Sun cheverol apela a li, si li pria e defendi qu[e]’il ne laissast pur murir ensemble od eus bestes venir pur parole ne pur preere deci ke ele revienge arere. […] Bien sai que tu n’es pas ma mere. » Si li cheverol l’ust recuilli en la meisun ensemble od li, mangié l’[e]ust e devoré.
Le Lion, et la Brebis, avec quelques autres animaux, estant demeurez d’accord d’aller à la chasse ensemble, et de posseder en commun tout ce qui en proviendroit, il arriva qu’ils prirent un Cerf. […] Ce partage que fait le Lion aux animaux, ses inferieurs, de la venaison qu’ils ont prise ensemble, represente les injustes avantages que les riches prennent sur les pauvres, qu’ils ont accoûtumé de tromper, en retenant leurs salaires ; de s’attribuër des honneurs immoderez, de rehausser l’excellence de leur protection, de rendre leur conduitte necessaire à l’appuy des affligez, et par toutes ces raisons usurper injustement ce que la nature, ou le hazard leur fait escheoir.
Il en prit ainsi aux Grecs partialisez ensemble, qui neantmoins se rejoignirent enfin avec une parfaite concorde, quand il fût question de repousser la redoutable armée du Roy Xerxes ; dequoy ils ne vindrent à bout, qu’à l’ayde de leur bonne intelligence. Le semblable presque fut veu en l’entreprise que les Romain firent contre les Gaulois, lors qu’appellez à la conqueste de ces pays-là, par les communes divisions de leurs habitans, ils y envoyerent avant le Regne de Jules Cesar deux ou trois Capitaines fort aguerris, qui toutesfois n’en purent venir à bout, et s’accorderent ensemble contre leur Ennemy commun. Ceste resistance dura depuis jusqu’à ce que le grand Cesar les reduisit à main armée, soit que l’honneur de ceste entreprise luy fust fatalement deuë, soit qu’il trouvast moyen de les diviser derechef, ou que toutes les deux causes ensemble contribuassent à la subjection des Gaulois.
Marie de France, n° 41 Le riche et les serfs Un riches hum chevacha ja par mi un champ, si esgarda u dui serf ensemble parloënt ; si estreitement cunseiloënt cum s’il fussent entre grant gent.
Li teissuns s’est acumpainiez ensemble od eus, si recunut que porc esteit et estre dut.
Un Vieillard prest d’aller où la mort l’appelloit, Mes chers enfans, dit-il, (à ses fils il parloit) Voyez si vous romprez ces dards liez ensemble ; Je vous expliqueray le nœud qui les assemble. […] Tous perdirent leur temps, le faisceau resista ; De ces dards joints ensemble un seul ne s’éclata.
A une chevre le bailla, que de sun leit l’ad bien nurri ; al bois l’enmeine ensemble od li.
Dunc s’est la pulce purpensee, si ad mercïé le chameil que si süef dedenz sun peil l’aveit ensemble od li portee ; jamés par sei n’i fust alee : par sun travail le* servireit mut volenters si ele poeit.
Marie de France, n° 88 Le loup et le renard Un gupil e un lu s’aïrierent e ensemble se curucerent, si que nul nes pot acorder ne lur raisun a bien turner.
Ensemble od li s’en est alee, le prez fu [si] plein de rusée la suriz fu issi muillee que ele quida bien estre neé[e] ; arere voleit returner, kar ne poeit avant aler. […] Un escufle i vient roant, vit la suriz ki veit pipant, les eles clot, aval descent, li e la reine ensemble prent : amdui furent al fil pendant.
Il faut qu’ils se plaignent de ne les posseder pas tous ensemble, et que là dessus ils accusent le Ciel d’injustice, comme si le grand Distributeur des choses ne sçavoit point aussi bien qu’eux ce qui leur est propre, et comme si ce n’estoit pas assez à chacun de joüer le roole qui luy est ordonné sur le Theatre du Monde. […] Tout le monde, disoit-il, est si bien assorty de ce qu’il luy faut pendant le cours de ceste vie, que si nous avions mis ensemble nos bonnes et nos mauvaises fortunes, afin de refaire le partage plus à propos, apres avoir tout veu et tout consideré, nous raporterions chacun nos biens et nos maux au logis, ne jugeant rien de plus sortable à nostre personne, que ce que la naissance ou le destin nous auroit envoyé. […] Car il se void d’ordinaire qu’un homme extrémement laid, sera doüé d’un esprit excellent, et s’il est stupide, ou hideux tout ensemble, il aura une tranquilité d’humeur, preferable à tous les agréements du monde.
Marie de France, n° 85 La mouche et l’abeille Une musche e un es tencerent e ensemble se curucerent.