(1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — IX. Le Laboureur et ses enfans. » p. 42
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(1692) Fables choisies, mises en vers « Livre cinquiéme. — IX. Le Laboureur et ses enfans. » p. 42

IX.

Le Laboureur et ses enfans.

Travaillez, prenez de la peine.
C’est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfans, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’heritage
Que nous ont laissé nos parens.
Un tresor est caché dedans.
Je ne sçai pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez vostre champ dés qu’on aura fait l’Oust.
Creusez, foüillez, bêchez, ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.
Le pere mort, les fils vous retournent le champ
Deçà, delà, par tout ; si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage.
D’argent, point de caché. Mais le pere fut sage
De leur montrer avant sa mort,
Que le travail est un tresor.