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2. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre deuxiéme. — XVI. Le Corbeau voulant imiter l’Aigle. » p. 2

Le Corbeau voulant imiter l’Aigle. L’Oyseau de Jupiter enlevant un Mouton, Un Corbeau témoin de l’affaire, Et plus foible de reins, mais non pas moins glouton, En voulut sur l’heure autant faire. […] Gaillard Corbeau disoit, en le couvrant des yeux, Je ne sçay qui fut ta nourrice ; Mais ton corps me paroist en merveilleux état : Tu me serviras de pâture. […] Elle empestra si bien les serres du Corbeau, Que le pauvre animal ne put faire retraite ; Le Berger vient, le prend, l’encage bien et beau ; Le donne à ses enfans pour servir d’amusette.

3. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 47 » p. 245

Chambry 47 Ἀνὴρ δειλὸς καὶ κόρακες — Le lâche et les corbeaux. […] Un homme lâche partait pour la guerre ; mais ayant entendu croasser des corbeaux, il posa ses armes et ne bougea plus ; puis il les reprit et se remit en marche. Mais les corbeaux croassant de nouveau, il s’arrêta, et à la fin il leur dit : « Libre à vous de crier aussi fort que vous pourrez ; mais vous ne goûterez pas à ma chair. » Cette fable vise les poltrons.

4. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre premier. — II. Le Corbeau et le Renard. » p. 124

Le Corbeau et le Renard. […] A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joye : Et pour monstrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proye. […] Le Corbeau honteux et confus Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendroit plus.

5. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 168 » p. 128

Chambry 168 Κόραξ καὶ ὄφις — Le corbeau et le serpent. […] Un corbeau à court de nourriture aperçut un serpent qui dormait au soleil ; il fondit sur lui et l’enleva. Mais le serpent se retourna et le mordit, et le corbeau, sur le point de mourir, dit : « Je suis bien malheureux d’avoir trouvé une aubaine telle que j’en meurs. » On pourrait dire cette fable à propos d’un homme que la découverte d’un trésor met en péril de mort.

6. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 162 » p. 123

Chambry 162 Κολοιὸς καὶ κόρακες — Le choucas et les corbeaux. […] Un choucas, qui dépassait en grosseur les autres choucas, prit en mépris ceux de sa tribu, se rendit chez les corbeaux et demanda à partager leur vie. Mais les corbeaux, à qui sa forme et sa voix étaient inconnues, le battirent et le chassèrent.

7. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 256 » p. 236

Chambry 256 Ὁδοιπόροι καὶ κόραξ — Les voyageurs et le corbeau. […] Des gens, qui voyageaient pour certaine affaire, rencontrèrent un corbeau qui avait perdu un œil.

8. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XIII. Du Corbeau, et du Renard. »

Du Corbeau, et du Renard. […] Ces termes de flatterie allecherent si bien le Corbeau, qu’il luy prit envie de chanter ; mais comme il s’apprestoit pour cela, il laissa cheoir un fourmage qu’il avoit au bec, et le Renard s’en saisit incontinent. Il s’esclata de rire pour lors, tandis que de son costé le miserable Corbeau demeura confus, et qu’il eut grande honte de sa perte, et de son malheur. […] Ils vont du contraire au contraire, et donnent impunément le titre de bonté à ce qui est une pure malice ; Semblables en cela au Renard de ceste Fable, qui ose bien dire au Corbeau qu’il est blanc, et démentir en luy l’experience de tout le monde. […] Les Livres sont des amis qui ne trompent point ; on y peut voir l’Image de la Verité, que les hommes vivants ne nous transmettent qu’à travers des rideaux : c’est là qu’il est raisonnable de s’exprimer, au lieu de faire comme le Corbeau, qui se persuade non seulement d’estre blanc, mais encore de bien chanter, et laisse tomber la proye en la gueule de son flatteur.

9. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 166 » pp. 124-124

Chambry 166 Chambry 166.1 Κόραξ καὶ ἀλώπηξ — Le corbeau et le renard. […] Un corbeau, ayant volé un morceau de viande, s’était perché sur un arbre. […] Le corbeau, voulant lui montrer que la voix non plus ne lui manquait pas, lâcha la viande et poussa de grands cris. Le renard se précipita et, saisissant le morceau, dit : « Ô corbeau, si tu avais aussi du jugement, il ne te manquerait rien pour devenir le roi des oiseaux. » Cette fable est une leçon pour les sots.

10. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXX. De l’Aigle, et du Corbeau. »

De l’Aigle, et du Corbeau. […] Car c’est bien veritablement un effect de presomption au Corbeau, que de faire les mesmes entreprises de l’Aigle, et de vouloir aspirer aux choses, où elle est toute seule capable de réussir. […] En ce dernier rang se doit mettre l’entreprise de nostre Corbeau, qui ne s’enhardit pas tant d’enlever le Mouton, par un desir qui le porta naturellement à le faire comme pour sembler égal à l’Aigle, et ne devoir rien ceder aux genereuses entreprises de cét Oyseau. […] Mais pour revenir à nostre Corbeau, qui fût comme un joüet entre les mains des Enfants, il nous apprend que si la folle imitation des personnes relevées n’apporte point d’autre dommage, pour le moins cause-t’elle tous-jours de la risée. […] L’advanture de ces Temeraires ne peut estre mieux comparée qu’à celle du Corbeau, qui pour avoir imité l’Aigle, souffre la persecution des Enfans, et meurt dans une espece de desespoir.

11. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 275 » p. 190

Chambry 275 Ὄνος καὶ κόραξ καὶ λύκος — L’âne, le corbeau et le loup. […] Un corbeau se posa sur lui et piqua sa plaie à coups de bec.

12. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 167 » pp. 323-323

Chambry 167 Chambry 167.1 Κόραξ καὶ Ἑρμῆς — Le corbeau et Hermès. […] Un corbeau pris au piège promit à Apollon de lui brûler de l’encens ; mais sauvé du danger, il oublia sa promesse.

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