Marie de France, n° 13 Le corbeau et le renard Issi avient, e bien pot estre, que par devant une fenestre quë en une despense fu vola un corf, si ad veü furmages que dedenz esteient, e desur une cleie giseient ; un en ad pris, od tut s’en va.
Marie de France, n° 61 Le renard et la colombe D’un columb cunte ke jadis sur une croiz s’esteit asis.
Marie de France, n° 69 Le renard et l’ourse D’un gupil nous recunte e dit quë une urse trova e vit.
Marie de France, n° 60 Le coq et le renard D’un cok recunte ki estot sur un femer e si chantot ; par delez li vient un gupilz, si l’apela par muz beaus diz.
Un renard, qui passait, les voyant énervés, et le faon gisant au milieu, l’enleva et s’en alla en passant entre eux deux. […] c’est pour le renard que nous avons pris tant de peine. » La fable montre qu’on a raison de se dépiter, quand on voit les premiers venus emporter le fruit de ses propres travaux.
Marie de France, n° 98 Le renard et le chat Un gupil e un chaz alerent par mi un champ, si purparlerent qu[e]’ il sereient cumpainum.
Marie de France, n° 68 Le lion et le renard Un lïon fu mut desheitez, de mal suspris e empeirez.
Cependant un renard lui cria d’avoir confiance et de ne pas fuir.
Mais un jour entre les autres, il arriva qu’estant sorty, pour leur chercher quelque proye, l’Aigle, qui en avoit besoin aussi bien que luy, volla droit au lieu où estoient les petits Renards, qu’elle ravist promptement, et en fist curée à ses poussins.
La source, à mon advis, en est tirée de bien plus loing, à sçavoir de la Metempsicose de Pythagore, qui ayant publié par toute l’Italie, que les ames humaines passoient d’un corps à l’autre jusques à la fin des siecles, donna sujet à ceste opinion, et fist croire à beaucoup de gents, que les esprits vertueux avoient leur retraicte asseurée dans des corps aggreables et tranquilles, comme sont le Cygne, la Brebis, et quantité d’autres ; que les genereux ranimoient des Aigles ou des Lions, et que les Malicieux avoient à devenir Renards, les Voluptueux, Pourceaux, les Bien-advisez, Elephants, les Fideles, Chiens, les Ingenieux, Singes, et ainsi des autres ; Puis il disoit, que ces mesmes ames rentroient dans des corps humains, et revenoient faire une course en leur premiere lice, continüant de cette sorte jusqu’à l’entiere revolution des siecles, qu’ils appelloient la Grande Année, à sçavoir celle-là qui ramenoit les choses à leur premier poinct, et faisoit revenir en mesme estat, en mesme circonstance, et en mesme progrez toutes les actions de la vie. […] Le mesme se remarque en la Poule, qui ne pond jamais qu’elle ne jette une sorte de cry, les autres Poules, ensemble les Villageois, et les Renards mesme, cognoissent parfaictement.
Préface de la première édition Je me propose de publier, en faisant précéder les textes de leur histoire et de leur critique, tout ce qui reste des œuvres des fabulistes latins antérieurs à la Renaissance. C’est une vaste tâche que personne encore ne s’est imposée, et qui, je le crains du moins, m’expose à être un peu soupçonné de présomption. Pour me prémunir contre un pareil soupçon, je désire expliquer comment j’ai été conduit à l’assumer. De tous les auteurs anciens qui guident les premiers pas de l’enfant dans l’étude de la langue latine, Phèdre est celui qui lui laisse les plus agréables souvenirs. Ses fables sont courtes, faciles à comprendre et intéressantes par l’action qui en quelques vers s’y déroule.