Ce fondement supposé, nous avons eu raison de dire, qu’en tous les Estats, où l’administration des affaires est donnée aux Stupides, aux Voluptueux, et aux Avares, il ne se peut faire qu’il n’y arrive du desordre, ou de la ruyne, et que leurs entreprises ne soient aussi malheureuses que celles du Buisson, de la Chauve-souris, et du Plongeon, assemblez pour le mesme commerce.
Mais pour venir au poinct de la jouyssance, supposons que vous la possediez, pensez vous que ce plaisir vous dure long temps sans estre alteré par le dégoust, on par sa legereté ? […] Mais je suppose que vous soyez asseuré d’avoir la Charge où vous aspirez : il ne faut que le moindre caprice d’un Grand, de qui vous releverez, pour vous mettre aussi bas qu’auparavant. […] Supposons neantmoins qu’elle vive tant que nous vivons ; C’est asseurément une tres-petite chose qui dure ; mais apres la mort ce n’est du tout rien.
Mais supposons que le Paysan n’en eust point sur l’Esprevier, et qu’il agist en cela, non comme protecteur de l’un mais comme cruel et injuste persecuteur de l’autre, si est-ce qu’Esope n’auroit pas feint ceste Fable sans sujet, puis que nous voyons d’ordinaire dans le monde que les meschants sont punis, et les gens de bien vangez par d’autres meschants.
Mais supposons que vous soyez hors d’espoir de vous reduire à la Vertu, et que ce soit une chose perduë que vostre ame, encore n’estes-vous pas si meschants que de vouloir perdre vostre fils avecque vous ?
Mais supposons qu’il ne manquast rien à toutes les entreprises mortelles, de tout ce qu’on y desire pour les accomplir, l’issuë toutesfois n’en est-elle pas ridicule, et vaine, comme en l’accouchement des Montagnes ?
Mais ayant dessein de parler d’elles en Philosophe, et non pas en Poëte, ny en homme enflammé d’Amour et de colere, je ne leur donneray point des loüanges si excessives, ny des blâmes si desobligeants ; et diray seulement, que supposé qu’en tout le genre humain l’Ame soit égale, et que neantmoins elle produise ses effets differamment, selon les corps où elle est infuse, et les organes qu’elle y rencontre, il arrive presque tousjours que l’homme surpasse la femme, et en grandeur de courage, et en force de jugement.
Mais je suppose qu’elle vive comme une Vestale, et que le Mary ne soit point jaloux ; tousjours est il travaillé d’une autre espece de douleur, à sçavoir de celle qui se fonde sur l’opinion : car il faudroit vivre en un siecle plus modeste que celuy-cy, ou dans une Republique de Lacedemone, pour n’estre point sujet à la calomnie. […] Que si d’avanture ils rencontrent, comme j’ay supposé, une femme qui leur soit fidele, ils peuvent bien l’attribuer à la seule Vertu, mais non pas à son amour, puis qu’ils sont incapables d’en donner.
Mais supposons que tels Historiens ne se soient trompez, non pas mesme en un seul poinct de la verité, encore n’est-ce pas une preuve concluante, pour verifier le raisonnement des bestes. […] En quoy il me semble plus judicieux que Virgile, qui ne donne pour conseil à son Enée que sa Mere Venus, Déesse de la Volupté, si ce n’est quand il suppose quelque apparition de Mercure, ou d’Anchise son Pere.
Le désintéressement exceptionnel et le rare dévouement à la science que suppose le travail de M. […] Ils ont, sans l’affirmer, supposé que Phèdre était au nombre des prisonniers, et que c’était ainsi qu’il était devenu esclave. […] Mais on ne peut supposer que, dans les poursuites qu’il dirigeait contre Phèdre, le ministre de Tibère était mû par le désir de s’emparer de ses biens. […] Cannegieter suppose que, sous le nom de Séjan, c’est Narcisse qu’il a voulu stigmatiser. […] Pour tout concilier, il suppose que le troisième livre commencé sous Tibère ne fut achevé que pendant le règne de son successeur.
Mais supposons que tout cela fût necessaire à nostre commodité, pourquoy ne leur voyons-nous jamais mettre en praticque ce bel object de leur Convoitise, à sçavoir l’usage et la dépense du bien ?