Le Renard se voulant sauver du danger qui le menaçoit, sauta sur une haye, qu’il prit à belles pattes, avec que tant de malheur, qu’il se les perça d’espines Comme il se veid ainsi blessé, tout son recours fût aux plainctes. « Perfide Buisson », dit-il, « je m’estois retiré vers toy, pensant que tu m’ayderois ; mais au lieu de le faire, tu as rendu mon mal pire qu’il n’estoit ». « Tu t’abuses », luy respondit le Buisson, « car c’est toy-mesme à qui rien n’eschappe, qui m’as voulu prendre par les mesmes ruses que tu pratiques envers les autres ».
C’est, à la verité, une belle chose que l’esprit, à qui l’on peut donner ceste gloire d’estre l’Image de la Divinité, le Chef-d’œuvre le plus accomply de tous, et la meilleure partie de nous-mesmes.
Voila cependant que le Philosophe Xanthus, qui faisoit sa demeure à Samos, s’en vint au marché, où voyant les deux jeunes Esclaves si bien habillez, et tout au contraire Esope, qui estoit au milieu d’eux, si contre-faict, et en si mauvais équipage, il s’émerveilla de l’invention du marchand ; Car il avoit mis le laid au milieu, affin que par l’opposition de sa déformité, les deux autres jeunes garçons semblassent plus beaux qu’ils n’estoient. […] Car avec ce qu’il ne vous servira pas moins bien que les autres, nous sommes contents de payer ce qu’il coustera ». « Vrayment », adjousta Xanthus, « il feroit beau voir que vous fournissiez l’argent, et que j’acheptasse la marchandise.
Mais pour tout cela le Loup ne laissant pas de crier plus fort ; « En vain », luy dit-il, « tu me fais toutes ces belles excuses : c’est ta coustume de m’estre nuisible ; ce mal là te vient de race, car tes pere et mere, et tous les tiens generallement, me hayssent au mourir.
Esope l’oyant ainsi parler ; « Vrayment », dit-il, « voila une fort belle question, et dont les enfans de nostre pays rendroient raison. […] Le lendemain apres que Nectenabo eust fait appeller ceux de son conseil ; « Sans mentir », leur dit-il, « j’ay belle peur que l’esprit d’Esope ne nous fasse tributaires du Roy Lycerus ». « Avant que cela soit », respondit un de l’assemblée, « je suis d’advis que nous luy proposions des questions, que nous-mesmes n’avons jamais sçeuës, ny ouyes »
Quoy que d’ailleurs ils fussent grands Capitaines, ils ne laisserent pas toutesfois de faillir au principal, et d’estre esblouys des belles promesses du Sultan, qui leur firent abandonner leur Prince, et tourner leurs armes contre leur propre Patrie.
Il se faut rendre de la mesme stature de celuy à qui l’on veut succeder en ceste possession ; c’est à dire, qu’il faut faire d’aussi belles choses que luy-mesme.
Ce n’est pas assez, dis-je, de faire de beaux semblants, d’accoster, d’embrasser, et de convier à la table ceux de qui lon medite la mort.
Nous pouvons trouver d’assez beaux exemples à ces Veritez, en la pluspart des choses de la Nature.
Beau trio de Baudets !
Se del savio di Frigia entro a lo specchio, In cui l’huom savio sé medesmo intende E riconosce il pazzo i proprii errori ; Mirate un poco, haver chiara potrete L’oscurità de le miserie vostre : Quinci del vero alfin fatti più accorti, E scorto di Virtute il bel camino, Fuor vi trarrete de l’error comune, Nel quale ognun precipitoso corre : Né stimarete l’oro, o ’l lucid’ostro, O le delicatissime vivande, Le feste, i giuochi, o i trionfali honori Contrapesati da continue cure, E da mille sospetti indegni et vili, Più, che la dolce amata libertade, Più, che l’almo riposo, e l’otio honesto Accompagnato da la gioia immensa D’una tranquillità grata e sicura, Che rende l’huomo in povertà beato.
Car en effect, qu’y a-t’il de plus execrable en ce qui regarde les Demons, que ceste circonstance d’avoit esté mescognoissants des bien-faits de la Divinité, qui les avoit créez si clairs et si beaux ?