamais eu que des troubles.

6. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXV. Des Liévres craignans sans cause. »

Des Liévres craignans sans cause. La forest battuë des vents, faisoit plus de bruict que de coustume : ce qui fut cause que les Liévres espouvantez se mirent vistement à la fuïte.

7. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CVI. Du Satyre, et du Voyageur. »

Mais ayant pris garde qu’il soufloit dans ses mains, il luy en demanda la cause : A quoy le Voyageur respondist, qu’il le faisoit pour les échauffer. […] Telle espece de gents est donc plus à craindre, que les personnes declarées à nostre ruyne, à cause que sous l’appas des douces paroles, elle est capable de nous infecter d’un poison mortel, et de remplir d’amertume les douceurs de l’Hospitalité.

8. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Le voyage d’Esope en Delphes. Chapitre XXIX. »

Ceux de Delphes l’oyant parler de ceste sorte, apprehenderent d’abord qu’il ne se portast à mesdire d’eux, passant par les autres Villes : Ce qui fut cause qu’ils conspirerent meschamment contre sa vie. […] Durant ces choses, Esope voyant qu’il n’y avoit point de subtilité qui fust capable de le tirer d’un si grand mal-heur, tout ce qu’il pouvoit faire pour son allegement, c’estoit de se plaindre dans la prison : Ce que voyant un de ses amis, qu’on appelloit Damas, il luy demanda la cause de sa plaincte, qu’Esope luy fit cognoistre en ces termes. « Une femme », dit-il, « ayant depuis peu ensevely son mary, s’en alloit tous les jours à son tombeau, qu’elle arrosoit de ses larmes : Il arriva cependant qu’un certain paysan, qui labouroit la terre assez prés de là, fust surpris de l’amour de ceste femme : ce qui fut cause que delaissant et bœufs et charruë, il s’en alla droict au tombeau ; où s’estant assis, il commença de pleurer comme elle. La femme en ayant voulu sçavoir la cause ; “Ce que je pleure”, luy respondit le païsan, “c’est pour soulager le mal que je ressents de la perte que j’ay faite de ma femme, qui n’estoit pas moins honneste, que belle”.

9. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXVI. De la Tortuë, et de l’Aigle. »

Premierement, ils y peuvent contribuër par leur propre faute, veu le peu d’experience qu’ils ont de la grandeur, à cause que leur nourriture a esté prise au milieu de la bassesse. […] Dequoy sont cause en partie les animositez qu’ils suscitent à l’encontre d’eux, estant bien plus ordinaire aux hommes de murmurer contre ceux qui changent de condition, que contre les autres, d’autant que c’est un effect moins commun, et qu’ayant eu plus d’égaux en leur premiere bassesse, ils ont par consequent plus d’Envieux, puis que selon Aristote, l’envie est entre les semblables. […] Quant à la troisiesme cause de leur achoppement, elle leur est, sans comparaison, beaucoup plus commune qu’aux hommes de condition, veu qu’il est presque asseuré, qu’apres un bonheur extrême, il arrive une disgrace infaillible.

10. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LVIII. Du Chevreau, et du Loup. »

Car ils hayssent extrémement toute effusion de sang, et ne se resolvent pas souvent à un assassinat, à cause qu’il faut avoir quelque espece de courage pour l’executer. […] Voylà donc le moyen et la cause d’où procede la coustume des peureux, d’injurier quand ils sont en seureté. […] Cependant les grands courages, qui recognoissent parfaictement les défauts de ces ames foibles, ne daignent s’en émouvoir, à cause que le mespris qu’ils font de si lasches Ennemis, est un frein à leur ressentiment.

11. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 337 » p. 270

– Ce n’est pas moi, dit la cheville, qui suis la cause de ce que tu souffres, mais celui qui me frappe violemment par derrière. »

12. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — VII. Le Mulet se vantant de sa Genealogie. » p. 315

Quand le malheur ne seroit bon Qu’à mettre un sot à la raison, Toujours seroit-ce à juste cause Qu’on le dit bon à quelque chose.

13. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 133 » pp. 113-113

Le thon se retournant le vit rendre l’âme et dit : « Je ne suis plus chagrin de mourir, du moment que je vois mourir avec moi celui qui est cause de ma mort. » Cette fable montre qu’on supporte facilement les malheurs, quand on les voit partagés par ceux qui en sont la cause.

14. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — XVI. La mort et le Buscheron. » p. 60

que sa rencontre
 Me cause d’horreur et d’effroy ! […] Je joints toutefois ma Fable à celle d’Esope : non que la mienne le merite : mais à cause du mot de Mecenas que j’y fais entrer, et qui est si beau et si à propos que je n’ay pas cru le devoir omettre.

15. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — De la response qu’Esope fist à un Juge. Chapitre XVII. »

« Je ne sçay », luy respondit Esope, sans en dire d’avantage ; ce qui fut cause que sur la croyance qu’eust le Preteur, qu’il se mocquoit de sa demande, il commanda qu’on le menât en prison. L’on se mit incontinent en estat, de le faire ; Et comme on l’y traisnoit, « ô Preteur », s’écria-t’il, « ne vois-tu point que je t’ay bien respondu, puis qu’asseurément je ne pensois pas aller où je vay, et que ta rencontre est cause de mon emprisonnement ? 

16. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XCIV. Du Taureau, et du Bouc. »

Ceste insolence irrita fort le Taureau, qui s’estant mis à mugir de déplaisir qu’il en eust ; « Je voy bien que c’est », luy dit-il, « ce que tu me fais un si rude accueil, c’est à cause que je suis en fuitte ; mais si celuy qui me poursuit s’en estoit allé, je m’asseure que je te ferois bien sentir que les forces d’un Taureau, et celles d’un Bouc, sont deux choses extrémement differentes ». […] Ceste mauvaise methode est ordinaire à ceux qui nous persecutent en nostre affliction, qui sont par consequent les hommes du monde que nous devons le plus apprehender, à cause que nos autres ennemis ne sont redoutables qu’entant qu’ils nous ameinent ceux-cy.

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