Le Serpent et la Lime. On conte qu’un serpent voisin d’un Horloger, (C’estoit pour l’Horloger un mauvais voisinage) Entra dans sa boutique, et cherchant à manger N’y rencontra pour tout potage Qu’une Lime d’acier qu’il se mit à ronger. […] Tu te prends à plus dur que toy, Petit Serpent à teste folle, Plutost que d’emporter de moy Seulement le quart d’une obole, Tu te romprois toutes les dents.
Chambry 291 Chambry 291.1 Ὄφις καὶ καρκῖνος — Le serpent et le crabe. […] Un serpent et un crabe séjournaient dans le même endroit. Le crabe se comportait envers le serpent en toute simplicité et bienveillance ; mais le serpent était toujours sournois et pervers. […] Aussi, indigné, il observa le moment où le serpent dormait, le saisit à la gorge et le tua.
Chambry 168 Κόραξ καὶ ὄφις — Le corbeau et le serpent. […] Un corbeau à court de nourriture aperçut un serpent qui dormait au soleil ; il fondit sur lui et l’enleva. Mais le serpent se retourna et le mordit, et le corbeau, sur le point de mourir, dit : « Je suis bien malheureux d’avoir trouvé une aubaine telle que j’en meurs. » On pourrait dire cette fable à propos d’un homme que la découverte d’un trésor met en péril de mort.
Du Serpent, et de la Lime. Le Serpent voulut ronger une Lime qu’il trouva dans une forge ; Mais elle s’estant mise à rire, « Sotte beste », luy dit-elle, « qu’est-ce que tu fais ? […] Quant à la vaine entreprise du Serpent, qui s’efforce de ronger une lime, elle nous apprend à ne choquer point les Grands, de peur que nostre foiblesse ne nous soit enfin un fascheux sujet de confusion et de ruyne.
Chambry 136 Chambry 136.1 Ἰκτῖνος καὶ ὄφις — Le milan et le serpent. […] Un milan ayant enlevé un serpent s’envola dans les airs. Le serpent se retourna et le mordit ; tous les deux furent alors précipités du haut des airs, et le milan périt. « Pourquoi, lui dit le serpent, as-tu été si fou que de faire du mal à qui ne t’en faisait pas : tu es justement puni de m’avoir enlevé. » Un homme qui se livre à sa convoitise et fait du mal à de plus faibles que lui peut tomber sur un plus fort : il expiera alors, contre son attente, tous les maux qu’il a faits auparavant.
Chambry 331 Chambry 331.1 Σφὴξ καὶ ὄφις — La guêpe et le serpent. […] Un jour une guêpe se posta sur la tête d’un serpent, et le tourmenta, en le piquant sans relâche avec son aiguillon. Le serpent, fou de douleur, ne pouvant se venger de son ennemi, mit sa tête sous la roue d’un chariot et mourut ainsi avec la guêpe.
Marie de France, n° 82 La vipère et le champ Une serpent trespassot ja par mi un champ, [si] translança. […] Li uns de l’autre rien ne prent plus que li chans de la serpent.
Chambry 82 Chambry 82.1 Γεωργὸς καὶ ὄφις <ὑπὸ κρύους πεπηγώς> – Le laboureur et le serpent gelé. […] Un laboureur trouva dans la saison d’hiver un serpent raidi par le froid. […] Réchauffé, le serpent reprit son naturel, frappa et tua son bienfaiteur, qui, se sentant mourir, s’écria : « Je l’ai bien mérité, ayant eu pitié d’un méchant. » Cette fable montre que la perversité ne change pas, quelque bonté qu’on lui témoigne.
Chambry 289 Chambry 289.1 Οὐρὰ καὶ μέλη ὄφεως — La queue et le corps du serpent. […] Un jour la queue du serpent eut la prétention de conduire et de marcher la première. […] La queue commanda et conduisit, tirant à l’aveugle tout le corps, tant qu’enfin elle tomba dans un trou plein de pierres, où le serpent se meurtrit l’échine et tout le corps.
Chambry 81 Chambry 81.1 Γεωργὸς καὶ ὄφις <τὸν παῖδα αὐτοῦ ἀποκτείνας> – Le laboureur et le serpent qui lui avait tué son fils. […] Un serpent, s’étant approché en rampant de l’enfant d’un laboureur, l’avait tué. Le laboureur en ressentit une terrible douleur ; aussi, prenant une hache, il alla se mettre aux aguets près du trou du serpent, prêt à le frapper, aussitôt qu’il sortirait. Le serpent ayant passé la tête dehors, le laboureur abattit sa hache, mais le manqua et fendit en deux le roc voisin. Dans la suite, craignant la vengeance du serpent, il l’engagea à se réconcilier avec lui ; mais le serpent répondit : « Nous ne pouvons plus nourrir de bons sentiments, ni moi pour toi, quand je vois l’entaille du rocher, ni toi pour moi, quand tu regardes le tombeau de ton enfant. » Cette fable montre que les grandes haines ne se prêtent guère à des réconciliations.
Chambry 292 Ὄφις πατούμενος καὶ Ζεύς — Le serpent foulé aux pieds. […] Un serpent, souvent foulé aux pieds par les hommes, alla s’en plaindre à Zeus.
Du Laboureur et du Serpent. […] maudit Serpent », dit-il, « est-ce le remerciment que tu me fais ? […] Le Serpent n’est pas tousjours le hieroglyphe de la Prudence, comme le requiert ce passage, où il est dit, « Soyez prudents comme des Serpents ». […] Venons donc au sujet de nostre Autheur, et voyons ce stupide Villageois, qui emporte un Serpent transy de froid auprés de son foyer propre, pour le ranimer. […] Croy-tu d’avanture qu’Æsculape se soit derechef desguisé en forme de Serpent, pour obliger ta famille ?
Du Laboureur et du Serpent. Uu Laboureur fasché contre un Serpent qu’il nourrissoit, prit une cognée en main, et se mit à le poursuyvre. Mais le Serpent eschappa, non toutesfois sans estre blessé. Il arriva depuis, que le Laboureur estant devenu fort pauvre, et imputant la cause de ce malheur à l’offense qu’il avoit faite au Serpent, s’en alla vers luy, pour le prier de s’en revenir à son logis. Pardonne-moy luy respondit le Serpent, si je n’y puis retourner : car il n’est pas possible que je sois jamais en seureté avecque toy, tant que tu auras une telle coignée en ta maison.