Mais d’autant que ceste Fable approche fort du sujet de la precedente, et qu’elle contient par consequent les mesmes instructions, il seroit hors de propos, ce me semble, que je m’arrestasse à la moraliser.
Quant à l’union de ces quatre Taureaux, qui assemblent leur force pour resister au Lion, et sont invincibles par le moyen de leur bonne intelligence, elle contient une Allegorie assez commune, et que nous avons des-ja veuë plusieurs fois dans les Discours precedents.
Comme la Fable precedente contient la mesme Allegorie, qu’une de celles que nous avons des-ja traitées ; Aussi pouvons-nous dire, que celle-cy a quelque ressemblance avecque la Fable du Renard et de la Cygogne, en laquelle la ruse fust payée par la ruse. Il est vray neantmoins qu’elle contient je ne sçay quoy de plus important que l’autre, qui ne touche que la mocquerie, au lieu que celle-cy a pour object les perfides attentats de nos Ennemis.
Il y en a une autre bien plus excellente, et plus pure, qui ne contient rien de perissable, ny d’imparfaict, mais au contraire elle resiste à l’injure du temps, et n’est susceptible d’aucune tache, ny d’aucune defectuosité. […] A quoy j’adjousteray le raisonnement, qui pour estre en nous tres-imparfaict, ne laisse pas toutes-fois de contenir quelque chose d’excellent et de grand par dessus tout ce qui est dans le monde : Or que la beauté du corps nous rende semblables aux animaux, cela se découvre assez en ce que la leur consiste comme la nostre, et en couleur, et en proportion ; Et ne sert de rien de dire, qu’ils n’ont pas les traits de leur corps semblables aux nostres, puis qu’il est certain que nous ne leur ressemblons pas, ny du visage, ny de la stature.
Cecy semble contenir le mesme sens mystique, que la Fable d’Ulysse, qui pour n’ouyr les chants des Syrenes, se boucha les oreilles de cire, de peur que leurs charmes nuisibles ne vinssent à se glisser par l’ouye jusques au fonds de son ame, et ne l’empoisonnassent secrettement.
Je pense qu’il y a deux ou trois Fables dans ce livre, qui contiennent le mesme sens de celle-cy, à sçavoir que la Nature a doüé châque animal de quelque vertu, capable de rendre tout le monde satisfaict, et cela avec tant de justesse et de proportion, que nul n’est mécontent de son partage.
L’allegorie de cette cinquante-neufviesme Fable, va ce me semble, à reprendre la vanité des Sculptures, et particulierement de celles qui contiennent plus de flaterie que de verité. […] Tellement qu’ils se rendent suspects de mensonge, à cause que leurs originaux en sont soupçonnez aussi ; Et voy là comment il est mal-aisé d’avoir une Histoire toute pure, et qui ne contienne que des succés veritables.
En un mot, qu’il jette les yeux sur la lascheté de son action, qui n’est digne d’aucune sorte de loüange, pource qu’elle ne contient aucune difficulté.
Ce n’est pas mentir que de dire qu’ils contiennent en eux un thresor de verité, et les plus nobles subjets de la Philosophie Morale.
Ceste verité est si cognuë de tous les hommes, qu’ayant passé en proverbe parmy nous, elle contient le plus grand secret de la prudence, à sçavoir, de s’accommoder au temps.
Aussi la premiere fin de l’establissement des Roys a esté pour contenir les Peuples en l’observation de ce qui est honneste et vertueux.
Ceste Fable soixante-dixiesme contient quelque chose de plus, que le blâme de l’ordinaire temerité.
La raison en est fondée sur ce que le temperamment des femmes, comme estant créé pour recevoir, ne contient pas tant de vigueur ny d’activeté ; au contraire il est détrempé de beaucoup d’humide, et par consequent plus mol que la constitution de l’homme.
(Cet opuscule, qui occupe 44 pages, contient des poèmes latins, dont les sujets sont empruntés à la Bible.) […] Cela est vrai ; mais ce manuscrit ne contenait qu’un fragment, à peine huit fables du premier livre. […] Il contenait et il contient encore le papier transparent, sur lequel Dom Vincent avait imité l’écriture du manuscrit. […] L’édition Brocas, étant une édition de classe, ne contenait pas les fables considérées comme immorales. […] De là vient le premier cahier de quatorze feuillets, qui contient cette épître, et, à la suite, la table des matières.