Les imitateurs directs de Phèdre ont à leur tour été imités, et de ces imitations sont nées de nouvelles collections de fables, qui, à défaut de valeur philologique, ont une réelle importance historique et qui, se rattachant de près ou de loin aux imitations primitives, devaient aussi trouver leur place dans un travail véritablement complet. Amené ainsi à porter mon attention non seulement sur l’œuvre de Phèdre, mais encore sur toutes les œuvres latines qui en ont été l’imitation, j’ai cru devoir diviser mon ouvrage en trois livres consacrés : Le premier, à l’œuvre de l’auteur primitif ; Le deuxième, à celles qui, l’ayant suivie pas à pas, peuvent fournir, pour l’amélioration du texte conservé, des leçons utiles, et permettre même dans une certaine mesure la reconstitution du texte égaré ; Le troisième, à celles qui, indirectement dérivées de la source originaire, s’en écartent trop pour servir à sa restitution, et n’offrent plus d’intérêt que pour l’histoire de la littérature latine au moyen âge. […] Or ce manuscrit, qui paraît être du xie siècle, a été copié sur les textes primitifs ; ce qui montre que les vers y étaient bien observés, et que, si, au lieu de copier le manuscrit de Reims, le copiste de celui de Pithou les avait eus sous les yeux, il n’aurait pas manqué de consacrer une ligne entière à chacun des ïambes. […] Ainsi il fait observer que le manuscrit de Reims présente quelques leçons préférables à celles du manuscrit de Pithou, telles que dos au lieu de mos, et fauce au lieu de face ; une variante surtout lui semble significative : dans les éditions imprimées, conformes en cela au texte de Perotti, à celui de Romulus et aux conjectures de Gude, le premier vers de l’épilogue du deuxième livre commence par les mots : Æsopi ingenio , qui sont la véritable leçon ; dans le manuscrit de Reims qui l’altérait, on lisait les mots : Æsopi ingentem , qui laissaient voir la trace du texte primitif ; celui de Pithou portait les mots : Æsopo ingentem , qui aggravaient la première altération.