Alors Ennus s’abandonnant à une hayne secrette, se mit à contrefaire une lettre, par laquelle il donnoit à entendre au nom d’Esope, qu’il n’estoit pas si content d’adherer au Roy Lycerus, qu’à ceux là mesmes qui luy envoyoient des problemes. Cette lettre estant cachetée avec la propre bague d’Esope, il la presenta au Roy ; qui transporté de colere, commanda tout aussi tost à Hermippus, que sans autre forme d’enqueste, il s’en allast tuër Esope, comme traistre qu’il estoit. […] Quelque temps apres Nectenabo Roy des Egyptiens, ayant sçeu qu’Esope estoit mort, escrivit incontinent une lettre au mesme Lycerus, par laquelle il luy mandoit qu’il eust à luy envoyer des Ingenieurs, qui fussent si bien versez en leur art, qu’ils peussent bastir une tour, qui ne touchast ny le Ciel, ny la terre, et par mesme moyen qu’il luy fit venir aussi quelqu’un qui sçeut respondre à toutes les choses qu’il luy demanderoit ; concluant que s’il le pouvoit faire, il receveroit le tribut, sinon qu’il le payeroit. Aussi tost que Lycerus eust leu ces lettres, elles l’attristerent extrémement, pource qu’il n’y avoit pas un de ses amis qui fust capable d’entendre la question de la Tour. […] En suite de tout cecy, Lycerus donna la lettre de Nectenabo au subtil Esope, qui ne l’eust pas plûtost leuë, que sçachant par quel moyen il falloit resoudre ceste question, il se mit à rire, et fist rescrire à Nectenabo, qu’incontinent que l’Hyver seroit passé, on luy envoyeroit des Ouvriers, qui luy bastiroient sa Tour, et un homme qui respondroit à toutes ses questions.