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2. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 143 » pp. 320-320

Mais, la guerre finie, le cheval fut employé à des besognes serviles et au transport de lourds fardeaux, et il ne fut plus nourri que de paille. Cependant une autre guerre fut annoncée, et à l’appel de la trompette le maître brida son cheval, s’arma lui-même et l’enfourcha. Mais le cheval sans force tombait à chaque pas. Il dit à son maître : « Va maintenant te ranger parmi les fantassins ; car de cheval tu m’as changé en âne. Comment veux-tu d’un âne refaire un cheval ? 

3. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre quatriéme. — XIII. Le Cheval s’estant voulu vanger du Cerf. » p. 269

Le Cheval s’estant voulu vanger du Cerf. De tout temps les Chevaux ne sont nez pour les hommes. […] Or un Cheval eut alors different Avec un Cerf plein de vîtesse, Et ne pouvant l’attraper en courant, Il eut recours à l’Homme, implora son adresse. […] Et cela fait, le Cheval remercie L’Homme son bienfaiteur, disant : Je suis à vous, Adieu. […] Le Cheval s’apperçut qu’il avoit fait folie ; Mais il n’estoit plus temps ; déja son écurie Estoit prête et toute bâtie.

4. (1180) Fables « Marie de France, n° 47. Le paysan et son cheval » p. 653

Marie de France, n° 47 Le paysan et son cheval D’un vilain nus cuntë ici quë aveit un cheval nurri. […] Cil a ki le cheval esteit otri’ l’autre qu’il le larreit al pris que cil humme i* metreit quë encuntre eus primes vendreit, desqu’il vendreient al marché ; de tutes parz l’unt otrïé. Quant el marché furent entré, un humme borne unt encuntré qui le destre oil aveit perdu ; ensemble od eus l’unt retenu, si li demandent sun avis que del cheval die le pris. […] Cil ki le cheval bargena de la süe part l’otria, mes li autre le cuntredit, kar trop l’aveit preisé petit. […] Od sun cheval s’en est alez ; par bel parler s’est deliverez.

5. (1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — XVI. Le Cheval et l’Asne. » p. 181

Le Cheval et l’Asne. […] Un Asne accompagnoit un Cheval peu courtois, Celui-ci ne portant que son simple harnois, Et le pauvre Baudet si chargé qu’il succombe. Il pria le Cheval de l’aider quelque peu : Autrement il mourroit devant qu’estre à la ville. […] Le Cheval refusa, fit une petarrade : Tant qu’il vid sous le faix mourir son camarade, Et reconnut qu’il avoit tort.

6. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 329 » p. 269

Chambry 329 Σῦς <ἄγριος> καὶ ἵππος καὶ κυνηγέτης — Le sanglier, le cheval et le chasseur. […] Le sanglier et le cheval partageaient le même pâtis. Comme le sanglier à chaque instant détruisait l’herbe et troublait l’eau, le cheval, voulant se venger de lui, recourut à l’aide d’un chasseur. Mais celui-ci ayant déclaré qu’il ne pouvait lui prêter main-forte que s’il consentait à recevoir un frein et à le prendre lui-même sur son dos, le cheval se soumit à toutes ses exigences. Alors le chasseur monté sur son dos mit le sanglier hors de combat, et, emmenant le cheval chez lui, l’attacha au râtelier.

7. (1180) Fables « Marie de France, n° 64. L’homme, le cheval et le bouc » p. 674

Marie de France, n° 64 L’homme, le cheval et le bouc Un riches hum, ceo dit, aveit un cheval, que vendre voleit, e un sun buc tut a un pris. […] Uns march[e]anz les bargena : le cheval dit qu’il retendra, mes li bucs n’en valeit n[i]ent.

8. (1180) Fables « Marie de France, n° 63. Le cheval et la haie » p. 673

Marie de France, n° 63 Le cheval et la haie Un cheval vit u herbe crut dedenz un pré, mes n’aparut la haie dunt fu clos li prez : al saillir enz s’est esteillez.

9. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 141 » pp. 319-319

Chambry 141 Chambry 141.1 Ἵππος καὶ ἱπποκόμος — Le cheval et le palefrenier. […] Un palefrenier volait l’orge de son cheval et la vendait ; en revanche il passait toute la journée à le frotter, à l’étriller. Le cheval lui dit : « Si tu veux vraiment me voir beau, ne vends plus l’orge destinée à ma nourriture. » Cette fable montre que les gens cupides amorcent les pauvres gens par leurs discours séducteurs et leurs flatteries, tandis qu’ils leur ôtent jusqu’au nécessaire.

10. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 269 » pp. 357-357

Chambry 269 Chambry 269.1 Ὄνος ἵππον μακαρίζων — L’âne louant le sort du cheval. […] L’âne trouvait le cheval heureux d’être nourri dans l’abondance et d’être bien soigné, tandis que lui n’avait même pas de paille en suffisance, alors qu’il était soumis à tant de travaux. Mais vint le temps de la guerre : le cheval dut porter un cavalier armé de pied en cap, et celui-ci le poussa dans tous les sens et le lança même au milieu des ennemis, où le cheval criblé de coups s’abattit. En voyant cela, l’âne changea d’avis et plaignit le cheval.

11. (1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE XXXVI. Du Cheval, et du Lion. »

Du Cheval, et du Lion. […] C’est qu’il contrefit le Medecin, et commença d’entretenir le Cheval de divers discours. […] Le Lion en demeura d’accord, et mesme il se mit en devoir de le faire ; Mais le Cheval luy fit quitter bien viste cette besongne : car il le frappa droict au front de toute sa force, et s’enfuyt à mesme temps. […] et qu’à bon droict aussi le Cheval s’est eschappé, car il a vengé la fraude par la fraude mesme ». […] Il a resolu d’esgorger le Cheval, et de se repaistre de son sang.

12. (1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 137 » pp. 396-396

Mais un jour il entendit un cheval qui hennissait admirablement, et il voulut l’imiter. Mais il eut beau répéter ses essais : il ne réussit pas à prendre exactement la voix du cheval et il perdit en outre sa propre voix. De cette manière il n’eut ni la voix du cheval ni sa voix de jadis.

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