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90. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XIX. Des Grenoüilles, et de leur Roy. »

La Nature l’ayant donnée à ceux du premier âge, ne furent-ils pas bien mal-heureux de la laisser perdre, pour la seule dispute du tien et du mien, d’avoir esté obligez de chercher à leur convoitise des moderateurs, dont ils n’auroient jamais eu besoin, s’ils eussent demeuré dans les sacrées bornes de la mediocrité ?

91. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXVI. Du Cheval, et du Lion. »

Tesmoin ce Comte mal-advisé, qui perdit la vie et l’honneur en l’execrable trahison qu’il avoit tramée contre la Duchesse de Savoye ; tesmoin la factieuse ligue des Zegris, contre les Abensarades dans le Royaume de Grenade, d’où ils eurent bien l’avantage de chasser ceste genereuse Noblesse, mais aussi furent ils mis à une entiere destruction, quand la ville de Grenade fust saccagée ; tesmoin encore la fin du traistre Ganes, et une infinité d’autres exemples, qu’il est à propos d’oublier icy, de peur d’ennuyer le Lecteur par la repetition d’une seconde lecture.

92. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXI. Du Larron, et du Chien. »

Ce fut elle qui corrompit la fidelité de Procris, qui jusques alors avoit esté reputée la femme la plus chaste de son âge ; Elle qui fit retarder la course d’Attalante, et donna moyen à Hippomene de l’espouser ; Elle qui a tant fait perdre de Villes imprenables, et tant fait changer de Maistres aux plus florissants Royaumes, jusques là qu’un grand Prince avoit raison de dire, qu’il n’y avoit point de Place imprenable, s’il y pouvoit entrer un mulet qui fût chargé d’or.

93. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LV. Du Vautour, et des autres Oyseaux. »

Quelle abomination de voir que ce noble animal, à qui l’excellence de son estre a fait donner le tiltre de raisonnable, invente tous les jours de nouveaux appas, pour tromper ses ennemis, caressant plustost ceux qu’il veut perdre, que ceux qu’il ayme veritablement ?

94. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXVI. Du Renard, et du Chat. »

D’ailleurs, celuy qui s’engage dans les ruses, s’égare le plus souvent dans un labyrinthe, tout de mesme qu’on ne peut quitter le grand chemin, pour brosser à travers la campagne parmy les haliers et les espines, sans se perdre, ou du moins sans s’esloigner du lieu où l’on desire arriver.

95. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXXI. Du Dieu Mercure, et d’un Charpentier. »

Cela nous apprend que tost ou tard la recompense suit la Vertu, et que ce n’est jamais perdre le temps, de la pratiquer.

96. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE IX. Du Sanglier, et de l’Asne. »

C’est ce qui fait qu’un genereux Empereur, arrivé depuis peu à ceste souveraine dignité, rencontrant son ennemy dans la ruë ; « Tu és », luy dit-il, « eschappé de mes mains », donnant à entendre par ces paroles, que la disproportion de leurs qualitez, et les faciles moyens qu’il avoit de le perdre, luy en ostoient pour jamais la resolution.

97. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE CIX. De la femelle du Singe, et de ses deux Enfants. »

Car si la bonne instruction est une seconde naissance, et si derechef elle dépend de la reprehension des Vices, où nostre Nature n’est que trop sujette, ces flatteuses Meres qui sont idolastres de leurs Enfans, ne les perdent-elles point à faute de les reprendre ?

98. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — La mort d’Esope. Chapitre XXX. »

Je vous fais aujourd’huy la mesme reproche, ô meschants Delphiens, et vous proteste qu’il n’est point de Scylle, ny de Caribde, ny point de Syrtes en Affrique, où je ne cherchasse à me perdre, plutost que de mourir indignement, et sans cause.

99. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « A MONSEIGNEUR. MOROSINI, AMBASSADEUR. ORDINAIRE DE LA. SERENISSIME REPUBLIQVE. DE VENISE, PRES DE SA MAJESTÉ. TRES-CHRESTIENNE. »

Il monstre par là, qu’il excelle égallement en l’eslection de ses Ministres, et en la conduite de son Estat ; par le moyen de laquelle il y a long-temps qu’il a fait perdre à l’ancienne Rome , le nom d’Eternelle, pour le perpetuer à Venise .

100. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XL. De l’Asne, et du Cheval. »

Ce qui estant une fois conclud, presque toutes les operations de nostre entendement nous conduisent à la voye de la mediocrité, c’est-à dire, au chemin de la Vertu, au lieu que les grands biens charment visiblement nostre volonté, et la font noyer et perdre dans leurs delices, sur le poinct qu’elle en desire l’accroissement.

101. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 200 » pp. 336-336

Alors le renard claqua ses mains l’une contre l’autre, dépité d’avoir perdu sa peine ; et le lion se mit à gémir en poussant de grands rugissements ; car la faim le tenaillait, et le chagrin aussi ; et il supplia le renard de faire une autre tentative et de trouver une nouvelle ruse pour amener le cerf.

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