Car la sage Nature nous ayant tous produits esgalement, composez de pieces substantielles, qui sont le corps et l’ame, et derechef nous ayant fait participer aux facultez de tous les deux, n’a pas laissé de mettre quelque difference en la facilité de nos actions, et a doüé particulierement les uns d’une chose, et les autres d’une autre ; Comme par exemple, Milon le Crotonien, et Aristote, estoient également hommes, et également individus de leur espece.
Car le propre du Sage, c’est de ne se laisser conduire qu’à la Vertu.
Tu peux bien sous l’espoir d’vne conduite sage Au milieu de la Mer hazarder ton vaisseau ; Mais non pas t’exposer à l’amoureux orage, Car l’esprit d’une fille est plus leger que l’eau.
Mais au défaut d’une profession saincte et Chrestienne, comme celle là, prenons garde, s’il est possible, de n’estre reduits à la mendicité sur nos vieux jours ; imitons plustost l’exemple de la sage Fourmy, qui recueille pendant l’hyver les fruicts de son laborieux esté.
Le Sage Attilius nous en devroit pour jamais destourner par son exemple, veu qu’il courust à une mort certaine, pour s’acquitter de la promesse qu’il avoit faite à ses Ennemis, combien que les Sacrificateurs, et les Magistrats de Rome l’en dispensassent avecque trop de raison.
Pour ce qui est des delices, dont se vante l’impertinente Mouche, qui sont, les beaux et spacieux logements, les viandes exquises et delicates, les vins excellents, et quantité d’autres douceurs, qui accompagnent la vie des personnes relevées en condition ; la sage et prevoyante Fourmy a beaucoup de choses à y respondre, principalement qu’elle n’est point au dessous d’elle en cela, puis qu’elle ne l’envie pas.
Cela nous apprend à souffrir patiemment nos afflictions par l’espoir d’une future prosperité ; et à n’estre si altiers par la jouyssance des biens presents, que de n’apprehender pas les maux à venir : C’est à quoy nous convie le sage Esope, par l’exemple de ce Cheval temeraire et presomptueux, qui dés le lendemain de son triomphe, fût attaché à la charruë, et assujetty aux risées de l’Asne, qu’il avoit si fort mesprisé le jour precedent.
Au contraire les Souverains mediocrement riches, comme les Roys de Sparthe, et les premiers de toutes les Monarchies ont eu d’ordinaire plus de Vertu, et mieux merité l’amour des Peuples, joincte à l’estime des Sages.
Car quant à ce qu’ils nous objectent de la prevoyance des Animaux en la generation de leurs petits, en leur maniere de vivre, en la violente ardeur qu’ils ont pour la propagation de leur espece, et ainsi de plusieurs autres choses merveilleuses, il n’est rien si aisé que de l’attribuër au seul instinct de leur nature : Car comme ceste sage Mere fait germer et croistre les plantes, sans que toutesfois elles en sçachent rien au vray, ny distinctement, ny mesme confusément ; Ainsi ceste puissante et universelle Cause rend les Animaux capables de tout ce qu’ils font, non pas à la verité sans qu’ils cognoissent rien, car ils ont une maniere de cognoissance, comme estant plus parfaicts que les Vegetaux, mais pour le moins sans qu’ils raisonnent, pour n’estre pas si relevés que les hommes.
Je crois, pour moi, qu’à défaut de documents contraires, le plus sage parti est de s’en rapporter à Phèdre lui-même. […] Il aurait pu, et nul autre n’en eût été plus capable, restituer par de sages conjectures les passages anéantis ; il n’en eut pas le courage ; d’ailleurs il avait mis la dernière main à l’œuvre.